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thierry billet

Sidération...

28 Mai 2014 , Rédigé par Thierry BILLET

Tandis que l'on se prend à remercier Me MAISONNEUVE de ne pas avoir lâché le morceau avant dimanche sur les fausses factures de l'UMP pour financer la campagne de Nicolas SARKOZY ce qui aurait encore renforcé le vote F-HAINE, il est clair que les dirigeants socialistes sont totalement dépassés par les conséquences de leur politique qu'ils n'arrivent même pas à nommer, tellement elle remet en cause leur fonctionnement politique et leurs croyances.

Une philosophe, membre de NOUVELLE DONNE, analyse cela de manière pertinente dans LIBERATION de mardi matin; à lire pour ceux qui ne suivent pas LIBE quotidiennement. Le terme de "sidération" me semble parfaitement adapté au sentiment du "peuple de gauche" qui est allé voter à la primaire socialiste devant la réaffirmation incantatoire d'une ligne politique suicidaire pour la gauche.

A moins, comme le suspecte Mme FLEURY qu'il n'y ait là une ligne politique secrète chez François HOLLANDE, dans le style des années MITTERRAND dont il est l'admirateur et fut un proche collaborateur, pour faire monter le F-HAINE et apparaître comme le rempart démocratique, si l'UMP s'enfonce encore ?

Interview. Cynthia Fleury, philosophe.

Par Recueilli par Jonathan Bouchet-Petersen

«Pour la première fois, le vote FN a une sociologie transversale. Alors que l’électeur FN avait un profil, on voit désormais que des groupes très différents le choisissent comme mode de résistance et pas seulement de protestation. Cette cartographie beaucoup plus ouverte est étonnante et inquiétante. Un inscrit sur dix a voté pour le FN, qui combine cette alchimie particulière d’être à la fois un parti institutionnel et considéré (à tort) comme antisystème.

«Le vote de dimanche est d’abord un vote de sidération par rapport à l’autisme du gouvernement. Il y a un double désaveu : sur l’efficacité de la politique engagée mais, pire, il y a aussi un discrédit de la pensée. Les Français sont de plus en plus nombreux à considérer que le gouvernement ne comprend pas ce qui se passe dans le pays. Cette dénonciation du diagnostic est plus grave que la sanction d’un échec. Le gouvernement a un très gros problème de rapport au réel, alors que les Français le vivent. Ce vote vient rappeler qu’il n’y a pas de politique digne de ce nom si celle-ci n’affronte pas le réel.

«L’action de Hollande a créé une triple déception. Son programme allait dans le sens de ceux qui ont possiblement voté FN : il s’était fait élire sur la renégociation et donc contre la libéralisation de l’Europe, mais aussi sur une lutte acharnée contre la finance. Ces promesses ont été lessivées et beaucoup de Français ont jugé utile de lancer au pouvoir un fort avertissement sans conséquences nationales.

«Les choix du gouvernement sont absolument désastreux dans la mesure où ils ouvrent une voie nationale pavée d’or pour Marine Le Pen. Mais ce qui me fait le plus peur, c’est qu’il y a de quoi se demander si Hollande ne joue pas cette carte comme une vraie possibilité d’être réélu en pariant sur un front républicain - de plus en plus fragile - en sa faveur. Ce serait un désaveu de plus pour la démocratie et pour la République. Quand on entend les discours du gouvernement, on n’a vraiment pas le sentiment que les socialistes au pouvoir vont attraper le taureau par les cornes en bataillant contre l’austérité, contre l’hyperlibéralisation, contre le traité transatlantique, etc. A l’inverse, tout cela a été mis de côté, en contradiction avec la campagne de 2012. Dimanche, les électeurs en mal de souveraineté ont préféré s’adresser à Dieu plutôt qu’à ses saints, jugeant que les plus souverainistes, les protecteurs des "frontières", restent les nationalistes.

«Le gouvernement ne semble pas du tout avoir saisi la possibilité d’un décrochage définitif de "ses" électeurs. C’est d’autant plus inquiétant que ces résultats étaient annoncés. La sidération socialiste est d’abord intellectuelle, comme le montre l’absence de riposte idéologique digne de ce nom. A défaut d’être efficace, l’exécutif n’a même pas le bon diagnostic sur l’inefficacité des politiques d’austérité. La responsabilité des partis traditionnels est énorme. Il y a un immense déni de ce que vit le peuple et cela ouvre un boulevard au discours de Marine Le Pen. Boulevard d’autant plus grand, qu’évaluer correctement son travail "européen" sera improbable. Si le gouvernement n’affronte pas le réel, ni dans son agenda national, ni dans son agenda européen, Le Pen va pouvoir patiner jusqu’en 2017 tranquillement.»

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