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thierry billet

Sédiments du Lac, comprendre d'où viennent les HAP.

20 Janvier 2008 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #Municipales 2008

Les mesures de polluants dans les sédiments du lac d’ANNECY font apparaître un excès de HAP (hydrocarbures polycycliques aromatisés) par rapport aux lacs du BOURGET , d’AIGUEBELETTE et du LEMAN.

Les pêcheurs s'en sont vivement émus, faisant valoir que ces HAP pouvaient être responsables de la baisse des captures de corégones dans le lac.

Ces produits sont dangereux pour la santé humaine lorsqu’ils sont inhalés.

Rien de tel lorsqu’ils sont prisonniers des sédiments dans un milieu liquide.

Pourtant, ces molécules sont suspectées par les pêcheurs d’occasionner une perte de poissons.

Il faut donc expliquer pour quelles raisons le lac d’ANNECY présente cette particularité et déterminer si elle peut avoir pour conséquence la baisse importante de prise de corégones dans le lac.

Ces substances sont le fluoranthène et l’un de ses dérivés, le benzo(k)fluoranthène.

D’abord d’où viennent les HAP :

Les principales sources naturelles de HAP dans l'environnement sont les feux de forêts et les éruptions volcaniques. Il n’y a pas eu d’éruption volcanique récente à ANNECY : cette piste peut être exclue.

En revanche, les émissions des cheminées et des fours à bois domestiques, des incinérateurs d'ordures ménagères, des unités de production de goudron et d'asphalte, des unités de craquage du pétrole, constituent les principales sources anthropiques. Ces sources stationnaires représentent environ 80 % des émissions. Les sources mobiles sont constituées par les échappements des véhicules essence et Diesel.

Le fluoranthène fait partie des HAP prédominants dans les émissions des incinérateurs d'ordures ménagères, nous apprend l’INERIS.

www.ineris.fr/index.php?module=doc&action=getFile&id=158

On peut donc émettre l’hypothèse que l’incinérateur de CHAVANOD, lorsqu’il n’était pas aux normes, a pu produire suffisamment de HAP et de fluoranthène en particulier pour que le lac en ait été pollué par les eaux de ruissellement et la dépose des effluents gazeux sur le lac.

L’INERIS confirme la possibilité de présence du fluoranthène dans les sédiments.

L’organisme public propose de chiffrer un seuil en deçà duquel la  Concentration est sans effet prévisible pour l'environnement (PNEC).

« Seuls des essais de toxicité aiguë sont disponibles. L’application d’un facteur de sécurité de 1 000 permet donc de calculer une PNEC :
PNEC= 2 300/1 000 = 2,3 µg/kg p.s.

Parallèlement, la PNEC pour les sédiments peut être estimée avec la méthode du coefficient de partage à partir de la PNEC aquatique. Seuls les effets à long terme sont alors pris en compte. Ainsi : PNECsed = 323 µg/kg p.s. Cette dernière valeur est supérieure à celle qui est calculée à partir d’essais de toxicité sur sédiments car elle ne prend pas en compte les phénomènes de toxicité dus à l’ingestion de sédiment. Par conséquent, elle peut sous estimer les concentrations réelles susceptibles d’entraîner des effets pour les organismes benthiques.
La valeur issue des résultats d’essais est de préférence retenue : PNECsed = 2,3 µg/kg p.s. »
 
L’étude ONEMA est accompagnée d’un tableau comparatif qui fait apparaître une valeur de 250 pour le fluoranthène pour le lac d’ANNECY; mais elle ne précise même pas l'unité de compte de ce chiffre... 


Aprés la réunion du SILA de ce lundi 21 janvier 2008, il est possible de confirmer qu'il s'agit bien de la même unité : microgramme par kilo de matière sèche.

Les sédiments du Lac seraient donc 100 fois plus pollués que le seuil proposé par l'INERIS;


Concernant le benzo[k]fluoranthène, l’INERIS  a également publié une note documentaire fort complète.

www.ineris.fr/index.php?module=doc&action=getFile&id=1980

S’agissant des sédiments, et concernant la concentration sans effet prévisible pour l'environnement (PNEC), la proposition de l’INERIS rappelle que :

« Les compartiments cibles du benzo[k]fluoranthène sont les sédiments et les sols (voir partie 2.2). Une attention particulière devra donc être apportée à ces deux compartiments lors  d’une évaluation des risques. »
 
L'INERIS propose une concentration limite de  692 µg/kg de poids frais = 1 800 µg/kg de poids sec »

Le tableau annexé au rapport de l’ONEMA donne un chiffre de 105 pour le benzo(k)fluoranthène.

Nous serions cette fois 15 fois en deçà de la limite fixée par l'INERIS.

Les risques de la contamination chimique des milieux aqueux sont connus et documentés. Par exemple, l’IFREMER a conduit de longue date des études sur le sujet et par exemple l’Analyse du risque environnemental lié à la contamination chimique en estuaire de Seine. Une analyse du risque environnemental lié à la contamination chimique de l’estuaire de la Seine a été engagée pour l’atrazine, la simazine, le diuron, le benzo(a)pyrène, le benzo(b)fluoranthène, le benzo(k)fluoranthène, le benzo(g,h,i)pérylène, l’indéno(1,2,3-cd)pyrène et le fluoranthène, toutes molécules listées comme substances prioritaires à l’Annexe 10 de la directive-cadre sur l’eau.

Plus intéressante pour le Lac d’ANNECY, le travail du CEMAGREF de LYON à l’adresse :

http://www.lyon.cemagref.fr/bea/tox/travaux/pnetox_hap.shtml


Il faut donc poursuivre rapidement les recherches pour déterminer l’origine des HAP dans les sédiments du Lac et déterminer les éventuelles conséquences sur la vie du Lac.

Lors de la réunion du SILA, Pierre HERISSON émettait l'hypothèse des émissions de gaz carbonique des chauffages de l'agglomération. Personnellement, je maintiens que la piste des émissions de l'usine de CHAVANOD sur longue période, avant sa mise en conformité, est pertinente.

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