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thierry billet

Etalement urbain (1)

18 Janvier 2009 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #Politique locale


La réunion de bilan du séminaire sur l'étalement urbain de ce samedi matin a été un événement important pour la validation d'un consensus autour de la nécessité de maîtriser la périurbanisation et de limiter la place de la voiture.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, une anecdote.

Une universitaire toulousaine, Mme JAILLET avait été invitée en qualité de "témoin", scientifique du CNRS, pour donner un éclairage sur les propos des rapporteurs des ateliers qui ont travaillé depuis six mois sur le sujet.

Je me suis assez violemment opposé à son discours selon lequel on ne pouvait pas imposer aux périurbains un tel changement dans leurs habitudes qui leur ferait renoncer à la voiture individuelle, qu'il faut les convaincre, etc.

Et, à l'appui de son propos, Mme JAILLET cite l'exemple de ces couples qui travaillent en ville et sont heureux de partir ensemble pour aller de leur domicile au boulot, trajet en voiture qui leur permet d'être "enfin ensemble".

Outre le caractère particulièrement peu représentatif de cet exemple - combien de couples périurbains travaillent à la même heure dans un même lieu tous les jours de la semaine ? - je me suis étonné que l'on puisse valoriser un tel mode de vie où la relation de couple est particulièrement vivace...dans la voiture quotidienne au lieu de constater la pauvreté de celle-ci.

Tandis qu'on n'a pas demandé aux citoyens si ils voulaient du chauffage électrique pour leur pavillon, ni si ils étaient ravis de devoir aller habiter de plus en plus loin de la Ville parce qu'elle était devenue trop chère pour eux, il faudrait le faire pour leur "imposer" un mode de vie plus durable.

Internet permet de faire des recherches, et je trouve dans une revue de 2004, le compte-rendu d'une conférence de Mme JAILLET, dont j'extrais le passage suivant :

Se déplacer, être dans sa voiture n’est pas du temps perdu, soustrait à l’individu. C’est de plus en plus un temps qui a du sens, une épaisseur sociale. La voiture devient un lieu de décompression entre l’univers du travail et l’univers domestique. Un certain nombre d’adultes, par exemple mari et femme lorsqu’ils utilisent le même véhicule pour se rendre au travail, avouent que ce sont presque là leurs seuls moments d’intimité. Ils en profitent pour discuter avant de retrouver à la maison les enfants qui mobilisent alors toute leur attention et leur énergie. Ils tiennent donc à ce moment passé ensemble. Mais c’est également l’expérience que font nombre de parents avec un enfant, constatant que c’est souvent lorsqu’ils sont ensemble en voiture, et seuls, que se font les confidences. Le temps du déplacement quotidien peut également être le temps de hobbies personnels: écouter de la musique, une émission de radio devenue «fétiche», au point que certains, s’ils ont mis moins de temps que d’habi- tude, attendent dans la voiture ou font le tour du «pâté de maisons» pour en entendre la fin. D’autres apprennent une langue vivante…

 in HORIZONS AQUITAINS, automne 2004

Mme JAILLET depuis 5 ans prend le même exemple, au mot prés, sans donner la moindre indication sur la proportion de personnes concernées et sur la permanence de ce phénomène, qui, mis en relation des dégâts environnementaux et sociaux de la voiture automobile, apparaît bien futile.

Elle récite donc une thèse écrite il y a  au moins cinq ans, à un moment où le réchauffement climatique n'était pas "LA" priorité du siècle.

Et où la crise pétrolière était encore considérée comme une pure interrogation conceptuelle.

Triste redite pour des chercheurs qui devraient nous éclairer l'avenir, et non nous resservir à ANNECY ce qu'ils ont dit à PAU le 30 avril 2004; alors que le monde a changé et que les enjeux de la périurbanisation, par exemple sur la pollution atmosphérique et la santé publique sont chaque jour plus documentés.

Je reviendrai sur les conclusions importantes du séminaire dans un prochain article.






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B
En effet, l'intervention de Mme JAILLET m'a laissé pantois. Pour une universitaire le niveau n'y était pas! Outre la partie de son énoncé concernant "l'autre utilité de la voiture!" il faut revenir sur ce qu'elle a avancé à propos de la nécessité de laisser la liberté aux gens et de seulement agir pour les convaincre de changer de comportement et que cela aménerait à la résolution des problèmatiques qui ont été abordés lors de cette réunion-bilan. Elle a ajouté que la contrainte règlementaire n'était pas la bonne solution. Bon, admettons que l'on arrive à convaincre bon nombre de gens qu'il faille modifier notre façon de vivre. Que peut il se passer si tous ces individus bien pensants "atomisés" au sens où Sartre l'entendait, c'est à dire seuls dans leur coin sans lien entre eux. Ce cera l'inaction, l'impuissance et la non coordination des quelques actions qui peuvent se faire. Et c'est là que l'organisation dans les champs politique et associatif devient nécessaire. Compter pratiquement sur la seule pédagogie pour sauver la planète et les générations futures c'est enlever à ces individus convaincus tous moyens d'action. Mme JAILLET a également affirmé qu'il fallait que les individus y trouvent un intérêt à changer. Comme elle l'énonçait, cela voulait dire un intérêt égoïsteet immédiat. Pourquoi pas, mais le problème c'est est que, à court terme, y'a très peu d'intérêt mais beaucoup d'efforts à faire puisque le bénéfice sera différé aux générations futures : trier ses ordures, laisser sa bagnole pour marcher, ne plus voyager en avion, acheter des produits non conditionnés, se limiter dans ses déplacements, faire son compost, vivre simplement, consommer moins, désherber à la main, acheter ses aliments plus chers, se chauffer moins... et bien, cela a un petit bénéfice immédiat et notamment intellectuel et au niveau du soulagement de notre conscience mais quels efforts ça exige !En conclusion, ne compter que sur la pédagogie(convaincre à changer de comportement) et sur la liberté individuelle(intérêt, pas de contrainte règlementaire), bannir les voies politique et associative,  vraiment Mme JAILLET vous vous trompez d'échelle (on n'est pas au niveau du quartier mais de toute la Planète) et de vitesse (on n'a pas cent ans pour agir, ce sont quelques années).Celà dit les travaux des trois ateliers du Conseil Local de Développement (C.L.D.) ont bien été restitués mais quand à les mettre en oeuvre... soyons optimistes.
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