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thierry billet
Articles récents

Forçage génétique, nouvelle frontière des OGM

18 Décembre 2019 , Rédigé par Thierry BILLET

 

Pendant 48 heures, votre don est doublé !

Il y a quelques mois, un groupe d’experts mandaté par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a rédigé un rapport, intitulé "Genetic Frontiers for Conservation", qui s’intéresse à la biologie de synthèse et fait clairement la promotion du forçage génétique, une technologie de modification génétique très puissante capable, en théorie, d’exterminer n’importe quelle espèce vivante sur Terre. Poussant le paradoxe à son comble, ce rapport établit qu’il est fort probable que les techniques de modification génétique offriront des outils pertinents pour une conservation efficace et durable de la biodiversité.

Ce rapport inquiète la société civile. Qui sont les acteurs clés dans cette nouvelle course à la manipulation du vivant ? Quelles entreprises, quelles institutions publiques, quels acteurs politiques ? Quels sont les projets démarrés ou tenus encore secrets ? Pour faire toute la lumière sur ces questions, Inf'OGM a lancé un crowdfunding et nous avons besoin de votre aide pour atteindre notre objectif de 20 000 €. Cette somme permettrait de lancer une grande enquête sur ce sujet sensible, publier nos conclusions dans un dossier et alerter les acteurs clés. Nous avons déjà atteint 55% de cette somme, grâce à nos lecteurs et au soutien de l'Eurodéputé écologiste Benoît Biteau.

L'UICN est une union tentaculaire qui regroupe 1300 organisations diverses (ONG, agences gouvernementales, fondations d’entreprises). Il est important que le rapport mentionné ne serve pas de base à une future position officielle de l’UICN sur le forçage génétique. Une telle position pourrait être utilisée politiquement lors des futures négociations dans le cadre de la convention sur la biodiversité.

Ce que nous savons d'ores et déjà, grâce au travail de ETC Group, c'est que sur la quarantaine de personnes associées à la rédaction de ce rapport, plus de la moitié ont des positions favorables aux biotechnologies ou sont en situation de conflit d'intérêts potentiel. Ne restons pas passifs. Jusqu'à vendredi, si vous faites un don de 50 € il sera doublé et nous permettra de financer deux heures de travail pour l’un de nos journalistes d’investigation et d'alerter les acteurs clés de ce dossier. Et grâce à la réduction fiscale, ce don de 50 € ne vous en coûterait en réalité que 17 €.

JE FAIS UN DON QUI COMPTE DOUBLE

Mille mercis,

Christophe, Rachel et toute l'équipe d'Inf'OGM


PS: Pour en savoir, n'hésitez pas à lire cet article d'Inf'OGM intitulé "L’UICN à la botte des industries des biotechnologies ?" Merci encore de votre soutien !

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MOZART Messe du couronnement

18 Décembre 2019 , Rédigé par Thierry BILLET

"La messe du couronnement" de MOZART par le Grand ensemble vocal d'ANNECY et le choeur GRATIANA de GRENOBLE, 90 choristes, 30 musiciens le dimanche 12 janvier 2020 à 17 heures 30 église Sainte Bernadette... A ne manquer sous aucun prétexte...

Vous pouvez obtenir des billets en pré vente au prix de 20 euros au lieu de 25 euros par courriel à :

nicole-billet-lafond@orange.fr

MOZART Messe du couronnement

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EnR : les projets citoyens bénéficient aux territoires

17 Décembre 2019 , Rédigé par Thierry BILLET

"L'Echo du solaire" publie les résultats d'une étude de l'ADEME communiquée aux assises nationales des énergies renouvelables relative aux projets citoyens d'énergies renouvelables. Au moment où LA SOLAIRE DU LAC a lancé son appel à l'épargne locale, il est bon d'en prendre connaissance. Au fait avez vous souscrit pour les trois projets solaires annéciens ?
EnR : les projets citoyens bénéficient aux territoires

Lors des premières Assises nationales des énergies renouvelables citoyennes organisées à Montpellier la semaine dernière, l’Ademe a souligné l’importance des projets d’énergies renouvelables (EnR) participatifs pour l’accélération de la transition énergétique. Suite à une étude spécifique, Energie Partagée a dévoilé que les centrales photovoltaïques, par exemple, feraient bénéficier leurs territoires respectifs de plus de 34 M€ de retombées économiques locales. L’organisme a, pour cela, extrapolé les résultats obtenus sur les projets analysés, à savoir trois centrales PV au sol et 23 en toiture actuellement en production*.

En incluant l’éolien, Energie Partagée aboutit à près de 100 millions d’euros de retombées économiques locales générées par les 98 projets citoyens, existant dans ces deux secteurs, en exploitation à l’été 2019, sur l’ensemble de leur durée de vie (environ 31% correspond à des revenus issus de l’investissement local).

Si l’étude n’a pas vocation à comparer les projets citoyens et les projets privés, Energie Partagée s’est appuyé sur l’hypothèse qu’il n’y a pas d’investissement local dans les projets privés classiques (non étudiés), et que la part des prestations locales est réduite, voire potentiellement nulle. Or, les deux tiers des retombées locales sont le revenu de l’investissement local. Ainsi, en investissant directement dans les sociétés locales de projets, en moyenne, les retombées locales pourraient être multipliées par au moins 2 voire 3 comparé aux projets privés, selon le taux de recours a des prestataires locaux.

L’Ademe distingue, elle, deux grands types de projets – les projets à gouvernance locale (souvent appelés « projets citoyens ») et les projets à financement participatif via le crowdfunding – et insiste sur la complémentarité des deux. L’Agence met toutefois l’accent sur les projets EnR à gouvernance locale, portés par et pour les territoires. Les citoyens et/ou les collectivités s’impliquent en effet dans la gouvernance en étant actionnaires et donc décisionnaires, avec une rémunération possible sous la forme de dividendes et/ou de réinvestissement dans des projets locaux de maîtrise des consommations d’énergie (sensibilisation, rénovation, mobilité…). Les collectivités de toutes tailles et leurs groupements (syndicats d’énergie, entreprises publiques locales…) ont un rôle clef dans l’essor des projets d’EnR à gouvernance locale, estime l’Ademe, grâce à leurs prérogatives en matière d’énergie et de planification, leur connaissance du territoire et leur rôle de facilitateur et mobilisateur auprès des habitants. Ce type de projet permet également d’augmenter, pour les développeurs, les chances de succès des projets et leur adhésion par les riverains en rendant plus transparente et concertée leur démarche de développement, en nouant des partenariats avec les acteurs locaux très en amont.

Le financement participatif via le crowdfunding intervient, lui, une fois le développement du projet terminé (étude de faisabilité réalisée et permis obtenu). Les citoyens prêtent leur argent, souvent via des plateformes dédiées, et bénéficient d’une rémunération sous la forme d’intérêts. Ces projets constituent un moyen simple pour les particuliers de flécher leur épargne vers des projets vertueux du point de vue de l’environnement grâce à des produits financiers présentant des taux attractifs par rapport au marché et avec des risques maîtrisés, mais sans implication dans la gouvernance.

L’Ademe encourage donc les collectivités et les particuliers à participer aux projets d’énergies renouvelables (EnR). Pour les collectivités, c’est un moyen de favoriser l’appropriation locale des projets et leur intégration, et d’optimiser leurs retombées socio-économiques sur les territoires, en particulier lorsqu’il y a gouvernance locale.

Pour plus d’informations sur l’avis de l’Ademe, cliquer ici

*Pour plus d’informations sur l’étude d’Energie Partagée, cliquer ici

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EDF, « un fiasco industriel, économique et financier »

16 Décembre 2019 , Rédigé par Thierry BILLET

Cette tribune de deux économistes sonne tellement vrai alors que l'EPR de FLAMANVILLE s'enfonce dans la crise : "La coûteuse tentative de sauvetage d’EDF va retarder l’indispensable changement de politique énergétique de la France", analysent dans une tribune au « Monde » les deux économistes Nick Butler et Shahin Vallée.

Publié le 13 décembre 2019

Il y a un an, la réaction à l’annonce d’une augmentation relativement modeste des taxes sur le carburant a été l’un des déclencheurs du mouvement des « gilets jaunes ». Aujourd’hui, un autre projet de loi sur l’énergie se profile. Cette fois, la facture pèsera sur les contribuables plutôt que sur les automobilistes, mais le fardeau sera encore plus lourd. Mais puisque les coûts supportés par les contribuables seront diffus et qu’ils peuvent être facilement dissimulés, il est probable que nous échappions à un réel débat public.

Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est le prix de la responsabilité de décennies d’une politique énergétique inepte qui a mis Elecricité de France (EDF) en état de quasi-faillite, contraignant l’Etat à en organiser le sauvetage. La cause profonde de cette banqueroute est double : d’une part, l’évolution du marché de l’énergie, avec l’effondrement du coût marginal des énergies renouvelables, le prix relativement bas du carbone et l’interconnexion croissante du marché européen de l’énergie ; et d’autre part, la performance lamentable d’EDF dans la mise en œuvre de son nouveau programme extrêmement coûteux de centrales nucléaires (EPR).

Selon ses défenseurs, l’EPR offrait, en raison des effets d’échelle, la perspective de produire de grands volumes d’énergie électrique à un faible coût unitaire. Le seul problème est que l’industrie nucléaire française n’a pas été en mesure de construire et de faire fonctionner un seul EPR (mis à part un en Chine, à Taishan, mais qui n’est pas construit exactement avec les mêmes spécifications). En Finlande, l’EPR d’Olkiluoto a onze ans de retard.

Le coût prévisionnel de Flamanville est passé de 3,3 milliards à 12,4 milliards d’euros

Au Royaume-Uni, l’usine d’Hinkley Point, qui était censée entrer en production à Noël 2017, vient tout juste d’entrer dans la phase de construction du réacteur. Les coûts ont déjà atteint 26 milliards d’euros – la plus récente augmentation étant due à la découverte tardive de l’humidité trop importante du sous-sol du site. Par ailleurs, les syndicats locaux, qui avaient jusqu’alors soutenu le projet, ont maintenant identifié de graves risques pour la santé, dont certains ont conduit à des tentatives de suicide, ce qui risque de retarder encore le projet.

Mais le pire exemple est peut-être en France, à Flamanville, où le projet-phare d’EDF sur la péninsule du Contentin accuse huit ans de retard et dont le coût prévisionnel est passé de 3,3 milliards à 12,4 milliards d’euros. EDF reste aujourd’hui incapable d’annoncer la moindre date pour la mise en service de l’usine.

Compte tenu de ces errements, le secteur nucléaire français ne peut être sauvé que par une combinaison de plusieurs interventions gouvernementales :

- une augmentation substantielle du prix du carbone, qui soulagerait EDF, mais nécessite un accord politique paneuropéen aujourd’hui bien lointain sur la tarification du carbone ;

- une augmentation du coût réglementé de l’énergie (le tarif d’accès régulé à l’énergie nucléaire historique, ou Arenh), qui nécessite un accord de l’autorité de la concurrence à Bruxelles ;

- une succession d’injections de capital pour éponger les pertes de l’industrie de l’énergie nucléaire.

Echec de l’ensemble de la politique énergétique de la France

Le plan « Hercules » qu’EDF vient de rendre public repose sur un savant mélange de ces leviers afin d’étalonner, échelonner, mais aussi camoufler, les combinaisons de ces différentes politiques dans l’espoir de sauver EDF. Car un fiasco industriel, économique et financier d’une telle ampleur ne cause pas seulement des pertes considérables pour EDF, qui sera responsable d’indemnisations colossales au Royaume-Uni, en Finlande et en France.

Il ruine également l’ensemble de la politique énergétique de la France, retardant la transition et les investissements dans les énergies renouvelables et forçant à adopter un mix énergétique à la fois trop dépendant du nucléaire et financièrement désastreux.

Ces problèmes conduisent aujourd’hui le gouvernement à préparer la scission d’EDF en deux : une division nucléaire détenue à 100 % par l’Etat (EDF Blue), et une société énergétique plus large qui travaillera sur la base d’investissements privés (EDF Green) : en d’autres termes, la nationalisation des pertes de l’EPR et la privatisation des activités rentables. Cette fuite en avant consacrée par le développement de six nouveaux réacteurs EPR, alors que le gouvernement est encore incapable de déterminer le coût exact de la construction d’un seul, ne coûtera pas seulement cher à la France, elle retardera aussi de plusieurs décennies l’émergence d’une nouvelle politique énergétique et électrique.

Les autorités françaises semblent plus enclines à dissimuler les erreurs du passé et à renflouer la stratégie actuelle qu’à préparer une véritable transition.

Au lieu de cela, la faillite de l’EPR devrait être l’occasion de s’engager dans un profond changement de la stratégie nucléaire et énergétique de la France en s’appuyant sur trois développements-clés :

- remplacer le parc de réacteurs nucléaires mourants par le développement de petits réacteurs modulaires (SMR), qui peuvent être construits rapidement et démantelés facilement. Ces technologies sont celles des réacteurs embarqués dans les sous-marins lanceurs d’engins ou le porte-avions Charles-de-Gaulle. Ce sont celles que la Chine et la Russie développent et commercialisent, et dans lesquelles nous commençons à accuser un retard stratégique ;

- des investissements massifs dans un réseau électrique intelligent (smart grid) et décentralisé qui permettrait une meilleure interconnexion avec le reste de l’Europe et une production plus décentralisée. C’est en partie la structure centralisée de notre réseau, lui-même résultat du choix du tout-nucléaire, qui retarde nos investissements dans les énergies renouvelables ;

- un investissement massif dans les énergies renouvelables afin d’augmenter leur part dans la production totale d’électricité ;

- le développement d’une grande flotte de véhicules électriques qui réduirait la part de la consommation de combustibles fossiles dans les transports et augmenterait la capacité de stockage, réduisant ainsi notre dépendance à l’énergie nucléaire.

Malheureusement, les autorités françaises semblent plus enclines à dissimuler les erreurs du passé et à renflouer la stratégie actuelle qu’à préparer une véritable transition. Cette réponse politique n’est pas sans rappeler celle déployée en Allemagne pour sauver le secteur automobile. Elle n’est pas seulement économiquement absurde, elle est aussi politiquement dangereuse car elle alimente à juste titre la défiance des citoyens envers les élites.

Nick Butler (Professeur d’économie invité au King’s College /Londres) et Shahin Vallée (Chercheur au Conseil allemand pour les affaires étrangères /DGAP)

 

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Comprendre la polémique sur la consigne

15 Décembre 2019 , Rédigé par Thierry BILLET

Alors que le projet de loi « Antigaspillage pour une économie circulaire » est en cours de discussion au Parlement, les débats sont vifs autour du « projet de consigne » qui devrait concerner les bouteilles en plastique transparent (PET), évoqué à l’article 8 du texte. Pourquoi une telle polémique ?

Pour y répondre, il faut d’abord rappeler ce qu’est la consigne. Il s’agit d’une somme qu’un vendeur ajoute à un bien de consommation (souvent équivalente de 5 à 10 % du prix du bien) qui sera restitué au consommateur si ce dernier rapporte le bien usagé.

Consigne et « responsabilité élargie des producteurs »

Pour éclairer la discussion, il est utile de replacer la consigne dans le contexte politique, économique et institutionnel de la gestion des déchets en France.

Aujourd’hui, la collecte et le traitement (comprendre le réemploi, le recyclage, l’incinération ou la mise en décharge) des déchets d’emballage sont assurés par les collectivités locales. Elles sont financées par un éco-organisme, Citéo, qui est chargé de collecter auprès des producteurs leurs « éco-contributions », sorte de taxe obligatoire sur chaque produit d’emballage mis sur le marché. Ce mécanisme de financement est appelé « responsabilité élargie des producteurs » (REP).

La filière des emballages est couverte par la REP depuis 1992, tandis que d’autres filières de déchets ont vu le jour entre les années 2000 et aujourd’hui : déchets d’équipements électriques et électroniques, véhicules en fin de vie, piles et batteries, textiles, meubles… Promue par l’Union européenne, mais aussi par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), la REP est devenue l’instrument économique et politique « cadre » dans la gestion des déchets. En France, on compte 15 filières gérées par une vingtaine d’éco-organismes.

La filière des emballages demeure une exception en ce qu’elle est une filière dite « financière » où les collectivités demeurent chargées de la gestion des déchets, par opposition aux filières « opérationnelles » où les éco-organismes peuvent organiser eux-mêmes la collecte et le traitement.

La REP permet de financer une politique publique via des contributions privées. Les pouvoirs publics contrôlent les éco-organismes par le biais de négociation d’un cahier des charges qui spécifie des objectifs quantifiés de collecte, ou de recyclage (75 % dans le cas des emballages), et fixe les modalités de contributions financières. La REP peut être considérée comme un « paradigme politique industriel », c’est-à-dire une politique publique stabilisée qui organise les activités économiques selon des principes d’efficacité partagés.

Le projet de loi actuellement en discussion accorde une part très importante à cet outil : il renforce en effet de nombreuses obligations au sein des REP existantes, prévoit également la création de nouvelles filières – jouets, outils de bricolage, outils de jardinage, produits de tabac, BTP. On dénombre plus de 244 occurrences du terme « responsabilité élargie des producteurs » dans le texte entier du projet de loi.

Or, le système de consigne semble entrer en contradiction avec la REP financière en vigueur dans le secteur des emballages en France. Car la consigne pourrait se traduire par une remise en question de l’action des collectivités qui se sont, depuis une trentaine d’années, engagées financièrement et contractuellement avec des opérateurs de tri, de recyclage ou d’incinération des déchets d’emballage. Les recycleurs seraient, par ricochet, également affectés, en perdant l’accès privilégié aux gisements de ces déchets.

La remise en cause d’un compromis

Les collectivités et les recycleurs sont prisonniers du phénomène de « dépendance au chemin emprunté » : les investissements passés orientent les décisions futures. Ils ont construit leur stratégie dans un cadre défini – le tri et le recyclage des matières – institutionnalisé grâce à la REP. Ils sont donc tentés de défendre une organisation de la filière en cohérence avec leur activité, comme cela a été démontré pour l’incinération en Suède.

En ayant introduit l’idée que la consigne pourrait devenir le système dominant de collecte des déchets d’emballage, et faisant passer celle-ci sous le contrôle des acteurs privés, le gouvernement a créé une vive inquiétude au sein des collectivités locales et des recycleurs. Ces « parties prenantes » pourraient ici devenir les « parties perdantes ».

Le projet gouvernemental de généralisation de la consigne est motivé par une critique sévère des résultats du système actuel de collecte, de tri et de recyclage des emballages. Au regard des ambitions environnementales affichées – taux de collecte de 90 % en 2030 et objectif de « 100 % de plastiques recyclés » – il faut changer le système.

Si on pouvait s’attendre à ce que les collectivités et les recycleurs s’opposent au projet de consigne pour recyclage, la surprise vient aussi d’autres parties prenantes, comme certaines ONG de protection de l’environnement, poursuivant des objectifs différents mais s’alliant dans la critique de la consigne pour recyclage.

La consigne critiquée

Selon ses détracteurs, la consigne présente divers désavantages.

Socialement, elle viserait à responsabiliser des consommateurs qui, déjà aux prises avec de nombreuses injonctions relatives à la « vertu » de leur consommation, se verraient rajouter la question de la gestion des déchets. La consigne risquerait même de créer de la confusion pour le citoyen dans son geste de tri.

Économiquement, si la consigne supprime potentiellement les coûts, pour les collectivités locales, de collecte de certains déchets (pour les emballages, ils atteignent 1,2 milliard d’euros), elle fait également perdre des recettes, liées surtout à la suppression du soutien de Citéo pour ces types d’emballages, mais aussi à la perte de revente de matière.

Enfin, sur le plan environnemental, il n’est pas certain que les émissions de gaz à effet de serre dues au transport des déchets jusqu’aux points de collecte rendent le bilan carbone de la consigne intéressant. De plus, mieux collecter, et donc mieux recycler les matériaux, peut faire craindre un « effet rebond » : les consommateurs pourraient avoir moins de scrupule à utiliser des bouteilles en plastique dès lors qu’elles sont consignées, plutôt que d’adopter des pratiques plus sobres comme l’usage systématique de la gourde.La consigne pour recyclage n’est pas nécessaire pour recycler 90 % des bouteilles plastiques. (Reporterre, 2019).

Les détracteurs de la consigne ont donc proposé une solution alternative. Les collectivités, via le Cercle national du recyclage, proposent ainsi de mettre en place un système de collecte étendu aux emballages ménagers consommés hors foyer, dans les lieux publics (gares, parcs, centres commerciaux…), ce qui permettrait d’augmenter la performance de la filière.

Il faut enfin mentionner dans ce débat le travail de « cadrage » fourni par Jacques Vernier, une figure importante du milieu de la REP. Président de la commission des filières REP, il est l’auteur d’un rapport de référence qui a fortement inspiré le projet de loi. On lui doit également un pré-rapport sur la consigne publié en septembre 2019, clarifiant les positions, principalement économiques, des parties prenantes ; notamment celles du « collectif boisson », constitué autour de Citéo et qui a transmis un rapport confidentiel au ministère en janvier 2019.

Dans son rapport final, publié le 4 décembre 2019, Jacques Vernier se prononce en faveur de la consigne en l’assortissant d’une série de mesures destinées à résoudre les externalités mises en avant par ses détracteurs. Plus important peut-être, il qualifie la consigne de « responsabilité ciblée des producteurs ».

Il est ici intéressant de remarquer que Citéo se positionne sur les deux scénarios, à savoir l’adoption de la consigne pour emballage, ou l’« accélération des leviers » pour la collecte des emballages « bac jaune ».

Ouvrir la controverse

L’activité médiatique et institutionnelle des acteurs de la collecte et du recyclage aura contribué ces derniers mois à braquer l’attention sur le devenir de la consigne.

Quand le Sénat a amendé l’article 8bis en faisant porter la consigne exclusivement sur le réemploi, le projet est devenu incertain ; puis la Commission du développement durable de l’Assemblée nationale l’a supprimé et il a semblé abandonné.

Mais cette apparente « victoire » des collectivités et des recycleurs est tout aussi réversible : le 25 octobre 2019, la secrétaire d’État Brune Poirson lançait ainsi l’idée d’une consigne « mixte ».

Alliant recyclage des bouteilles en plastique et réemploi des bouteilles en verre, cette proposition hybride, inspirée des travaux de Jacques Vernier, semble avoir les faveurs des institutions politiques concernées ; le 26 novembre 2019 est annoncée la poursuite de la concertation menée par le ministère de la Transition écologique. Et, le 28 novembre 2019, Brune Poirson a demandé à remettre le débat à la séance en hémicycle, suspendant ainsi l’espace parlementaire de controverse.

Les luttes politiques autour de la consigne témoignent des avantages et des risques d’une politique des déchets négociée avec les collectivités et les acteurs de la filière dans le cadre institutionnel de la REP. La consigne, parce qu’elle constitue une alternative crédible à la filière en place, peut être un levier mobilisable par le gouvernement pour encourager cette filière à progresser sur le plan économique et environnemental. Néanmoins, cette nouvelle stratégie du gouvernement affaiblit la crédibilité de ce cadre institutionnel, qui perdrait en continuité et en cohérence, ce dont les collectivités et les acteurs économiques ont besoin pour sécuriser leurs investissements.

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Questionnaire Municipales

14 Décembre 2019 , Rédigé par Thierry BILLET

Dans le cadre de la campagne pour les municipales 2020, l'équipe de Jean-Luc RIGAUT a mis en ligne sur une plateforme le questionnaire dont vous trouverez ci-dessous le lien.
 
L’analyse des réponses apportées par les Annéciens contribuera à l’élaboration du programme politique de la liste de mars prochain. 

Je vous invite à y répondre.
 
https://docs.google.com/forms/d/1uc8tHjVHlm63GDoGvwClQCKt2MkVrKph7vHfEMmlRYo/viewform?edit_requested=true

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Savoie Mont Blanc Tourisme

13 Décembre 2019 , Rédigé par Thierry BILLET

Je trouve sur le site de MOUTAIN WILDERNESS cet entretien entre Mme BLANC directrice de SAVOIE MONT BLANC TOURISME et ECO MEDIA. Tout à fait éclairant sur les enjeux de l'or blanc à l'heure du nouveau régime climatique.

Elle a pris en juin la succession de Côme Vermersch à la direction de Savoie Mont Blanc tourisme, mais elle connait la maison depuis treize ans… et le terrain depuis toujours. L’enfant de Bourg-Saint-Maurice Les Arcs s’exprime sur les mutations en cours de l’activité touristique en montagne. Avec passion et lucidité. Voici son interview.

Nous sommes à quelques semaines du début de saison. Comment se présente-t-elle ?

Il est toujours délicat de faire des pronostics, mais selon le bureau d’études G2A, qui réunissait il y a peu les socio-professionnels, la tendance serait à la stabilité par rapport à l’an dernier. Ce sera très bien si ça se confirme car la saison dernière constitue un record de fréquentation depuis 25 ans avec 41,1 millions de nuitées ! La plus forte progression intervenant en période de vacances scolaires, et plus précisément au printemps avec +14 %.

« Jusqu’à présent, on parlait d’environnement, de développement durable… Ces derniers mois le discours a effectivement changé, il s’agit maintenant clairement “d’urgence climatique ».

Pour autant, la France n’est plus sur la première place du podium mondial…

Elle est même sur la troisième marche, derrière les USA et l’Autriche avec 53,4 millions de journées skieurs (dont 33,3 millions pour Savoie Mont Blanc). Le marché américain (59 millions) est un peu à part, mais il faut s’interroger sur la concurrence autrichienne (54,1 millions). Leur approche est très tournée vers le client, le service, tandis que nous continuons à travailler sur l’offre, au risque parfois de ne pas assez prendre en considération l’accueil de nos clientèles. Et puis, les Autrichiens mènent des actions fortes sur la durabilité de l’activité car il en va de la survie d’un secteur économique majeur pour le pays, même si celles-ci sont parfois mal interprétées… Les problématiques liées au réchauffement climatique sont en train de devenir primordiales !

C’est un discours nouveau…

Jusqu’à présent, on parlait d’environnement, de développement durable… Ces derniers mois le discours a effectivement changé, il s’agit maintenant clairement “d’urgence climatique”. On ne peut plus se voiler la face : les glaciers sont à l’agonie ! Ça fait mal. C’est une véritable sonnette d’alarme dans nos consciences de montagnards. À l’instar des pôles, les changements vont plus vite dans nos massifs, c’est visible d’une saison à l’autre. L’évidence est là. Allons nous poursuivre sur le mode “business as usual ? ”. Faire comme si de rien n’était ? Plus possible. Le modèle de développement du tourisme que nous avons connu en montagne doit forcément évoluer. Mobilité, rénovation de l’habitat, économie d’énergie, gestion de la ressource en eau, préservation du foncier… C’est un défi inouï, une perspective extraordinaire qui attend les acteurs de la montagne française, nous devons tous y prendre part, chacun à son niveau, chacun dans son rôle. Domaine skiable de France vient de lancer un appel à la mobilisation, bravo ! Allons-y. Auvergne Rhône-Alpes tourisme promeut le « tourisme bienveillant », on y va aussi. On relaie les « bonnes pratiques » lors de notre workshop presse de septembre à Paris, on continue…

Quelles solutions proposez-vous ?

Ce qui est passionnant cette année, c’est que la parole se libère sur le sujet. Quand La Compagnie du Mont-Blanc évoque les difficultés auxquelles elle est confrontée, comme la fonte du permafrost qui impacte ses installations de haute altitude, c’est nouveau. Toutes les installations sur glacier sont surveillées. Au-delà du constat objectif et partagé, transporteurs, aménageurs, collectivités locales en parlent et cherchent des solutions. Avec cette prise de conscience collective, sur le terrain les actions se multiplient. Quand la Société des Trois Vallées s’implique concrètement en faveur de la préservation de la biodiversité avec une surveillance des sites abritant des coqs de bruyère, c’est une contribution parmi d’autres.

Et pourtant dans le même temps, les stations continuent à investir massivement dans la neige de culture…

Une meilleure gestion de la ressource en eau est devenue un enjeu, une vraie préoccupation pour les communes et les domaines skiables. Il s’agit de prendre en compte les différents usages sur site – habitat, neige de culture… – et d’en optimiser la consommation. Même si personne n’est dupe : ça sera plus compliqué dans les années qui viennent. À Grenoble, l’Irstea l’a bien identifié avec son étude sur la fréquentation versus enneigement, mais le laboratoire identifie que les changements climatiques vont favoriser d’autres pratiques.

« Une meilleure gestion de la ressource en eau est devenue un enjeu, une vraie préoccupation pour les communes et les domaines skiables. »

L’urgence climatique est-elle aussi une préoccupation des consommateurs ?

Oui, de plus en plus. Des enquêtes clients montrent qu’ils peuvent s’interroger par exemple sur le bilan carbone de leur séjour ou sur l’impact de leur activité sur l’environnement. G2A là encore, vient de sortir une étude très intéressante sur le sujet. Et puis, ce que l’activité touristique peut générer parfois ne passe plus, ni pour les clients, ni pour les habitants : la sur-fréquentation de certains secteurs par exemple, trop de gens au même endroit en même temps… Ou encore les quelques samedis de saturation des routes d’accès aux stations l’hiver en période de vacances scolaires, qui peuvent virer à la catastrophe si la météo se dégrade. Ce n’est plus acceptable pour personne.

Vous pointez la saturation des accès aux stations. Comment avancer sur ce sujet ?

Nous avons créé un groupe de travail l’an dernier avec les grands hébergeurs et tour-opérateurs de nos stations. Quatre d’entre eux (Maeva, Ski planet, Sunweb, Travelfactory) se sont engagés à nos côtés pour trouver des solutions viables et durables en améliorant l’information aux clients en amont, et en proposant des offres de séjours pendant ces périodes tendues, hors samedi/samedi. C’est le concept de campagne de communication que nous avons imaginé et construit ensemble : « Ski m’arrange, le ski quand je veux en Savoie Mont Blanc ». Place aux séjours décalés de cinq, voire quatre jours avec des offres de prix vraiment intéressantes, moins de 350 € par personne. L’enjeu est bien de tenter d’alléger le trafic sur les routes en faisant intervenir ceux qui programment notre destination. À la clef : la satisfaction des clients.

“L’enjeu est bien de tenter d’alléger le trafic sur les routes en faisant intervenir ceux qui programment notre destination. À la clef : la satisfaction des clients.”

Ne faut-il pas revoir le mode de production des hébergements ?

Il faut en tout cas continuer à lutter contre le phénomène des lits froids. Plus de la moitié du parc est aujourd’hui hors du circuit marchand ! Et Airbnb arrive là-dessus…

C’est peut-être un moyen de réchauffer des lits, justement…

À condition que la concurrence ne soit pas faussée. Ses utilisateurs doivent s’acquitter comme les autres acteurs de la taxe de séjour, par exemple.

Les touristes sont-ils encore friands de ce type d’hébergement ?

Les deux grandes tendances que nous observons sont d’une part plus de “vivre ensemble”, d’autre part plus de qualité environnementale. Les hostels, formules mixtes entre hôtels et guest-house, ont le vent en poupe. Ils permettent de faire cohabiter sur un même site plusieurs publics. Base camp lodge à Bourg-Saint-Maurice, Rocky pop hôtel aux Houches, 1861 Châtel hostel… les initiatives fleurissent pour mieux coller à des modes de vie urbains très connectés. L’autre tendance, c’est le développement durable : Auberge nordique au Grand- Bornand, Toî du monde à Flumet… font la part belle aux énergies renouvelables, aux circuits courts, aux mobilités douces, aux matériaux naturels.

Le monde des sports d’hiver reste une lourde machine. Vous êtes confiante sur sa capacité à se réinventer ?

Ce qui est en train de nous faire changer, c’est le client. Il ne va pas nous laisser tranquille, et c’est une chance !


Propos recueillis par Philippe Claret.

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Fonds air bois, premier bilan

10 Décembre 2019 , Rédigé par Thierry BILLET

Alors que la création d'un "fonds air industrie" est en cours, c'était le moment d'un comité de pilotage du "fonds air bois" qui vise à remplacer les cheminées ouvertes et les vieux chauffages au bois polluants par des chauffages performants certifiés à même de réduire la pollution aux particules fines (de l'ordre de 70 à 80% des poussières fines en hiver). 360 primes ont été accordées pour un montant de 381 028 euros. Nous devons accélérer le processus de remplacement pour atteindre l'objectif de 3 000 chauffages rénovés d'ici 5 ans.

La répartition des aides montre une prépondérance de la zone urbaine (41%), de Fillières (25%) et du Pays d'ALBY (18%); et encore trop peu de dossiers émanant des rives du lac.

Cette mutation se traduit par une autre bonne nouvelle : le chauffage de base au bois qui était de 28% des demandeurs passe à 51% après la rénovation. Le bois bien utilisé est une énergie renouvelable dont il ne faut en aucun cas se passer.

Cet usage quotidien se traduit par l'usage de granulés plus faciles d'utilisation dans des poêles programmables et de grand confort. 70 % des rénovations se font avec des poêles et 29 % avec des inserts.

57 installateurs sont maintenant agréés pour procéder aux travaux engagés. Et parallèlement, un effort d'amélioration des techniques de chauffage au bois (bois bien séché, allumage par le haut, etc.) est engagé avec les bénéficiaires de l'aide pour encore élevé la combustion du bois et produire le moins possible de poussières.

Nous devons tripler le nombre d'installations implantées par rapport au rythme actuel : merci d'en parler autour de vous aux propriétaires de cheminées; leur implication permettra d'améliorer encore la qualité de l'air en hiver.

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Stop aux emballages...

9 Décembre 2019 , Rédigé par Thierry BILLET

Dentifrice, savon à barbe et Shampoing sans emballage, c'est possible. Un exemple avec le shampoing UMAI : supprimer les emballages; évident NON ?

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Un plan de déplacements urbains "climaticide" ?

4 Décembre 2019 , Rédigé par Thierry BILLET

Le problème avec l'outrance, c'est que quand les bornes sont franchies, il n'y a plus de limites. C'est la réflexion que je me faisais en lisant un communiqué de presse associatif qualifiant de "climaticide" le projet de PDU  qui est à l'enquête publique en ce moment. Un projet élaboré pendant des mois avec des ateliers participatifs, des discussions ouvertes, une concertation publique et maintenant une enquête publique à laquelle chacun peut participer.

Dès lors, il faut revenir à la définition de "climaticide" comme un "dérèglement organisé et planifié du climat mondial du fait des émissions croissantes de Gaz à Effet de Serre (GES) dans l’atmosphère alors même que la responsabilité humaine du réchauffement climatique est désormais avérée à la suite de la publication des rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat)".

Comment un PDU qui prévoit une augmentation de la part des modes doux et des transports collectifs et donc une baisse des émissions de gaz à effet de serre pourrait-il être "climaticide" ? Que l'on souhaite aller plus loin et plus vite, que l'on soit contre le tunnel sous le SEMNOZ, tout cela relève du débat démocratique; mais qu'on qualifie le projet de PDU de climaticide, c'est une calomnie et une outrance qui ne servent pas le débat, mais au contraire empêchent une discussion sereine sur les objectifs atteignables et les moyens d'y parvenir.

Laurent BERGER dans l'Obs du 28/11 dit : "On a parfois l'impression de vivre dans un pays hystérique. Il n'est plus possible d'avoir un débat posé". Ce qui fait fonctionner la démocratie "c'est la reconnaissance par chacun des intérêts contradictoires qui traversent une société. La capacité à entrer dans la discussion, à se confronter positivement."

Une démarche uniquement polémique est dangereuse pour la démocratie : elle coupe court à la discussion d'idées qui est nécessaire pour faire avancer globalement la société sur ces sujets où le cœur de la dynamique est le changement de comportement de toutes les parties prenantes du territoire.

Outrance d'autant plus étonnante que la représentante de la même ONG lors d'une réunion de l'espace citoyen sur le plan climat nous expliquait qu'elle ne prenait pas le bus depuis METZ TESSY parce qu'il mettait 25 minutes pour venir à ANNECY alors qu'elle mettait 10 minutes en voiture. Climaticide, vous disiez ?

Que ceci ne vous empêche pas de participer à l'enquête publique :

 

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