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thierry billet

Mathématiciens à l'honneur

22 Août 2010 , Rédigé par Thierry BILLET

Je copie à votre intention paru sur MEDIAPART  (le lien est en bas de page) une partie de l'article de M.Bernard MONTHUBERT, secrétaire national du PS à la recherche et à l'enseignement supérieur à propos des nouveaux succès des mathématiciens français et les dangers de l'utilitarisme en matière de recherche supérieure.

L’école mathématique française à l’honneur… pour combien de temps ?

19 Août 2010 Par Bertrand.Monthubert

Le Congrès International des Mathématiques, qui se déroule tous les 4 ans, est un moment important, notamment parce que c'est à cette occasion que sont remis plusieurs des prix les plus prestigieux notamment les médailles Fields, remises à des lauréats de moins de 40 ans. Contrairement au prix Nobel (auquel ont les compare souvent), ces médailles ne récompensent pas une carrière, mais sont un encouragement pour des mathématiciens qui ont déjà fait la preuve de leur grand talent.
Cette année encore, l'école mathématique française est à l'honneur, avec 3 prix sur les 7 décernés qui reviennent à des Français : deux des quatre médailles Fields sont attribuées à Ngô Bao Châu et Cédric Villani, et le Prix Gauss est remis à Yves Meyer. Avec 11 médailles Fields attribuées à des Français depuis l'origine de cette distinction, la France arrive tout juste derrière les USA, avec 13 médailles.
Il est intéressant de s'interroger sur les raisons de ces succès, mais aussi sur le fait de savoir si cette situation de rayonnement peut durer.

Il se trouve que je connais les deux lauréats de la médaille Fields pour les avoir côtoyés à l'Ecole Normale Supérieure ; c'est d'ailleurs un vrai plaisir de les voir récompensés, Ngô l'étudiant vietnamien qui a choisi la France pour étudier et travailler, puis adopter la nationalité, et Cédric l'original. Nous appartenons à une génération où un élan important nous a entraînés vers la recherche en math,comme je l'ai déjà écrit il y a plusieurs mois. En particulier, le gouvernement de gauche a donné un avenir aux jeunes chercheurs, en créant les allocations de recherche, en créant des emplois scientifiques. A cette époque, nous pouvions nous lancer dans des sujets risqués. Nous n'étions pas encore sous l'emprise de la bibliométrie, des modalités absurdes d'évaluation et de financement de la recherche que nous connaissons aujourd'hui.

Aujourd'hui, la situation a radicalement changé. Les métiers de la recherche ne sont plus attractifs. Les jeunes s'en détournent, nos masters recherche se sont vidés. Il est devenu trop périlleux de se lancer dans un sujet audacieux en thèse, car c'est prendre le risque de mettre trop de temps pour la terminer, de ne pas publier assez. Mieux vaut donc s'engager dans des voies mieux tracées, aux résultats plus sûrs, et pour lesquelles il est plus facile d'obtenir des financements sur appels à projets. C'est le contraire de ce qu'il faut pour avoir une recherche dynamique et qui fait vraiment reculer les frontières du savoir. Lors de l'ouverture du congrès international de mathématiques de 1998, David Mumford, alors président de l'Union Mathématique Internationale,avait écrit un article intéressant, dans lequel il se préoccupait de la tendance croissante des gouvernements à vouloir contrôler étroitement la recherche. Avec le gouvernement de Nicolas Sarkozy, nous sommes en plein dans la politique dénoncée par Mumford

 

http://www.mediapart.fr/club/blog/bertrandmonthubert/190810/l-ecole-mathematique-francaise-l-honneur-pour-combien-de-temps

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