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thierry billet

EUROPE, le "non" irlandais ?

8 Juin 2008 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #C'est personnel

Daniel COHN BENDIT analyse dans LE MONDE, la montée du NON au reférendum en IRLANDE sur le traité de Lisbonne...

Comment expliquez-vous la montée du non en Irlande ?

Par la folie de ce genre de référendum. On est dans des sociétés à logique égoïste. Les Irlandais qui disent non à l'Europe, c'est comme la Ligue lombarde qui rassemble 40 % des électeurs dans le nord de l'Italie pour ne pas payer pour le sud du pays. Pourquoi dire oui à quelque chose qui oblige à partager ce qu'on reçoit avec les nouveaux membres de l'Union que sont les pays de l'Est ?

La réaction basique est de protéger ses propres acquis. Dans le processus qui existe aujourd'hui avec la réforme de la PAC (politique agricole commune), les Irlandais savent, comme les Français, qu'ils ne seront plus protégés comme avant, qu'ils devront faire un effort pour renflouer les caisses de l'UE, qu'ils devront payer et non plus recevoir. Il faudrait qu'un référendum ait des conséquences : si on dit non, on sort de l'Europe.

La ratification du traité dans les autres pays est-elle compromise ?


Si les Irlandais disent non, Gordon Brown (le premier ministre britannique) rentrera dans la niche. Politiquement, il n'est pas en position assez forte pour imposer de mener à terme le processus de ratification du texte actuellement examiné à la Chambre des lords. Les conservateurs diront : "Voyez, quand le peuple parle, il est contre."

En République tchèque, c'est plus compliqué. Le président Vaclav Klaus et son parti ODS (droite ultralibérale) font un chantage sur les Verts dans la coalition gouvernementale : s'ils ne se prononcent pas pour le radar de défense américain, l'ODS dira non à la ratification. Il faut espérer que les Tchèques ne jouent pas le jeu de la politicaillerie, mais celui de la responsabilité par rapport à l'Europe.

L'Europe n'a-t-elle pas une part de responsabilité ?

Les Irlandais ont tout obtenu de l'Europe et ils n'en ont pas conscience. C'est donc qu'il y a un problème. Visiblement, nous, Européens, n'arrivons pas à expliquer aux peuples ce que nous sommes en train de faire. Les Irlandais du non font se coaguler toute une série de problèmes qui n'ont rien à voir avec l'Europe, et l'un de leurs arguments récurrents est qu'ils ne voient pas pourquoi voter pour un traité qu'ils ne comprennent pas. C'est une question à mettre sur la table : on a cru malin de faire un texte incompréhensible sans penser qu'on pouvait s'étrangler dans un goulot, comme par exemple le référendum irlandais. La réaction des peuples devant un tel texte est de se demander : "Qu'est-ce que vous nous cachez ?" Le pire, c'est qu'on ne leur cache rien et qu'ils ont tout obtenu.

Quelles leçons la présidence française de l'Union européenne devrait-elle tirer d'un non irlandais ?

Si le non irlandais arrivait, elle serait obligée de reposer la question du fonctionnement de l'Europe et la question du droit de veto d'un pays dans la ratification des politiques comme des traités de l'Union européenne. Les Verts avaient proposé un référendum européen à double majorité pour mettre fin à ce processus suicidaire. La démocratie, c'est surmonter les droits de veto.

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P
Mon cher Thierry,C'est la diversité des points de vues qui fait le charme du débat d'opinion, dans nos vieilles démocraties. Dès lors qu'il n'y a plus débat, le charme est rompu.<br /> Le point de vue de cet excellent Dany en vaut un autre<br /> ( enfin, pas vraiment, le Monde n'accordant pas tribune<br /> à n'importe quelle obédience ).Lorsque M. Cohn-Bendit écrit :<br /> _"… Qu'est-ce que vous nous cachez? Le pire, c'est qu'on<br /> ne leur cache rien …"_ , on est bien forcé de se demander<br /> s'il plaisante. Je partage donc la perplexité de notre ami<br /> François. Ainsi, nous sommes deux, c'est toujours ça!En résumé, s'agissant de l'Europe, nous dirons que les partisans<br /> du NON ont de mauvaises intentions et les partisans du OUI,<br /> de bonnes intentions.Je crois que Samuel Johnson a écrit quelque part que l'enfer<br /> était pavé de bonnes intentions.@micalementPierre
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F
je me demande si cet interview de Cohn bendit est une palisanterie....c'est un déni de démocratie. je n'ose penser que M. Billet se rallie à cet argumentaire.
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T
<br /> La victoire du NON en IRLANDE qui a regroupé des pacifistes opposés à la remise en cause de la neutralité irlandaise, des conservateurs catholiques qui ont peur que l'Europe leur impose<br /> l'avortement et des patrons ultra libéraux ne m'enchante pas.<br /> La question qui est posée est celle du désenchantement des peuples européens vis à vis de la construction d'une Europe politique.<br /> A force d'être utilisée comme un parapluie ou une tête de turc par les policiens nationaux qui ne veulent pas assumer leurs choix comme arrêter le pillage de la mer, instituer des règles communes<br /> dans certains domaines, etc. l'EUROPE est devenue le sujet de ralliement de tous ceux qui subissent des décisions qu'ils ne comprennent pas.<br /> Après le Non français, le NON irlandais constate ce décalage : on a ouvert un marché unique à 27 sans projet politique, sans projet social, sans projet écologique.<br /> Dany a raison de le regretter.<br /> <br /> <br />
P
Quel est le sens de votre interrogation, mon cher François?Pouvez-vous préciser votre pensée?K7J
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F
c'est une plaisanterie ?
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P
C'est un vrai scandale! Non seulement on est obligé de donner la parole au peuple irlandais, mais en plus, il la prend!<br /> Napoléon III avait raison! Il faut rétablir le suffrage sensitaire!<br /> il faut interdire le suffrage universel!<br /> il faut interdire le peuple!......mais, n'est-il pas interdit d'interdire, M.Cohn-Bendit?
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