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thierry billet

Anonymat & beuverie

17 Mai 2010 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #C'est personnel

 

Internet est un outil d'une remarquable efficacité pour le meilleur et pour le pire. La puissance de frappe et la vitesse de diffusion peuvent être au service de la liberté d'expression contre les tyrannies qu'elles soient chinoise ou iranienne. Mais elles peuvent aussi permettre la diffusion de n'importe quelles bêtises sur la toxicité des ampoules à basse consommation ou sur le Traité constitutionnel europée, relayées à foison sans aucun regard critique par un simple "transférer à" démultiplié quasiment à l'infini.


Accompagné du recours quasi systématique à l'anonymat, l'outil devient particulièrement dangereux. Cet anonymat est devenu la règle sur les forums, les listes de discussion, les commentaires sur les sites... Que cache t'il ? En quoi permet il des échanges plus pertinents ? Que craignent les "anonymistes" pour se protéger de la sorte ? Ce recours à l'anonymat me trouble car il permet toutes les manipulations. Il suffit de quelques internautes qui se donnent le message pour multiplier les commentaires sans aucune possibilité de déterminer si un courant d'opinion est né. L'exemple de la masse de commentaires sur le site du DL après la décision du SILA d'envisager d'accepter les déchets de CANNES est un excellent exemple, puisque le nombre de commentaires sur internet a alimenté...la version papier du DL. Pour autant, combien de gens différents ont ils commenté réellement l'artcile sur internet ? Il suffit de changer de pseudonymes et vous créez un pseudo mouvement d'opinion. Idem sur MEDIAPART et d'une manière générale sur tous les sites journalistiques. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé sur ce blog de ne pas répondre aux commentaires anonymes.

Cela m'amène aux réseaux sociaux et à l'interdiction de la beuverie prévue sur le PAQUIER ces derniers jours. L'interdiction ne règle rien : elle empêche la survenance de la saoulographie qui semble le seul objectif de l'apéro géant; mais en cassant le thermomètre, elle n'empêche pas de mesurer l'ampleur de la maladie. Qu'est-ce qui pousse certains jeunes à envisager comme festif le fait de se saoûler le plus vite et le plus violemment possible ? Même si tou(te)s ne viennent pas pour se saoûler, la participation de tous permet aux autres de le faire, et donne à ce geste une reconnaissance de normalité. Qu'est-ce que cela dit de notre société ?

Dans le dernier numéro d'ALTERNATIVES NON VIOLENTES, Philippe MEIRIEU émet l'hypothèse que les jeunes ne se constituent plus en contestataires de l'ordre existant, opposés à l'autorité. Mais comme "à côté" de cette autorité, prêts à se livrer à d'autres autorités bien plus contraignantes ou aliénantes que celles des adultes. De sorte qu'ils ne ressentent plus le besoin ni l'envie de contester cette autorité, développant par ailleurs leurs propres règles transgressives.

Le mélange de l'anonymat et des réseaux sociaux aboutit à cette société bizarre où il ne s'est trouvé aucun jeune pour contester la décision du Préfet d'annuler cet apéro pour des motifs juridiquement bien fragiles, ou pour venir protester sur le PAQUIER contre cette interdiction liberticide. Non, cette jeunesse n'est pas l'héritière de Mai 68, elle est l'expression terrible d'un manque d'avenir.

 

L'indifférence, pire que tout.

 


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