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thierry billet

Et si vous installiez une ruche chez vous ?

20 Mars 2015 , Rédigé par Thierry BILLET

Fabriquer son propre miel est désormais un rêve à la portée de tout citadin. Voici les conseils de la revue KAIZEN pour bien démarrer dans l’apiculture urbaine.

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Effet de mode ou réelle prise de conscience écologique, de plus de plus de ruchers essaiment dans les grandes villes[1]. Si l’engouement pour l’apiculture tient parfois lieu d’une opération de communication – certaines entreprises veulent aménager une ruche sur leur toit pour afficher une image écolo -, de nombreux particuliers et des entreprises réellement engagées veulent s’investir dans l’apiculture. Un projet qui peut s’avérer salutaire : indispensables au maintien de la biodiversité, les abeilles sont aujourd’hui en danger. Depuis la fin des années 1990, les spécialistes pointent le phénomène du « syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles » désignant leur anormale surmortalité (autour de 30 % en moyenne)[2]. Avec l’usage intensif des pesticides, cette hécatombe représente un réel fléau écologique. « Installer des ruchers en ville est une bonne chose, cela permet de reconstituer le maillage des pollinisateurs. Toutes les abeilles n’ont pas vocation à vivre en milieu urbain, mais c’est important qu’elles y soient tout de même présentes. Par ailleurs, la biodiversité est parfois plus importante dans les agglomérations que dans les zones cultivées, en raison de l’épandage de traitements chimiques qui déciment la faune et la flore », estime Nicolas Géant, apiculteur depuis 30 ans et gérant de la société Nicomiel. La pollution urbaine, incompatible avec l’installation de ruchers ? Idée reçue !

« Cela peut sembler paradoxal, mais les villes sont aujourd’hui moins polluées que les zones cultivées, l’image de la cité polluée par l’industrie du charbon au 19e siècle n’a plus lieu d’être. La pollution automobile dans les agglomérations reste faible au regard de celle générée par l’usage des traitements chimiques dans les zones cultivées », poursuit l’apiculteur.

L’installation d’un rucher : beaucoup de plaisir et peu de contraintes

« Tous les apiculteurs sont des passionnés. S’ils n’abandonnent pas leur activité au bout de six mois, ils resteront apiculteurs à vie. La condition sine qua non pour installer une ruche, c’est d’aimer les abeilles », résume Nicolas Géant. Mais avoir approché des ruchers dans son environnement familial ne suffit pas à s’improviser apiculteur, l’apprentissage est important. « Il n’est pas obligatoire de suivre des formations longues mais c’est indispensable d’être initié. L’abeille est un animal fragile : si l’on ne s’en occupe pas bien, elle meurt », explique Guy-Noël Javaudin, exploitant apicole en Normandie et créateur du Rucher-école de Montreuil. Soyez patients, les listes d’attente pour ces formations sont souvent longues.

Côté contraintes, elles sont rares : s’occuper d’une ruche prend peu de temps dans l’année. Si l’installation a lieu en février-mars, le plus gros du travail s’effectue au moment de la récolte en été. « C’est beaucoup moins astreignant que l’entretien d’un jardin », témoigne Guy-Noël Javaudin. Quant au budget d’équipement nécessaire, il reste accessible au plus grand nombre (voir fiche pratique).

Face aux abeilles, quelques précautions s’imposent : approchez-les lorsque vous êtes calme et veillez à ne pas commettre de gestes brusques. « Si vous êtes fatigué ou tendu, les abeilles le sentent », explique Olivier Desprez, apiculteur formateur. Elles sont également sensibles aux odeurs : « Je déconseille de porter du parfum ou même du déodorant. Mesdames, attention également au maquillage et aux produits cosmétiques utilisés pour le visage et les bras », ajoute Eric Picard, apiculteur amateur aux jardins du Ruisseau à Paris. Eloignez également votre téléphone portable des ruchers, les ondes nuisent aux abeilles.

Sachez que si la combinaison représente une protection indispensable, elle ne vous immunise pas pour autant contre le risque de piqûres (qui restent souvent inévitables). Le bon réflexe ? Grattez l’endroit de la peau qui a été piqué ou approchez une source de chaleur. Surtout, n’enlevez pas le dard verticalement : vous risqueriez de vous injecter le venin. Vous pouvez également vous procurer un aspi-venin en pharmacie.

Du bon miel fait maison

La réglementation interdit d’ajouter ou d’enlever quoi que ce soit au miel extrait de la ruche. Le label bio ne s’applique donc pas à ce produit, sauf à considérer qu’il provient de fleurs non traitées, ce qui n’est pas toujours facile à déterminer. En ville, même si vous n’êtes pas à l’abri d’un traitement appliqué sur des rosiers que les abeilles butinent, le miel s’avère plus naturel que celui issu de fleurs poussant à proximité de zones cultivées, où l’exposition aux pesticides peut se déployer sur 20 ou 30 hectares. Le miel provenant des fleurs de montagne et de forêt reste le moins exposé à toute forme de pollution. Quant à sa qualité gustative, elle reste subjective. Le miel que l’on produit soi-même a toujours tendance à être le meilleur…

Des abeilles en plein Paris

Diane Jos élève des abeilles sur sa terrasse parisienne depuis 5 ans. « J’ai toujours voulu avoir un rucher chez moi ; J’ai réalisé mon rêve à 50 ans ! ». Cette pétillante citadine a décidé de se former auprès du rucher-école du jardin du Luxembourg. Elle dispose aujourd’hui de trois ruches, aménagées sur le toit de son habitation. « L’apiculture ne prend pas beaucoup de temps. Trois ou quatre interventions dans l’année suffisent, chacune durant généralement entre une demi-heure et une heure », ajoute-t-elle. En 2013, elle a produit 80 kg de miel. « Je fais généralement deux récoltes dans l’année. Selon les millésimes, la production de miel peut aller de 0 à 10, 15, voire 20 kg par ruche ». Avec une ruche Warré, pas besoin de matériel d’extraction. Une simple passoire suffit ». Diane Jos fait sa récolte chez elle. Depuis deux ans, elle organise également des stages de formation une fois par mois à Paris et en Normandie. Face à l’engouement actuel des citadins pour l’apiculture, ses ateliers font salle comble !

 

[1] Près de 300 ruchers ont été recensés à Paris (Source : site de la mairie de Paris)

[2] Source UNAF et Pollinis, réseau des conservatoires abeilles et pollinisateurs

Par Nathalie Ferron

Le Lieu

Avant de vous lancer, déterminez l’endroit où vous allez installer votre ruche. Assurez-vous que les abeilles pourront trouver les fleurs dont elles se nourrissent dans un rayon de 3 km et que l’environnement est propice à leur labeur (pas d’autres ruchers à proximité). La ruche doit être installée sur un sol stable et ne pas être exposée à l’humidité. En été ou en plein hiver, il est conseillé de poser sur la ruche un couvre-cadre afin de permettre une bonne isolation contre la chaleur et le froid.

En règle générale, un rucher urbain doit être installé à plus de 20 m des habitations ou d’une voie publique (la réglementation départementale variant selon les localités : cette distance est ainsi est fixée à un seuil de 5m à Paris). Il doit être entouré d’un obstacle en hauteur (mur, palissade, haie…) de plus de 2m. Si vous avez des enfants, protégez l’accès au rucher, il peut être dangereux pour eux. Vous pouvez installer votre ruche sur un toit, une terrasse, voire un balcon à condition que cela ne gêne pas votre voisinage.

Quelle ruche ?

Warré, Langstroth, Dadant, Voirnot ? Choisissez votre type de ruche. En bois ou en plastique, avec ou sans hausses, il en existe de toutes sortes. Pour trouver la plus adéquate, vous devrez tenir compte du climat de votre région et de votre mode d’apiculture (nomade ou sédentaire). Attention aux idées reçues : « On entend parfois dire qu’une ruche Warré est plus écologique que les autres mais c’est faux » souligne Bertrand Freslon, gérant de la société La Route d’Or qui commercialise du matériel d’apiculture. Si vous avez besoin d’aide dans votre sélection, rejoignez une antenne locale du GDSA (Groupement de Défense Sanitaire des Abeilles) : vous bénéficierez ainsi de conseils de professionnels. Avis aux bricoleurs : il est aussi possible de confectionner soi-même sa propre ruche !

Passer à l’acte

Inscrivez-vous dans un rucher-école pour acquérir les bases de la pratique de l’apiculture. Il en existe dans toutes les grandes villes. Pour trouver une formation près de chez vous, pensez à contacter l’UNAF. Agir en en réseau facilitera vos démarches, notamment quand vous aurez besoin d’un essaim.

Quelques adresses pour se former

A Montreuil : rucher-école ; en Normandie : Olivier Desprez ; en IDF : rucher-école ; en Ardèche : Terre et Humanisme

Le prix ?

Le démarrage de votre activité va nécessiter du matériel. Voici la liste des éléments indispensables (comptez un budget global de 250€ pour le matériel). A savoir : certaines boutiques comme www.beeopic.com proposent des kits d’apiculture pour débutants.

  • Une ruche (90 € environ)
  • Des hausses et des cadres dans lesquels les abeilles stockeront le miel (20 € chacun)
  • Une vareuse, le vêtement de protection, munie d’un camail (chapeau) et d’une combinaison (50 à 120€)
  • Un enfumoir permettant de contenir la colonie avant une intervention dans la ruche (20 à 25€)
  • Des gants (10 à 15€) – vous pouvez opter pour des gants en plastique ou de jardinage
  • Une brosse à abeilles pour ne pas les écraser (4 à 7€)
  • De la cire (15 à 20€ le Kg)
  • Et bien sûr les abeilles ! Comptez 80 à 150 € pour un essaim, 20 à 25 € pour une reine. Sachez que toutes les races d’abeilles ne conviennent pas pour l’apiculture urbaine. « Il est préférable de choisir une abeille douce qui accepte le contact avec l’homme », rappelle Guy-Noël Javaudin. Privilégiez par exemple les races comme la Buckfast ou la Frère Adam.
  • Pour le matériel d’extraction du miel, comptez environ 300€. En ville, on manque parfois d’un lieu de stockage. La solution ? Rejoindre une association, cela vous permettra de mutualiser les équipements.

La loi ?

Déclarez votre installation auprès de la Direction Départementale de la Protection des Populations de Paris (DDPP). Il n’y a pas de condition particulière à remplir, en revanche la déclaration est obligatoire et renouvelable chaque année. Pensez également à contracter une assurance pour votre rucher.

L’entretien ?  

Chaque année, vous devrez traiter votre ruche contre les parasites (dont le varroa). Notez qu’en cas de problème, il est possible de contacter un agent sanitaire apicole qui se déplacera pour vérifier l’état de votre ruche.

Quelques livres pour en savoir plus et démarrer votre activité :

Mes premières abeilles, Pierre Maréchal, éditions Rustica, 2013

Ma ruche en ville : guide d’apiculture urbaine, Nicolas Géant, éditions Agrément, 2011

L’apiculture écologique de A à Z, J-M Frèrès et J-C Guillaume, éditions Résurgence, 2011

2 Revues spécialisées :

Abeilles et fleurs, magazine de l’UNAF (Union Nationale de l’Apiculture Française)

Abeilles de France, le mensuel de l’apiculteur

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