Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
thierry billet

Mais pourquoi je fais ça ?

29 Août 2022 , Rédigé par Thierry BILLET

A chaque fois que je plonge les mains dans les poubelles de mon immeuble pour retrier les déchets qui s'y trouvent, je me demande bien pourquoi je fais ça ? Objectivement, c'est absolument ridicule. Sortir des bouteilles plastique des bacs gris pour les mettre dans les jaunes et sortir des emballages plastique et autre polystyrènes des poubelles jaunes pour les mettre dans les bacs gris, c'est ridicule. Cela ne changera rien à la catastrophe écologique annoncée. Alors pourquoi ? 

J'ai réfléchi à la question. Pour le tri des poubelles jaunes, je sais : je veux simplifier le dur labeur des employés de la société EXCOFFIER qui retrient nos déchets des bacs jaunes à VILLY LE PELLOUX sur des tapis transporteurs bruyants. Moins il y aura des "refus de tri" (c'est le terme technique pour les erreurs de tri sélectif) , moins ils seront sollicités. Mon éducation et mes valeurs me placent à leurs côtés.

Pour les autres, c'est parce que je suis d'une génération de militants écologistes qui a dû porter la question environnementale quand tous les autres s'en fichaient. Il fallait donc "montrer l'exemple"; ne pas pouvoir être la cible des réponses habituelles : "tu ne fais même pas ce que tu proposes". Alors, il ne fallait pas se trouver "coincé", comme Noël MAMERE pris en photo sortant d'une voiture pour enfourcher un vélo avec lequel il devait arriver à une conférence ce presse. Des journalistes étaient allés fouiller les poubelles de Antoine WAECHTER pour vérifier qu'il triait ses déchets. Cette tentative de cohérence entre l'engagement collectif et la pratique individuelle est au coeur d'une étude de la "revue française de sciences politiques" sous la plume de Christophe Traïni (n°123 - 2021) "entre pratiques intimes et sphère publique".  Il montre comment les écologistes quel que soit leur type d'engagement se trouvent confrontés plus que quiconque à cette intrication entre leur vie personnelle et son expression publique. Le choix du végétarisme par les jeunes générations d'écologistes relève de cette exigence de cohérence. Dès lors qu'on ne propose rien que la perpétuation de ce qui existe, l'engagement politique ne demande aucun effort personnel. On continue de faire comme avant puisqu'on propose le statu quo. Dès lors que l'on demande "plus", l'impact sur la vie quotidienne est nul : l'augmentation nécessaire du SMIC n'implique aucune modification du mode de vie des smicards. Mais dès lors que le changement proposé demande à impacter la vie quotidienne de chacun, dès lors que l'on réclame la sobriété, on doit en donner l'illustration sous peine d'être inaudible; mais surtout à mes yeux de ne pas être aussi cohérent qu'un militant devrait l'être entre ses idées et ses actes. Aller en vélo aux réunions du conseil d'agglomération du GRAND ANNECY, quasiment seul, était de cette veine. J'ai toujours considéré la vertu de l'exemple pour soi et pour les autres comme un axe cardinal qui permet de bien dormir le soir. Sans être un saint ou un héros, juste pour témoigner qu'un effort était possible et qu'il rendait heureux.

Et puis, ces plongées dans les poubelles de mon immeuble font découvrir que ceux qui trient le moins, ce sont les étudiants, biberonnés depuis la maternelle au tri sélectif, mais dont l'acte de révolte fondateur de leur vie estudiantine est de faire honneur au dieu incinérateur. Ensuite, c'est la mine de ressources qui sont encore dans nos poubelles sous la forme de produits non utilisés, quelquefois dans des emballages intacts, que je m'empresse de remettre en circulation autour de moi pour leur donner une seconde vie. Une recyclerie personnelle en coeur de ville en quelque sorte... Dernier objet en date, une bombe d'équitation !

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :