Chères Adhérentes, chers Adhérents,
Le renouvellement de l’agrément d’Anticor est une victoire importante pour la lutte anti-corruption. Cet agrément permet d’empêcher qu’une affaire politico-financière soit enterrée, ce qui n’est pas rien dans un pays où les citoyens ne peuvent agir d’eux-mêmes et où la carrière du procureur dépend du gouvernement. Ces derniers mois, bien qu’en mesurant qu’Anticor se doit d’être un édifice imprenable, ce qui signifie améliorer nos règles internes, nous avons aussi mesuré notre importance. Dans une démocratie, il faut que « le pouvoir arrête le pouvoir » et Anticor est un petit contre-pouvoir, qui peut agir notamment quand le pouvoir de la justice est entravé.
Mais c’est une victoire paradoxale.
D’abord l’arrêté de renouvellement de l’agrément n’a été acquis que le 2 avril à 22h29. Il n’aurait pas été rédigé très différemment si une décision de refus avait été prise. C’est sans doute une première que la publication dans le Journal Officiel d’une telle motivation. On peut aussi y voir les traces laissées par deux mois de cabale médiatique. Mais on peut aussi y voir un indice de l’agacement du pouvoir envers notre association.
Ensuite, la tension née du report de l’agrément par une décision du 2 février a fait d’une décision administrative qui aurait dû être banale un enjeu politique. Et c’est pourquoi nous sortons renforcés de cette épreuve, par tous ceux qui nous ont accordé leur soutien : associations, personnalités politiques, communes qui ont adopté des vœux ainsi que par 35.000 citoyens qui ont signé une pétition en notre faveur. Un millier d’adhérents nous ont rejoints depuis le 1er janvier. Le gouvernement a dû répondre à deux questions orales dans l’hémicycle sur l’agrément d’Anticor. Si le gouvernement avait voulu faire la promotion d’Anticor, il n’aurait pas agi différemment.
Mais c’est quand même un paradoxe, qu’il faudrait éviter dans l’avenir. La note de l’observatoire de l’éthique publique montre la voie qui pourrait être suivie par le législateur : si les associations anti-corruption doivent être agréées –ce qui pourrait d’ailleurs se discuter-, elles devraient l’être par une autorité indépendante : Défenseur des droits ou Haute Autorité de la Transparence de la Vie Publique. La prochaine loi sur « la confiance dans l’institution judiciaire » pourrait être le moment de cette avancée.
Enfin, Anticor continuera à faire ce qu’elle a toujours fait. Expliquer les enjeux de nos combats, assister les lanceurs d’alerte, constituer des dossiers, secouer le monde politique, informer le parquet, saisir un juge indépendant lorsque c’est nécessaire, exiger la fin de l’impunité. Si vous avez envie de vous impliquer dans ces missions, sachez que chacun peut s’engager dans le mesure de son temps disponible et que c’est le travail de beaucoup de militants qui fait la force de cette petite association qui devient grande.
« Ils ont voulu nous enterrer. Ils ne savaient pas que nous étions des graines. » Proverbe mexicain.
À bientôt,
Élise VAN BENEDEN et l’équipe d’Anticor