s'informer à l'ère du numérique
23 Octobre 2018 , Rédigé par Thierry BILLET
La deuxième conférence du cycle "le numérique c'est fantastique" qu'a lancé la Ville portait sur l'information à l'ère du numérique. Je regrette qu'il n'y ait eu aucun journaliste pour y assister car Marie RUMIGNANI a su intéresser son auditoire en racontant d'abord comment le numérique a ringardisé la presse écrite de manière déterminante en nous mettant en présence d'une "infobésité".
L'information à l'ère du numérique est obèse : l'équivalent de 174 journaux papiers par jour pour un français. Mais elle est très souvent "low cost", produite à la chaîne par des éditeurs de contenu sur des plate-formes qui utilisent des algorithmes qui vont prédire ce que vous allez vouloir voir à partir de ce que vous avez déjà consulté. Ces algorithmes sont utiles à des analyseurs du web qui vont établir des profils correspondant à vos consultations. CAMBRIDGE analytica qui est mis en cause dans l'intervention dans la campagne américaine pour les Russes à partir des infos de FACE BOOK est un de ces analyseurs.
Le deuxième pilier est "l'économie de l'attention" : il faut nous garder scotché à l'application sur laquelle on se trouve en recommandant à la fin de chaque article ou de chaque chanson une nouvelle proposition étudiée grâce à votre profilage informatique.
Le troisième est "l'instantanéité": il n'y a plus d'heure de "bouclage" de l'information au delà duquel on attendra le lendemain. L'information est partout et tout le temps : il faut en permanence inventer du suspense, créer du sensationnel, générer du stress qui garde le lecteur, spectateur collé à son écran.
Dans ce modèle, j'ai retenu parmi tous les autres, une analyse du fonctionnement des réseaux sociaux : "on fait plus confiance à son proche qu'à la source". Autrement dit, si mon copain publie une rumeur infondée, je crois mon copain et je ne vérifie pas. Souvenez vous, comme moi, combien d'informations bidonnées sur les revenus des députés, sur l'éléphant qui fait traverser le lionceau parce qu'il a trop chaud aux pattes... nous avons crues, voir partagées ?
Au milieu de cette surabondance immédiate, Mme RUMIGNANI a attiré notre attention sur l'existence de médias, y compris des "pure players", c'est à dire des médias jamais passés par le papier, qui réinventent le journalisme. Chacun connaît MEDIAPART, mais qui connaît l'excellent choix éditorial de LES JOURS qui a choisi les enquêtes au long cours, un peu sur le mode de XXI dans la presse écrite; mais aussi ARRET SUR IMAGE pour l'analyse des médias ou REPORTERRE sur l'écologie. Tous ces titres apportent une valeur ajoutée journalistique qui fait plaisir et rend intelligents. Car le numérique permet une offre journalistique nécessitant moins d'investissements que la presse papier; et donc l'innovation de collectifs de journalistes lassés de devoir courir après le mauvais scoop de la journée.
Comme je soutiens tous ces titres, j'étais un peu content en sortant de la conférence....
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