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thierry billet

Alain Juppé, l'enjeu de la liberté

17 Mars 2025 , Rédigé par Thierry BILLET

Après les rodomontades inquiétantes des RETAILLEAU, WAUQUIEZ ou DARMANIN sur l'Etat de droit, Alain JUPPE a accordé au Monde le 7 mars une longue interview où il cite MONTESQUIEU "Quiconque a du pouvoir est porté à abuser du pouvoir. C'est la raison pour laquelle, par la disposition des choses, il faut que le pouvoir arrête le pouvoir". Comme l'explique JUPPE, la séparation des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires est la garantie de la démocratie car elle empêche le totalitarisme de l'un ou de l'autre de ces pouvoirs et protège les citoyens des abus qu'il pourrait commettre.

L'Etat de droit est donc sacré, n'en déplaise aux Républicains dont l'appellation sonne désespérément faux désormais. RETAILLEAU tient le même discours que TRUMP, ORBAN ou NETANYAOU et bien sûr le R-HAINE : j'ai été élu et donc je peux faire ce que je veux puisque je tiens ma légitimité de mon élection et donc je dois pouvoir décider sans aucun contre pouvoir.

L'exact contraire de MONTESQUIEU. Et la menace tenace d'un pouvoir politique élu qui ne tolère aucune contradiction.

Comme DARMANIN, Garde des sceaux qui ne défend plus les magistrats de son Ministère quand ils prennent en leur âme et conscience des décisions qui lui déplaisent; ou le ministre des Transports qui accable les juges administratifs.

JUPPE rappelle "si le constituant peut changer la constitution il n'y a pas de gouvernement des juges"le constituant c'est le peuple représenté par ses députés et ses sénateurs qui ont le pouvoir de modifier la Constitution selon des règles démocratiques qui font notre bien commun.

JUPPE, interrogé sur la guerre et le respect des libertés publiques rappelle que "On ne peut pas mentir explicitement au nom de la liberté d'expression"; on ne peut pas mentir en s'offusquant que ces mensonges soient dénoncés comme tels parce que cette dénonciation du mensonge serait une atteinte à la liberté d'expression. "Il faut se battre à nouveau pour dire qu'il y a des vérités, des doutes, des faits qui sont des vérités qu'il ne faut pas travestir", ajoute t'il.

Alors que la déraison semble gouverner le monde depuis quelque temps, Alain JUPPE parle d'or. Le Vice-président du Conseil d'Etat rappelle que "Quand il n'y a pas d'Etat de droit, on règle nos différends par la force, et c'est le plus fort et le plus violent qui l'emporte. Dans un Etat de droit, on règle les conflits par le droit et c'est le juge qui est chargé de résoudre les différends en appliquant la loi. Il garantit ainsi une forme d'apaisement. Dans une période de grands bouleversements, de défis sécuritaires ou climatiques, c'est le moment où les institutions doivent être solides. Plus les vents soufflent, plus il faut que les institutions soient stables".  

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Un chantier d'ampleur

16 Mars 2025 , Rédigé par Thierry BILLET

La réfection de la mairie va commencer. La bâche de protection de l'échafaudage a été retirée avant que la grue qui va servir à installer la nouvelle charpente n'ait été installée. De ce fait, il pleut dans le bâtiment dont on nous dit depuis des mois qu'il menace ruine. On n'aurait pas pu attendre et faire correspondre le démontage avec l'installation de la grue ? Comme le reste, les LARDORG se moquent du quotidien tout occupés qu'ils sont à la "transition" à venir qui s'apparente de plus en plus à une fuite en avant intellectuelle sans lien avec la vraie vie des annéciens.

Ils n'ont pas vu par exemple que le chantier est ouvert à tout vent comme le montre la photo ci-dessous. Gageons que le conseiller de prévention qui va suivre le chantier s'en occupera...demain ou plus tard. 

Un chantier d'ampleur
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Antoine ARMAND, les fonctionnaires et le temps de travail des enseignants

15 Mars 2025 , Rédigé par Thierry BILLET

Antoine ARMAND, interviewé sur PUBLIC SENAT, ressert à propos de la crise budgétaire et de l'effort de guerre l'antienne du temps de travail des enseignants à propos du déficit budgétaire de la FRANCE. SARKOZY l'avait fait il y a encore quelques semaines à propos de ces enseignants qui travaillent 6 mois par an...

Au moment où chaque fermeture de classe se heurte à la résistance des parents d'élèves, où l'Etat n'arrive plus à suffisamment recruter d'enseignants dans le secondaire, où la valse des ministres éphémères de l'Education nationale désorganise ce qui fonctionnait encore, et où l'école de la République perpétue la reproduction sociale dans des proportions incompatibles avec l'idéal républicain, Antoine ARMAND ne devrait-il pas plutôt se préoccuper de l'attitude des ultra-riches (SAADE, ARNAULT...) partis faire allégeance à TRUMP ou finançant le soutien à la RUSSIE (Bolloré) que du temps de service des instituteurs ?

Antoine ARMAND reprend en outre  la malhonnête comparaison entre le nombre de fonctionnaires en ALLEMAGNE et en FRANCE qu'il a reprisé d'un certain Eric CIOTTI...) Sauf que TF1 rappelle : 

"Ces chiffres suffisent-ils à juger défaillante l'organisation française ? Sans doute pas. En effet, d'autres pays affichent une proportion de salariés dans la fonction publique plus importante que la France, en particulier au Nord de l'Europe. Au sein de l'OCDE, le Danemark, la Suède, la Finlande ou encore l'Estonie présentent par exemple un taux de salariés dans la fonction publique plus importants, sans pour autant que ces pays soient considérés comme des exemples de mauvaise gestion.

Par ailleurs, le cas de l'Allemagne est particulier, puisque la fonction publique ne recouvre chez nos voisins pas les mêmes activités. Prenons par exemple de la Poste, entreprise dans le giron de l'État en France, mais dont la privatisation avait débuté dès 1995. De même, des secteurs d'activités privatisés outre-Rhin ne le sont pas de manière identique en France. Des entreprises publiques ayant accompagné un mouvement de libéralisation - telles qu'EDF, GDF, ou encore France Telecom - comptent aujourd'hui encore des agents dont les contrats relèvent de la fonction publique. Et ce malgré des nouvelles embauches réalisées avec des contrats de droit privé. "C’est incroyablement difficile de faire des comparaisons internationales ", glissait ainsi aux Échos il y a quelques années l’Office fédéral allemand des statistiques (Destatis). Notons aussi, comme le fait France Inter que depuis les années 1990, "une grande partie des agents des services hospitaliers travaillent sous contrat privé". Ce qui explique en partie les chiffres allemands.

Se focaliser sur la seule question des effectifs paraît donc assez réducteur pour amorcer une réflexion sur la fonction publique. Une faible proportion d'agents publics ne constituera en effet pas nécessairement un signe de bonne gestion, pas plus d'ailleurs qu'une proportion plus élevée. Des pays de l'OCDE comme la Turquie, les États-Unis ou le Mexique, dont les modèles sociaux ne sont guère pris en exemple en France, affichent ainsi une proportion d'emplois dans la fonction publique assez nettement inférieurs à celui observé dans l'Hexagone. Traduisant avant tout des modèles d'organisation variables entre les différents pays, ces indicateurs purement quantitatifs ne disent rien de l'efficacité ou de la bonne organisation des services publics qu'ils recouvrent."

https://www.tf1info.fr/politique/fonctionnaires-la-france-compte-t-elle-pres-d-un-million-d-agents-publics-de-plus-que-l-allemagne-comme-le-dit-eric-ciotti-2203443.html

Les propos de notre éphémère ministre de l'économie relève donc plus d'une fake news trumpienne que de l'exposé documenté d'un normalien au concours de l'ENA. Mais comme tant d'autres politiciens énarques, l'utilisation du prestige de la grande école qu'ils ont fréquentée leur sert de piédestal pour énoncer des âneries statistiques que des journalistes incompétents ou courtisans ne relèveront pas.

Antoine ARMAND évoque à l'occasion de cet entretien les municipales de 2026 dans "sa" ville d'ANNECY où il n'a jamais vécu, où ses enfants ne vont  pas à l'école, et où il loue un studio pour ses apparitions locales...  oubliant qu'il s'est présenté aux cantonales en 2021 à ... LA ROCHE SUR FORON où il devait se présenter aux législatives si M. SADDIER n'y avait pas mis son véto... 

 

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Cercle de silence, 2° acte le 18 mars

15 Mars 2025 , Rédigé par Thierry BILLET

Alors que la fureur du monde et les déclarations provocatrices nous déconcertent et inquiètent, le cercle de silence dédié à l'accueil digne des personnes qui ont dû quitter leur pays peut paraître dérisoire. Il l'est sans doute. Mais ne rien faire est-il une option ? Une heure debout pour témoigner et pour rencontrer les passants surpris de cet attroupement sans bruit alors que tout court autour de nous. Une petite heure simplement pour être là et dire que les discours de haine ne doivent pas gagner.

Ce sera le mardi 18 mars à 18 heures Place François de Menthon. Et tous les 18 de tous les mois à venir... Mettez une croix mensuelle sur vos agendas si vous souhaitez participer.

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Cadre de vie et écologie

13 Mars 2025 , Rédigé par Thierry BILLET

Les LARDORG adorent les réflexions stratégiques à 2050 et les concertations méthodologico bienveillantes sur inscription obligatoire par internet et questions posées à l'avance. Par contre, s'occuper de la Ville et du quotidien de ses habitants; c'est autre chose. Cette photo ci-dessous en est l'exemple. Comment ASTORG and Co peuvent-ils laisser faire et durer dans le temps de telles situations au bord du lac ? Leur solution semble la privatisation de la propreté urbaine.

Pour ANNECY a alerté sur un appel d'offres municipal en ce sens : autrement dit, plutôt que d'être attentifs à ces questions de cadre de vie quotidien, les LARDORG veulent confier la propreté à une entreprise privée pour pouvoir se défausser sur elle quand il y aura des problèmes.

Ce ne sera pas la faute des élus si la Ville est sale, ce sera la faute de VEOLIA, SUEZ ou ONETT. Exactement l'inverse de la politique menée depuis la Libération à ANNECY; celle de l'intégration municipale pour maitriser les coûts et assurer un service public de qualité. Or seul le service public peut assurer sur le plan municipal une qualité liée à la proximité entre les agents, les élus et la population par l'interface permanente entre le regard des uns et la satisfaction du travail bien fait de l'autre dans une relation fondée sur la durée. Un prestataire extérieur fera tourner les équipes, prendra des intérimaires, ne s'investira pas dans une relation faite pour durer.

Des écologistes qui privatisent le service public, nos LARDORG sont à front renversé avec leurs référents nationaux qui défendent le service public dans toutes leurs déclarations et leurs propositions de loi.  Je m'imagine la tête de Mme GREBER et de M. TATU d'ici si ils sont interrogés sur l'incohérence de leurs déclarations à LYON ou PARIS, et leurs pratiques à ANNECY. 

PS : la reproduction des articles de ce blog sur les réseaux sociaux est évidemment libre de droits; n'hésitez pas.

 

Cadre de vie et écologie
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Les LARDORG, la Qualité de l'air, la ZFE et le foutage de gueule...

10 Mars 2025 , Rédigé par Thierry BILLET

Avez-vous remarqué ce panneau routier dans notre Ville ? Le rond rouge sur fond blanc, c'est la signalisation d'une zone de faible émission (ZFE) pour la qualité de l'air. En dessous doit figurer la ou les catégories de véhicules qui ne sont pas admis. A ANNECY, les LARDORG ont choisi que tout soit autorisé.

Autrement dit, cette ZFE est totalement bidon. Elle n'aura aucun impact sur la qualité de l'air puisque tous les véhicules sont autorisés, même les plus polluants et par tous les temps; c'est à dire que même en période de pollution grave à l'ozone ou aux particules fines, tous les véhicules pourront circuler. C'est à dire, encore une fois, moins contraignant que la Zone de circulation différenciée que nous avions mise en place en 2018/2019...

Tous nos écolo-égoïstes devraient avoir tout simplement honte de cette ZFE quand ils regardent ce qu'ont fait leurs collègues de GRENOBLE, LYON ou STRASBOURG. La différence c'est que dans ces villes, les élus verts ont une colonne vertébrale politique et déroulent un programme qui peut être critiqué, mais qui est cohérent.

A ANNECY, nos écolo-égoïstes viennent chercher des indemnités d'élus et travailler le moins possible. 

Alors une ZFE pour rire ne les dérange pas : ils n'auront pas à affronter les lobbies routiers, ni à réfléchir à l'accompagnement social envers les plus pauvres, ni aux infrastructures de transfert modal indispensables.

Et c'est la seconde raison de cette ZFE bidon : les LARDORG n'ont rien fait depuis 2020 en matière de parkings-relais qui sont un préalable indispensable à la création d'une ZFE efficace. Et donc, adopter une ZFE qui ne sert à rien leur permet de passer sous silence leur nullité en matière de transports collectifs.

En 6 ans, ils auront coulé la SIBRA et construit aucun P+R... Quel bilan ! 

Les LARDORG, la Qualité de l'air, la ZFE et le foutage de gueule...
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Vous n'avez qu'à m'écrire...

9 Mars 2025 , Rédigé par Thierry BILLET

Je dénonçais il y a quelques jours l'état du square des martyrs de la déportation (ici) Voici l'état de la pelouse après que les LARDORG aient lu mon post. Vous y trouverez la preuve au choix :

1/ que le hasard existe dans la programmation des travaux municipaux et que la concordance des dates est fortuite...

2/ que vous allez m'envoyer toutes les photos des endroits dégradés dans la Ville pour que cet heureux hasard se reproduise près de chez vous...

Vive la vie, Thierry

Vous n'avez qu'à m'écrire...Vous n'avez qu'à m'écrire...
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Questionnaire Municipales 2026

8 Mars 2025 , Rédigé par Thierry BILLET

Bonjour à toutes et tous,

 

👉🏼 Nous sommes à un an environ des élections municipales d'Annecy.Nous connaissons tous la situation actuelle de notre ville et avons déjà établi différents constats.


Pour autant, le moment est venu de recueillir vos attentes et celles d'un maximum d'Annéciennes et d'Annéciens pour répondre aux besoins du quotidien mais aussi pour porter une vision d'avenir.


Nous avons élaboré un premier questionnaire en ligne, qui sera suivi d'autres, et qui vous prendra quelques minutes pour y répondre. Celui-ci servira à orienter les axes prioritaires du projet 2026 et à poser les bases du travail que nous aurons à conduire ensemble.

 

Je vous demande donc personnellement d'y répondre mais aussi de prendre de votre temps pour recueillir autour de vous l'avis d'au moins 5 à 10 personnes (voisins, amis, famille…), qu’ils soient de votre avis ou pas... et faire remplir ce questionnaire pour obtenir un panel significatif de réponses.


Merci pour vos retours d’ici 2 semaines (la date maxi est fixée au 21 mars).

 

Nous ferons ensuite une synthèse et l'analyse globale des résultats qui vous seront communiqués et que nous partagerons également lors d'une grande rencontre début avril pour orienter la suite de ce projet collectif.

 

Le questionnaire est accessible par toutes et tous, à l'URL :

https://jeparticipe-pourannecy.fr/

 

👉🏼 Vous pouvez accéder au questionnaire en cliquant sur le lien suivant : 

Je compte sur vous et vos contributions pour dessiner ensemble le futur d'Annecy.

C’est parti !

 

Merci pour votre soutien, et à très vite. 

 

Jean-Luc RIGAUT,

Le Collectif Pour Annecy 2026

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Autoroute A69, critiquer les Juges ou remettre en question le passage en force ?

7 Mars 2025 , Rédigé par Thierry BILLET

L'ami Julien BETAILLE livre dans une tribune au MONDE une analyse fine de la décision d'annulation de l'autorisation de l'autoroute A69 par le tribunal administratif de TOULOUSE qui mérite qu'on s'y arrête car  une fois de plus, des responsables politiques remettent en cause le "pouvoir des juges" parce qu'une décision ne leur plaît pas. 

Pourtant, les juges appliquent la Loi que ces mêmes parlementaires ont votée. Si ils travaillaient plus sérieusement, ces mêmes députés analyseraient les conséquences possibles de leurs votes et s'éviteraient ainsi le ridicule d'une dénonciation sans cause. Malgré cela, ils revendiquent de pouvoir à nouveau cumuler des mandats, histoire de mal faire à la Ville et au parlement. Mais je laisse la parole à Julien sur le fond.

Les réactions suscitées par l’annulation du projet d’autoroute A69 du tribunal administratif de Toulouse sont inquiétantes. Le ministre des transports [Philippe Tabarot] a qualifié cette décision d’« ubuesque » et a considéré qu’il n’était « pas acceptable » que la justice administrative puisse remettre en question une décision administrative. Une journaliste du Point [Géraldine Woessner] a dénigré le travail mené par une magistrate en raison de sa prétendue inexpérience. Un ancien président de l’Assemblée nationale [François de Rugy] a appelé à « redéfinir le champ d’intervention des juges administratifs ». Un sénateur [Union centriste] du Tarn [Philippe Folliot] a annoncé sa volonté de déposer une proposition pour modifier la loi. Cela donne le sentiment qu’une partie des responsables politiques défendent la raison d’Etat plutôt que l’Etat de droit.

Face à ce type de réactions, il faut rappeler que le rôle du juge, en tant que tiers indépendant, est de trancher des conflits sur la base du droit, et ainsi de les pacifier. Il tire sa légitimité de son indépendance et du fait qu’il s’en tient à l’application de règles de droit adoptées démocratiquement. Evidemment, son travail comporte une part de subjectivité : l’interprétation est toujours une décision, jamais une simple déduction logique. Mais plutôt que de critiquer la justice, les partisans de l’autoroute A69 peuvent tout simplement exercer leur droit de faire appel. S’agissant de la liaison CDG Express, la cour administrative d’appel est ainsi revenue, en avril 2022, sur la décision du tribunal administratif. La discussion juridictionnelle sur l’A69 est donc loin d’être terminée : il est inutile de s’en prendre à l’institution.

Les enjeux sont plus profonds encore. On comprend évidemment la frustration que cette décision a générée, car ses conséquences sont majeures. En fin de compte, tout le monde est perdant : les élus locaux, le concessionnaire, l’Etat, mais aussi la biodiversité. La réalisation de plus de la moitié des travaux avant la décision du tribunal entraîne en effet un immense gaspillage financier. L’arrêt du chantier menace de mettre des centaines d’ouvriers au chômage et, quoi qu’il arrive par la suite, la biodiversité en sortira perdante : même si des poursuites pénales sont engagées et que le concessionnaire est contraint de réparer le préjudice écologique causé par les travaux, cela ne permettra pas de revenir à la situation écologique antérieure.

La stratégie du fait accompli

Les responsables de cet immense gâchis ne sont pas les juges qui ont appliqué la directive « Habitats » [du 21 mai 1992 concernant la conservation des habitats naturels], pas plus que les associations qui ont exercé leur droit d’agir en justice, mais le concessionnaire autoroutier, qui, en toute connaissance de cause, a pris le risque d’engager d’immenses travaux avant d’avoir la certitude que son autorisation ne serait pas annulée par la justice. Même si l’issue d’un procès n’est jamais certaine, le risque d’annulation pouvait en effet être anticipé. La justice administrative avait d’ailleurs déjà annulé, sur le même fondement, d’importants projets routiers, comme la déviation de Beynac-et-Cazenac, en Dordogne.

La surprise qu’a suscitée cette décision, et probablement la raison de l’excès de confiance du concessionnaire, s’explique par le fait que c’est la première fois que la justice annule l’autorisation d’un projet autoroutier pour des raisons environnementales. Jusqu’à présent, elle s’était montrée très clémente à l’égard des autoroutes, ce qui ne manquait pas de susciter la critique. D’une certaine manière, elle a ici fait la preuve de son indépendance. C’est certainement aussi cela qui lui vaut d’être sous le feu des critiques.

Plus fondamentalement, cette situation appelle à une réflexion sur les procédures juridictionnelles en matière d’environnement. Cette stratégie du fait accompli utilisée pour mettre la justice au pied du mur n’est absolument pas nouvelle, et, jusqu’à présent, les procédures dites « d’urgence » prévues pour la contrecarrer sont restées largement impuissantes : quand le juge n’a pas le temps d’examiner en profondeur un dossier nécessairement très complexe, il est très frileux à l’idée de suspendre l’exécution de travaux d’ampleur. On peut le comprendre, mais les conséquences de cette situation sont graves : l’A69 n’en est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Pragmatisme

Tant que ces conséquences ne concernaient que l’environnement, personne ne s’en préoccupait vraiment, mais le cas de l’A69 montre bien que tout le monde a beaucoup à perdre en l’absence de procédures juridictionnelles efficaces. Il faut donc travailler sérieusement et sans a priori sur des règles spéciales en matière d’environnement. Une option possible serait de prévoir que le dépôt d’un recours contre ce type de projet entraîne automatiquement sa suspension et que, concomitamment, le juge a l’obligation d’examiner ce recours dans un délai relativement court, par exemple un an. Cela présenterait, bien sûr, des inconvénients, mais, face au défaut de sagesse de certains maîtres d’ouvrage, c’est probablement nécessaire pour assurer une protection crédible de la biodiversité et améliorer significativement la sécurité juridique des projets, sans pour autant rogner l’Etat de droit.

En tout état de cause, un débat sérieux sur cette question est souhaitable. Evidemment, il ne doit pas être confisqué par des postures idéologiques : d’un côté, la défense inconditionnelle de nouvelles infrastructures ; de l’autre, leur dénonciation systématique. Il doit être abordé avec pragmatisme dans le but de pacifier les conflits, qui, malheureusement, n’ont pas manqué de se développer ces dernières années. Ne laissons pas croire qu’il suffit d’ériger une zone à défendre pour se faire entendre : nos institutions doivent être en mesure de régler pacifiquement ce type de questions. Cela passe par de meilleures procédures juridictionnelles, pas par la limitation des recours ou la critique de la justice.

Julien Bétaille, maître de conférences à l’Ecole de droit de Toulouse (université Toulouse-Capitole), est membre de l’Institut universitaire de France.

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