SAILLANS, défaite de la liste collaborative
22 Avril 2020 , Rédigé par Thierry BILLET
La gestion "collaborative" de la petite commune de SAILLANS (environ 1 300 habitants) a été citée en exemple par toute la presse écologiste et au-delà comme un modèle de gestion associant toute la population aux décisions. Le verdict des urnes a été douloureux pour ces élus qui espéraient un second mandat : ils ont été battus de peu par une liste "classique" concurrente.
C'est que ce modèle de gestion "transversale démocratique" fondé sur des groupes de travail permanents, des assemblées délibératives, etc. nécessite pour fonctionner que les habitants décident d'y consacrer du temps sur la durée. Pas simplement dans le temps restreint d'une campagne électorale; mais chaque semaine au moins pendant 6 ans. Et ce rythme-là épuise les bonnes volontés, élimine ceux dont les contraintes de temps sont les plus fortes, exacerbe les mécontentements quand les réunions s'enlisent à cause d'un intervenant qu'on n'arrive pas à "canaliser"...
Je repense à cet instant à quelques moments de nos ateliers climat du printemps dernier où certains ne venaient que pour annoncer leur vérité révélée sans aucune envie d'écouter d'autres points de vue et hurlaient au déni de démocratie quand on leur rappelait les règles du jeu d'une co construction démocratique d'un projet à écrire ensemble. Ce faisant ils faisaient fuir les annéciens de bonne volonté qui venaient simplement pour participer et apporter leurs idées.
Cette question de la démocratie locale nécessite plus que des déclarations d'intentions louables dans le cadre d'une campagne municipale : elle nécessite une articulation entre le fonctionnement d'une équipe élue qui assure la continuité de l'action publique, arbitre et se serre les coudes en face des difficultés et la grande masse des habitants et notamment des plus démunis qui sont trop pris par les difficultés du quotidien pour avoir le temps de participer. Annoncer comme je l'ai lu pendant la campagne municipale annécienne qu'on organisera des formations en ce sens me paraît bien léger au regard de l'objectif à atteindre. Faire fonctionner ensemble une centaine de militants convaincus et disposant du bagage culturel et de la disponibilité de temps pendant quelques semaines pour rédiger un programme municipal n'a rien à voir avec la gestion quotidienne d'une ville de 130 000 habitants. Au-delà du changement d'échelle, c'est l'état d'esprit des participants qui diffère. Vouloir transposer l'un à l'autre, c'est se tromper de méthode et donc de facto réserver la prise de décision à ceux qui culturellement et sociologiquement en maîtrisent les outils, notamment numériques.
Des solutions empiriques comme l'observatoire citoyen du projet de territoire du GRAND ANNECY associant une centaine de personnes représentatives sociologiquement des habitants du territoire auxquels on laisse le temps de réfléchir en commun, de prendre des avis extérieurs et de faire un retour public de son analyse me semble, comme la convention citoyenne sur le climat, une pratique vertueuse qui prenne en considération tous les points de vue de départ sans exclusive.
PS : l'article ci-dessous du MONDE date d'avant les élections municipales du 15 mars.
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