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thierry billet

Toujours plus de pesticides, pourquoi ?

2 Novembre 2022 , Rédigé par Thierry BILLET

Les objectifs de réduction de l'utilisation des phytosanitaires portés par les différents plans gouvernementaux ne sont pas atteints. Pire l'utilisation de ces pesticides augmente malgré cela de 25% de 2009 à 2017. 3,7 kilos par hectare en 2018. Comment cela s'explique t'il ?

Cette augmentation n'est pas équitablement répartie entre toutes les exploitations agricoles. Ce sont en réalité les grandes exploitations (céréalières, betteravières, maïsiculture..;) qui font exploser les compteurs  : leur consommation a augmenté de 55% en 10 ans. Ces grandes cultures sont en croissance en nombre d'hectares et en nombre d'exploitations. La polarisation voulue par la politique agricole à vocation exportatrice des années 60 se poursuit avec de plus en plus d'exploitations  importantes (+24% en 10 ans) et de plus en plus grosses (+69% de surface). Les autres agriculteurs se font donc bouffer par les déjà gros à chaque décès ou cession de terre. Et ces énormes exploitations, sans état d'âme, utilisent de plus en plus de phytosanitaires pour réduire la main d'oeuvre nécessaire, en mécanisant à outrance pour être compétitifs sur les marchés mondiaux. Ce sont les mêmes qui veulent les mégabassines dans l'Ouest pour continuer ce modèle agricole. Et ce sont les mêmes qui pilotent la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire. 

Sur les 23,2 milliards d'aides publiques à l'agriculture annuels, 89% n'a aucun impact sur la réduction des pesticides et 11% ont pour intention de les diminuer (dont 1% a un effet réel). Sur les 19,5 milliards de financements privés à l'agriculture (essentiellement les prêts) les agriculteurs drogués aux pesticides mobilisent 60% d'emprunts de plus que les exploitations moins intensives en phytosanitaires. C'est "logique" : ils ont besoin de plus de matériels de plus en plus chers et de financer les acquisitions des terres des voisins (de plus en plus éloignés) pour s'agrandir encore et encore. 

Un autre modèle agricole est évidemment possible mais il nécessite de se désaccoutumer de la drogue phytosanitaire. Et comme toute conduite addictive, elle est pénible à mettre en place; surtout quand il suffit de quelques tonnes de lisier devant une Préfecture pour que les pouvoirs publics capitulent. D'autant que les banques, à commencer par le Crédit Agricole, prêtent à tout va pour étendre une exploitation déjà importante, mais freinent l'implantation d'un jeune qui se reconvertit dans l'agriculture. 

 

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