Le pire peut-il être pensé ?
2 Mai 2010 , Rédigé par Thierry BILLET
L'explosion de la plate forme de forage de BRITISH PETROLEUM dans le golfe du MEXIQUE pouvait-elle être pensée ?
Comme pour nos centrales nucléaires, la réponse est NON. Le pire n'est pas pensable : on se débrouille pour l'ignorer ou pour décider que les mesures prises suffisent...et croiser les doigts. L'accident de BP ne pouvait pas arriver : les études de prévisibilité avaient eu lieu et elles avaient montré que l'accident était impossible car toutes les mesures de sécurité avaient été prises.
Cela me rappelle une formation à la sécurité dans une entreprise sous-traitante d'un pétrolier près de l'étang de BERRE. Je sortais de l'inspection du travail et j'animais cette formation. Je fus vite interrompu par l'ingénieur sécurité de ce pétrolier qui me coupa la parole en annonçant qu'il y avait une solution radicale : la méthode DUPONT DE NEMOURS. Il expliqua que l'industriel chimiste DUPONT avait réglé le problème de la sécurité dans ses usines de poudrières lorsqu'il avait obligé ses directeurs à y vivre avec leur famille. L'accident pouvait donc être interdit et il suffisait pour cela de le vouloir. La preuve était apportée par les résultats de l'entreprise qui n'enregistrait aucun accident du travail. Et le modèle était transposable puisque notre homme assurait que les sous-traitants étaient sur la même voie. Une fois qu'il fut parti, j'interrogeai les stagiaires qui m'expliquèrent qu'effectivement, puisque l'accident est interdit, ils évacuaient les accidentés de l'intérieur de la raffinerie jusqu'au baraquement qu'ils occupaient à l'extérieur et là, ils faisaient la déclaration d'AT...
Il n'y avait donc aucun accidenté du travail dans la raffinerie.
Mais l'usine TOTAL de LA MEDE explosa l'année suivante.
Le pire n'est pas pensable parce qu'il aboutirait à s'interdire de prendre certains risques ou à
arrêter certaines productions. C'est dans la logique d'économie à court terme qui nous conduit impensable. Il est plus simple de fermer les yeux et de faire confiance à la
technique.
J'ai déjà raconté ici comment lors de la première réunion du CLIC du Groupement pétrolier de HAUTE SAVOIE, j'ai constaté que les représentants du personnel n'étaient pas là, ce qui évitait qu'ils racontent leurs conditions de travail ou qu'ils entendent les craintes des uns ou des autres. Et que cette absence n'avait été relevée par personne. Ou comment lors de l'exercice incendie que j'ai demandé, il manquait beaucoup d'eau dans la lance des pompiers... Ou comment les services de l'Etat confondent "arbre des causes" et méthode de prédiction des incidents...
Puisque le pire n'est pas pensable, l'accident n'aura donc pas lieu et les exercices d'évacuation sont reportés de mois en mois.
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