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thierry billet

Le modèle social à l'épreuve de la crise

15 Février 2015 , Rédigé par Thierry BILLET

Le CREDOC a publié en octobre 2014 une étude sur « le modèle social à l'épreuve de la crise ». Le résumé de ce travail d'enquête est :

« Stressés par la crise, n'ayant plus confiance dans les institutions et leur capacité d'infléchir le réel, inquites des risques de déresponsabilisation du modèle social, et valorisant la liberté et l'autonomie individuelle, les Français tendent, en ce début 2014, à s'affranchir du collectif pour ne compter que sur eux-mêmes.

Les doutes par rapport à l'efficacité du système de protection sociale se font davantage entendre. Les inquiétudes par rapport aux profiteurs du système surpassent la perception du non-recours aux aides et droits qui touche pourtant un Français sur cinq. Dans le même temps, la population semble appeler de ses voeux une forme d'expression du principe de laïcité à la française, censé limiter les tensions entre groupes religieux, qui inquiètent une part importante de nos concitoyens ».

 

Chaque mot a été pesé dans ce résumé, mais ce constat est étayé par des chiffres précis. Par exemple sur cette impression qu'il y a beaucoup de fraudeurs aux allocations sociales, alors que « le désenchantement vis à vis de la protection sociale est particulièrement marqué chez les personnes les plus fragiles qui pourraient pourtant bénéficier des filets de protection en cette période de crise. ». Alors que le taux de pauvreté n'a jamais été aussi élevé depuis 1996, l'action en faveur des plus démunis n'est plus véritablement une idée fédératrice de la société français.

 

64% des français pensent que les chomeurs pourraient trouver du travail si ils en cherchaient vraiment. 37% pensent que les pauvres n'ont pas fait d'effort pour s'en sortir.

 

« Les valeurs « libérales » gagnent du terrain tant sur le plan des moeurs (soutien au mairage gay, au suicide médicalement assisté en fin de vie), que sur le plan économique (moindre demande de régulation des entreprises, exaspération fiscale) ou social (valorisation des initiatives individuelles). Malgré tout le sentiment que les inégalités se creusenet est toujours très présent dans l'opinion (81% des français).

 

Le plus étonnant est l'écart entre la perception de l'abus du système (84% d'assentiment) et le constat que 19% des Français ont renoncé à des aides, des allocations, des tarifs sociaux, des droits auxquels ils pouvaient prétendre au cours des 12 derniers mois. 59% de ces 19% par manque d'information, 20% par le découragement devant les démarches à accomplir et 17% parce qu'ils veulent s'en sortir eux mêmes. Le tableau est donc très différent de sa représentation mentale dans la société française. Les mensonges sur les abus des français en matière de protection sociale ont réussi à convaincre la majorité de nos concitoyens. L'explication est sans doute à chercher dans « un sentiment de déclassement progressivement infiltré dans la population et notamment chez les catégories intermédiaires ». 75% de la population ont l'impression de faire partie du bas de la pyramide sociale, contre seulement 59% en 1999. Derrière ce sentiment de déclassement social se cache le vote F-HAINE, un moyen dérisoire de recouvrer une certaine estime de soi en osant voter courageusement contre les candidats du système malgré toutes les raisons objectives et historiques de ne pas le faire. Et dans cette cohérence, « les classes moyennes dominées par le sentiment d'être « oubliées » par les politiques sociales sont nombreuses à en pointer les abus. » 51% de la population pense qu'il y a trop de prestations familiales accordées uniquement aux plus défavorisés.

Le mécanisme est connu, celui de la société du sablier (décrite il y a longtemps par Alain LIPIETZ) où les classes moyennes sont hantées par la peur du déclassement et la chute dans le fond où elles retrouveront les plus démunis qu'elles accusent de tous leurs maux au lieu de mettre en cause l'organisation sociale et politique qui autorise et défend le sablier. Là encore le F-HAINE est le seul bénéficiaire de cette peur du déclassement qui incite à voter pour le parti qui promet de renvoyer les pauvres chargés de famille chez eux et ainsi récupérer des aides et de la protection sociale pour eux. Chimère absolue et mirage économique, mais qu'ils sont beaux à croire pour nos concitoyens qui n'ont plus aucune confiance dans les élites assimilées aux vidéos en boucle de l'obsédé sexuel, du fraudeur du fisc, du profiteur de rentes institutionnelles injustifiables, du conflit d'intérêt généralisé, etc.

 

Sur l'immigration, les français sont partagés : 55% estiments que « la diversité des cultures et des origines est une richesse pour notre pays », mais 44% pensent qu'elle peut rendre la vie en commun difficile. Sur ce positionnement, les critères sociologiques sont déterminants. Les jeunes, urbains,diplômés qui voient la diversité plutôt comme une richesse d'un côté; des personnes peu diplômées, habitants de zones rurales qui l'appréhendent comme une difficulté. « Elle tient davantage aux attitudes en matière de tolérance en général (racisme déclaré, souhait d'intégration des immigrésà qu'à la proximité de vie avec les quartiers dits « sensibles » ».

 

La demande de laïcité se porte essentiellement sur le confinement des marques religieuses (voile, kippa, croix) dans l'espace privé et leur interdiction dans l'espace public y compris dans l'entreprise (81% d'adhésion).

 

En 2014, le sentiment que les pouvoirs publics dont trop ou ce qu'ils doivent pour les démunis et le fait de considérer que le RSA incite les gens à s'en contenter et à ne pas chercher de travail sont devenus pour la première fois majoritaire...

 

Et les français se trompent encore sur leur appréciation de la croissance des inégalités. Leur proportion qui croit qu'elles se resserrent est passée de 12% en 2013 à 19% en 2014. Alors que l'INSEE prouve que les inégalités de revenus se sont creusées ces dix dernières années, avec une croissance des revenus des 10% les + riches et une baisse des 10% les + pauvres.

 

Pour autant, interrogés sur leur situation personnelle, 93% de nos compatriotes se déclarent « bien intégrés » dans la société française, et 64% « très bien intégrés ». « Les individus ont donc une vision beaucoup moins négative de leur propre sort que de celui de la société dans son ensemble. L'amélioration du sentiment d'intégration est significatif et croissant avec les seniors, les diplômés et les revenus élevés ou chez les cadres, les professions intellectuelles supérieures et les professions intermédiaires. »

 

Les attentes prioritaires sont à 51% le chômage, à 34% de pouvoir bien se loger, à 22% de délivrer une éducation de qualité et à 16% des citations de garantir à tous la possibilité de se soigner.

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