Principe responsabilité vs aquabonisme
18 Mai 2020 , Rédigé par Thierry BILLET
Alors que plus de 60 plaintes pénales sont d'ores et déjà engagées contre des membres du gouvernement, nos concitoyens ne semblent pas réellement vouloir devenir acteurs de la protection collective que nécessite pourtant "la vie avec le virus". La preuve en est apportée par le peu d'appétence pour le port du masque alors qu'un masque au moins nous est fourni gratuitement par la Ville ou la Région.
D'un côté, des citoyens et des associations furieux que le gouvernement n'ait pas mis tous les moyens nécessaires à la lutte contre la pandémie et mettant de l'énergie et de l'argent à poursuivre en justice des ministres. "Le responsable, c'est l'autre "...
De l'autre, des citoyens qui ne souhaitent pas porter le masque; certains mêmes dans des locaux fermés comme les magasins ou chez le médecin; alors même que tous les scientifiques reconnaissent la pertinence de limiter les émissions de postillons... "L'enfer c'est les autres" comme disait SARTRE.
Peut-il se trouver que les français qui portent plainte refusent aussi le masque ? C'est plus que probable. Ce matin, dans un commerce, une discussion avec une personne ne portant pas le masque a conduit à la contestation par cette personne de l'utilité des vaccins qui "ne serviraient qu'à enrichir les laboratoires pharmaceutiques". "Je suis assez grande pour savoir ce que j'ai à faire. Et d'ailleurs je ne parle à personne dans la rue"... Il y a bien une cohérence à dénoncer les manquements gouvernementaux et à ne pas protéger les autres en ne portant pas un masque ou en ne se vaccinant pas : celle de l'individualisme qui consiste à estimer que les autres n'en font pas assez pour moi, mais que moi, je n'ai pas de leçons à recevoir des autres quant à mon comportement individuel.
Le "principe responsabilité" du philosophe Hans JONAS est de ce point de vue l'antithèse de ces comportements "aquoibonistes" (à quoi bon ?).
"Hans Jonas pense au contraire que la “responsabilité” à l’égard de l’humanité à venir est aujourd’hui un principe (et non une simple vertu…) c’est-à-dire le fondement même d’une conception totalement inédite de l’éthique. La responsabilité n’est plus conçue dans ses termes juridiques classiques: être responsable de ses actes, au sens usuel, c’est être en mesure d’en revendiquer la paternité, c’est-à-dire d’en répondre, notamment sous la forme de dédommagements (“responsabilité-imputablilité”). La responsabilité jonassienne est au contraire une idée morale et métaphysique. Responsabilité pour autrui-c’est-à-dire obligation où je me trouve de répondre d’autrui, même si aucune loi ne m’y oblige – et responsabilité devant l’avenir, c’est-à-dire responsabilité comme souci, ou encore sollicitude, et non pas capacité ou volonté d’assumer des actes ou des projets dont je serais partie prenante. Dans ces conditions, la responsabilité n’est pas le résultat de l’autonomie, elle en est le fondement. Elle n’est pas non plus une caractéristique particulière ou secondaire de l’humanité: tout au contraire elle en constitue le signe distinctif, voire la définition."
Relire JONAS pour comprendre que c'est la solidarité et le civisme qui nous sauveront des menaces climatique et pandémiste.
Et En bonus, la belle chanson de Serge GAINSBOURG.
Hans Jonas : Le Principe Responsabilité
Laurence Hansen-Love, auteur et co-auteur de divers ouvrages, dont Philosophie de A à Z et Cours particulier de philosophie, nous fait l'amitié de nous autoriser la reproduction de cet article ...
Jane BIRKIN : L'AQUOIBONISTE (Live)
L'aquoiboniste, par Jane Birkin (LIVE) Au CASINO DE PARIS - 1991-
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