"Petits gestes" ou "les riches d'abord" ?
2 Septembre 2022 , Rédigé par Thierry BILLET
Si il est une discussion oiseuse en matière environnementale, c'est celle-là : "qui doit commencer le premier la transition écologique ?". On sait statistiquement que la contribution aux gaz à effet de serre des plus riches en France est 5 fois supérieure à celle des 50% les plus pauvres (25 tonnes contre 5 tonnes par an). Et que les changements des comportements des consommateurs contribueraient au maximum à 25% de la réduction nécessaire des émissions de carbone. Pour autant, comment ne pas voir que la relation entre les deux est parfaitement dialectique ?
Les plus riches qui sont par ailleurs les actionnaires ou les dirigeants des grands groupes ne peuvent pas se moquer de la consommation éthique si elle devient majoritaire. On l'a ainsi vu avec le développement exponentiel du bio et du vrac dans les grandes surfaces. Si les plus pauvres se sentent menacés par la transition écologique, les riches qui possèdent le capital culturel et l'accès aux médias s'en servent pour illustrer que le changement est impossible. Dans ces cas-là, les riches deviennent soudain préoccupés par la question sociale uniquement pour combattre des mesures environnementales pertinentes mais qui impactent les plus pauvres. On l'a parfaitement vu lors de la taxe carbone. Rappelons nous les cris d'orfraie des RÉPUBLICAINS contre cette mesure écologique "anti sociale" ... alors qu'ils refusent par ailleurs l'augmentation du SMIC et des minima sociaux. Solidarité de pacotille et de circonstance qui permet à bon compte à la droite classique de se présenter en défenseure des pauvres alors qu'elle défend seulement la poursuite du modèle économique productiviste.
Mais qu'on me comprenne bien. La dialectique exige que l'Etat prenne en considération les écarts de richesse. La caricature des vols en jets privés de MM. ARNAULT et BOLLORÉ sans que le gouvernement ne trouve légitime d'intervenir permet à ceux qui ne veulent pas s'engager à leur (petit) niveau de trouver une excuse : je commencerai quand le gouvernement s'attaquera aux plus gros pollueurs. Il faudrait bien entendu que le chef de l'Etat et les ministres fussent exemplaires, ce qu'ils ne sont pas en matière de déplacement en jets comme le montre BASTA ! Au-delà de la discussion sur la part infime que représente en % des émissions celle des jets, les inégalités de droits à polluer sont inacceptables. Si chacun trouve une excuse dans l'abstention de l'autre, la spirale du réchauffement nous emportera tous.
C'est bien l'enjeu politique de la transition : embarquer tout le monde et pour ce faire répartir l'effort selon la contribution carbone de chacun en demandant une plus forte réduction à ceux qui émettent le plus.
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