FNSEA, les pompiers pyromanes
2 Février 2024 , Rédigé par Thierry BILLET
Entre une manifestation agricole des années 1970 et celle de ces derniers jours, ce qui change c'est... la taille des tracteurs. Sans doute 4 fois plus gros et 10 fois plus lourds; et 100 fois moins de paysans devenus 100 fois plus "gros". C'est le symbole le plus visible de la course à l'agrandissement que PISANI, le père de la politique agricole moderniste des années 1960, regrettait à la fin de sa vie. Cette politique du "toujours plus" quel qu'en soit le coût social et écologique a été cogérée par le puissant syndicat agricole FNSEA et l'Etat. Imagine t'on le dirigeant de la CGT ou de la CFDT devenir ministre du Travail ? Et bien, on l'a vu au moins deux fois pour la FNSEA : DEBATISSE et GUILLAUME sont devenus ministres après avoir été dirigeants de la FNSEA. De fait, rien n'a jamais été refusé à la FNSEA par son pantin ministre de l'Agriculture. Cette cogestion aboutit à l'impasse d'aujourd'hui.
Une mondialisation qui profite aux céréaliers mais vide les campagnes et organise la spéculation sur le prix des denrées agricoles. Une course à la taille qui maltraite la nature et les hommes. L'utilisation de plus en plus de phytosanitaires, devenus des bombes à retardement pour la santé des agriculteurs et celle des populations. Ajoutez y la crise de l'eau - patente dans des régions du SUD - mais présente partout en FRANCE et vous obtenez la situation actuelle que la FNSEA dénonce après l'avoir provoquée.
Et le gouvernement lui concède l'abandon des mesures environnementales pourtant indispensables à l'amélioration des éco-systèmes et de sauvegarde de la santé humaine. Même la distance d'épandage des produits chimiques aux abords des maisons est abandonnée ! En reportant une nouvelle fois la nécessaire adaptation de l'agriculture au nouveau régime climatique, le gouvernement recule une nouvelle fois sur des mesures de bon sens comme la replantation des haies ou la réduction des phytosanitaires. Ceci se paiera à la prochaine sécheresse et à la prochaine envolée du prix des produits chimiques, dégradant encore le revenu des agriculteurs.
La CATALOGNE vient d'annoncer la réduction de 80% de l'irrigation autorisée jusque là avec des réserves d'eau tombées à 16% de leur capacité : qui osera dire aujourd'hui que cela est impossible chez nous demain ? Les décisions du gouvernement et de la FNSEA nous préparent-elles à de tels chocs inévitables ? La réponse est évidemment NON.
MACRON réarme la machine à gaspiller l'eau et l'énergie par les agriculteurs jusqu'à ce que la Nature sonne rapidement la fin de la triste récréation que la FNSEA a obtenu par son coup de force de ces derniers jours. La très faible quantité de neige tombée cet hiver appelait au contraire à la sobriété et aux économies.
Au nom d'une "souveraineté alimentaire", cache sexe de la volonté des agro-industriels qui dirigent la FNSEA de continuer à exporter à tort et à travers, le gouvernement pratique avec le monde agricole comme avec le nucléaire : un grand COCORICO sur les succès du modèle français malgré une réalité économique et sociale toute autre. Une "vérité alternative" s'écrit donc fondée sur la flatterie de l'orgueil national et la dissimulation de ses coûts cachés.
Mais les faits sont têtus et la réalité climatique aura le dernier mot.
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