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thierry billet

Polluants éternels à RUMILLY, une caricature des impasses du droit de l'environnement

7 Février 2024 , Rédigé par Thierry BILLET

Les "PFAS" sont des polluants dits "éternels" c'est à dire qu'ils ne se dégradent pas avec le temps. L'un d'eux le PFOA a été retrouvé dans les eaux souterraines de RUMILLY et dans le sang de quelques rumilliennes volontaires pour rechercher sa présence. Malgré le fait que l'Agence régionale de santé (ARS) mesurait la pollution dans un puits depuis 2017, il a fallu attendre 2022 et la saisine de la Commission d'accès aux documents administratifs par LE MONDE pour que la population soit informée et l'eau potable coupée.

L'argutie de l'Etat est la même : "si il n'existe pas de limite de qualité réglementaire ou d'élément de suspicion, l'ARS n'assure pas de démarche proactive de consultation des résultats du suivi de l'Agence de l'eau" .

On comprend bien la spirale de méconnaissance généralisée que cette réponse de l'ARS signifie : puisqu'il n'y a pas de limite réglementaire, on ne cherche pas la pollution, et comme on ne cherche pas la pollution, rien n'attire l'attention nécessaire à l'élaboration d'une limite réglementaire.

Vous y rajoutez le poids de l'industriel auteur de la pollution, les emplois menacés, la lâcheté de l'administration et de la plupart des sachants; et la population découvre en 2022 qu'on lui a caché une menace prégnante.

La seule réponse politique est alors de trouver un moyen de réduire les risques (aller cherche de l'eau potable ailleurs).

Et puis ensuite ? 

  • Quels scientifiques et quels médecins français sont compétents pour analyser sérieusement cette pollution et ses conséquences sur la santé publique  ?
  • Quelle démarche pénale ou civile est-elle possible pour les habitants imprégnés au PFOA ? Quelle infraction a été commise ? Quel juge d'instruction pourra trouver les experts judiciaires compétents pour lui donner un avis sur le lien de causalité entre telle maladie et ce polluant ? 
  • Qui prendra la responsabilité de mettre TEFAL en face de ses responsabilités au risque de la délocalisation ?

Avec ces polluants éternels, on n'a même pas la solution facile de se dire que le temps fera son oeuvre et que la Nature recyclera tout cela à un terme qu'on espère le plus proche possible. La politique de l'autruche est alors la plus efficace : ne rien entreprendre c'est garantir qu'on ne rencontrera pas d'échec.

Et puis NESTLÉ vient bien de reconnaître qu'il a vendu de l'eau minérale volontairement traitée chimiquement sans alerter quiconque. Et comme, à force de baisses d'impôts pour supprimer des postes, il y a de moins en moins d'agents de contrôle pour contrôler, on ne peut plus compter sur un regard extérieur pour découvrir la fraude. NESTLÉ et les autres industriels savent parfaitement qu'ils ne sont pas contrôlés et ne risquent que par le courage de lanceurs d'alerte.

Alors peut-on reprocher à TEFAL d'avoir méconnu les risques du PFOA entrant dans la fabrication du miraculeux TEFLON ? Seule une enquête pénale le prouverait avec la saisie de documents anciens qui n'existent sans doute plus nulle part.

La pollution est là; les rumilliens ont raison d'être inquiets ou de penser à autre chose. : personne n'a de solution efficace. L'impasse est là. Et cette impasse est en réalité volontaire : l'arrêt du miteux programme ECOPHYTO pour satisfaire les céréaliers en est la preuve.

Il s'accompagne d'une volonté de mettre l'expertise scientifique de l'ANSES sous le contrôle des politiques de manière à empêcher la prise de décisions de sauvegarde contraires aux intérêts de l'agro-industrie. Museler le faible pouvoir indépendant de l'ANSES comme on peut museler les agences régionales de santé, voilà le cauchemar réactionnaire de MACRON, WAUQUIEZ et LE PEN.

Quand le scandale sanitaire de l'agriculture industrielle éclatera au grand jour, les responsables d'aujourd'hui seront à la retraite ou décédés. Ils savent qu'ils ne risquent rien. 

Mais, à la différence du PFOA, nous savons TOUS et dès aujourd'hui les dégâts qu'ils provoquent en ne prenant pas les décisions qui s'imposent.

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