L'amour et la révolution
18 Mars 2024 , Rédigé par Thierry BILLET
Johanna SILVA a été l'amoureuse et l'assistante de François RUFFIN, amiénois comme moi (... et comme MACRON). Elle publie un livre "l'amour et la révolution" que je n'ai pas encore lu mais que je vais lire après l'avoir entendue chez SCHNEIDERMAN dans une longue interview du site ARRETS SUR IMAGE que je ne me lasse pas de vous recommander.
Ce que raconte Johanna est empreint de bienveillance, de clarté et d'analyse. Les déclarations à l'emporte pièce de Sandrine ROUSSEAU sont loin. Et cela rend l'écoute de Mme SILVA plus pertinente. Parce qu'elle ne cherche pas le scoop, parce qu'elle ne cherche pas à seulement nuire à un compagnon de route ou de parti. Mais à faire réfléchir tout au long de l'heure de discussion avec SCHNEIDERMAN, sans caricaturer, sans raccourcir, mais sans rien lâcher sur le fond.
Et à ce titre ce témoignage est important pour saisir la complexité de l'engagement militant des femmes cantonnées souvent comme elle dans la "logistique" ou le secrétariat au service d'hommes sûrs d'eux et de leurs analyses. Et si elle a aimé et travaillé avec RUFFIN ce n'est pas pour la promotion ou un salaire.
Car je suis interrogatif quand j'entends des femmes écologistes de trente ans qui dénoncent l'attitude de Julien BAYOU par exemple reconnaissant qu'elles se sont laissées "séduire" parce qu'elles pensaient que cela faciliterait leur promotion dans le parti : Comment peuvent-elles affirmer leur féminisme et avoir accepté cette déchéance annoncée ?
Faire de la politique à un "haut" niveau nécessite une confiance en soi et une capacité à se "blinder" contre tous les coups bas qu'elle réserve qui n'est pas donné à tout le monde. Chez les hommes, elle s'accompagne sans aucun doute d'un taux de testostérone anormalement élevé. D'une estime de soi qui écrase et séduit à la fois.
Et c'est ce sentiment étrange de puissance que Mme SILVA interroge même chez un type empathique et attentif aux autres qu'est encore aujourd'hui RUFFIN à ses yeux. C'est d'ailleurs ce qui rend le personnage politique RUFFIN sympathique. Quel autre que lui s'est intéressé avec sincérité aux victimes de la mondialisation (Merci Patron !) (1) ou aux femmes de ménage (debout les femmes !) ? Quel autre a su convaincre les électeurs de sa circonscription de voter pour lui après avoir majoritairement voté LE PEN à la présidentielle ?
C'est peut-être aussi cela l'intérêt du livre de Johanna Silva que de partager le quotidien d'un honnête homme aspiré par un destin national qui l'oblige à des choix auxquels il ne pensait pas lui-même. Rédiger un canard amiénois alternatif ne conduit en effet pas nécessairement à une candidature à la présidentielle... Le presque silence médiatique sur le livre est en lui-même le signe qu'il échappe à toute classification simpliste.
(1) Dans MERCI PATRON, vous pouvez entendre Mme Catherine THIERRY, une "soeur ouvrière" comme il y eut des "prêtres ouvriers". Elle racontait l'excellent opération de Bernard ARNAULT rachetant BOUSSAC SAINT FRÈRES pour récupérer les marques de luxe et fermer les usines textiles. Catherine fut la grande amie de ma maman à l'usine et à la CFDT. J'ai visionné une vidéo récente du Courrier Picard d'une rencontre amicale à l'occasion de son départ de Flixecourt (mon village natal). Et François Ruffin est là, animant la réunion au micro. Alors, bien entendu, je me dis qu'un homme comme celui-là ne peut être un mauvais bougre.
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