Chantage à l'emploi chez TEFAL
4 Avril 2024 , Rédigé par Thierry BILLET
Au moins le PDG de SEB n'y va pas par quatre chemins. La direction a payé hier le salaire des salariés qui ont bien voulu aller manifester pour que le groupe puisse continuer d'utiliser des polluants éternels qu'une proposition de loi envisage d'interdire. C'est en 2024 et c'est à RUMILLY. Pas au fin fonds d'un pays totalitaire, ni au milieu de la brousse.
Et il se trouve quelques délégués syndicaux suffisamment déboussolés pour appeler à cette manifestation contre une mesure de santé publique incontournable. Leur syndicat d'appartenance n'y est sans aucun doute pour rien. Et la menace de la perte de 3 000 emplois par le PDG en personne n'est pas une nouvelle sans importance. Mais la ficelle est tellement grosse : comment tombent-ils dans ce piège à pieds joints ? Ou plutôt quelle est la contrepartie de leur soumission à un stratagème usé jusqu'à la corde ?
Car la stratégie de TEFAL est calquée sur les pires scenarii des industriels polluants telle qu'on la connaît sur le bout des doigts, celle des cigaretiers et celle des amianteurs. Et aucun syndicaliste sérieux ne l'ignore :
- D'abord, créer le doute en affirmant qu'on n'utilise plus qu'un produit inoffensif puisqu'on a remplacé le "PFOA" par de l'ADONA. Le problème c'est que l'ADONA lui-même est évalué négativement par l'Union européenne. Et puis, pourquoi manifester contre une interdiction si le produit qu'on utilise est "safe and Secure" ?
- Ensuite, menacer une région des pires conséquences sociales si le produit est retiré de la vente. Acheter le silence des habitants et des élus, sensibles à cet argument de poids quand tant d'emplois sont concernés.
- Enfin, s'acheter une virginité, en proposant de financer en partie les dépenses de fonctionnement de l'usine de traitement de l'eau que la collectivité de RUMILLY va devoir installer pour traiter l'eau polluée. Bien entendu, écrit TEFAL, cela ne vaut pas reconnaissance de la responsabilité de la pollution. Mais vous avez vu déjà beaucoup d'industriels aider à la dépollution d'un site qu'ils n'ont pas pollué ?
TEFAL serait mieux inspirée de reconnaître l'évidence et de s'attaquer aux racines de la pollution éternelle avec les acteurs publics concernés et les habitants. Toute autre stratégie d'évitement ridiculise une entreprise industrielle importante pour le bassin d'emplois. D'autant que sa communication institutionnelle est d'ores et déjà déconstruite par ce documentaire.
Messieurs les dirigeants du groupe SEB, il n'est pas encore trop tard pour éviter de nous tourner un remake de Erin BROKOVITCH en Haute Savoie.
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