Exterminez toutes ces brutes
7 Février 2022 , Rédigé par Thierry BILLET
Le cinéaste d'origine haïtienne Raoul PECK propose sur arte.tv une fresque historique implacable sur les génocides perpétrés aux Etats-Unis sur les indiens ou en Afrique par les colonisateurs notamment belges et allemands et sur la manière dont leur justification idéologique commune a fondé l'idée d'une suprématie de l'homme blanc qui pouvait de ce fait s'arroger le droit de vie et de mort sur les autres couleurs de peau. L'appropriation de cette vision de la supériorité d'une "race blanche" par les nazis à l'égard des juifs, des tziganes, des handicapés, ne révèle pas pour PECK d'une nature différente. Ce sont les mêmes mécanismes justificatifs de l'autorisation que se donne une élite autoproclamée de disposer de la vie d'autres humains qu'il s'agisse des Sioux désarmés massacrés à Wounded Knee, des Herrero exterminés par l'armée allemande en Afrique au début du 20° siècle, ou de la Shoah. A chaque fois, il faut faire disparaître ceux que l'on ne veut plus voir au nom d'une différence insupportable. Mais cette différence est à chaque fois inventée, montée en épingle, et vise prosaïquement à profiter des ressources détenues par ces autres humains : leur terre, leurs mines, leurs forces de travail. Quelle "différence" dites-moi entre un Hutu et un Tutsie ? Et à SREBRENICA quelle différence inacceptable entre des voisins qui vivaient dans le même village peut expliquer le massacre ?
Ce que montre PECH, c'est ce qu'Hannah Arendt a appelé "la banalité du mal"; la transformation insidieuse d'hommes "normaux" en bourreaux grâce à la manipulation des peurs d'un groupe transformée en crainte des étrangers, puis en extermination de ceux-ci; ce qui assurera immédiatement un monde meilleur. On vit, avec la théorie imbécile du "Grand Remplacement", la même manipulation terrible. Rien ne vient la confirmer sur le plan statistique; mais elle entretient habilement la peur du déclassement que vivent de nombreux français confrontés à une mondialisation qui leur échappe. Et plutôt que de demander une meilleure répartition des richesses aux puissants, il est plus facile de se retourner contre plus fragile que soi. La solidarité demande un effort, celui d'aller vers l'autre et de chercher à le comprendre. L'exécration demande juste de la lâcheté. C'est pour cela que la "bête immonde" ne meurt jamais.
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