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thierry billet

Pour l'eau, des cataplasmes sur une jambe de bois ...

31 Octobre 2022 , Rédigé par Thierry BILLET

Le noeud des conflits à propos du nouveau régime de l'eau à LA CLUSAZ avec la retenue collinaire ou dans les Deux Sèvres avec les "méga bassines" réside dans l'accaparement de la ressource par une seule catégorie d'usagers. Le ski ici , l'agriculture intensive du maïs là-bas. Mais aussi dans des solutions de court-terme qui n'ont pour objectif que de continuer encore quelques années de poursuivre un modèle condamné parce qu'incompatible avec le nouveau régime climatique.

Ce que le Haut Conseil pour le climat énonce comme cela : 

« Ces simples politiques de substitution et de bassines ne seront pas à l’échelle par rapport aux besoins. […] Là, on peut être dans des cas de mal-adaptation parce que l’on créerait du stockage et [...] on accentuerait le niveau de réduction des nappes. Il faut aussi se projeter sur ce que nécessiterait une adaptation à l’échelle d’ici à 2050, et là on se rend compte qu’on aura besoin de toute manière de changement dans les systèmes de production pour réduire les besoins d’irrigation, et pour parvenir du coup à un meilleur équilibre avec le climat tel qu’il évolue. »

Faute d'anticipation et de rigueur, les pouvoirs publics cèdent aux lobbys économiques qui ne veulent pas s'adapter à la nouvelle donne climatique et espèrent que des cautères sur leurs jambes de bois leur permettront de tenir encore quelques années. Comme l'âge de ces décideurs leur permet de voir le monde de demain avec les rétroviseurs de leur passé, ils sont dans une impasse parce qu'ils n'ont jamais imaginé devoir changer leur formatage intellectuel; celui de la concentration des exploitations et du gaspillage de la ressource (pour les agriculteurs) ou de devoir renoncer à la rente de la neige qui les a rendus si riches dans les stations.

Il est effectivement difficile de se réorienter et de reconnaître l'impasse dans laquelle le modèle productiviste conduit les uns et les autres. Pourtant, si l'on continue aujourd'hui de faire semblant de changer, le mur que l'on doit affronter sera encore plus haut et les conflits autrement plus violents que si on les aborde maintenant (si il n'est pas déjà trop tard).

Confier aux Juges administratifs le soin de dire le VRAI est une autre impasse car c'est avant tout une roulette russe (on gagne ici et on perd là selon la sensibilité des magistrats à l'actualité et/ou au trouble à l'ordre public qu'ils anticipent de leurs décisions le plus souvent tardives).  On n'échappera pas à faire fonctionner comme il faut les structures de concertation qui existent déjà (comités de bassin, etc.) si l'on veut éviter que les désaccords ne se règlent à coups de barres de fer et de grenades lacrymogènes.

C'est l'une de mes fiertés d'avoir, avec la conférence lac du SILA, créé les conditions pour que ce dialogue entre les parties prenantes s'instaure pour la gestion du lac d'ANNECY. C'est chronophage, quelquefois tendu, mais c'est ce qui permet de travailler utilement à un diagnostic commun et donc à un consensus sur les solutions.

 

 

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