Hommage à Charles PIAGET

6 Novembre 2023 , Rédigé par Thierry BILLET

Charles PIAGET est mort. Il fut pour moi une référence, une forme de modèle. Catholique pratiquant, délégué syndical CFDT chez LIP à Besançon, il fut car il en fallait un, la tête d'affiche de la lutte des LIP pour l'emploi et contre la fermeture de l'usine en 1973. L'acteur le plus connu de la remise en route de l'usine "on fabrique, on vend, on se paie" à un moment où la liquidation judiciaire d'une entreprise laissait les salariés sur la carreau sans aucune indemnité.

A cette époque, le premier ministre était un ancien légionnaire et Giscard s'invitait chez un éboueur pour dîner. L'avortement était encore interdit et on militait pour un syndicat de soldats qui ne vit pas le jour... LIP était devenu le symbole d'une fierté ouvrière contre le cynisme des actionnaires suisses qui voulaient la marque, mais plus les salariés. Avec le LARZAC, LIP allait devenir l'un des symboles des années 70. On ne leur pardonna pas et la SCOP fut abandonnée par les banques le temps de la mobilisation passé...

PIAGET, modestement, n'a jamais dérogé à sa règle de conduite : être un parmi les autres. Il fut le dernier réintégré lorsqu'une SCOP reprit l'activité industrielle parce qu'il ne fallait pas que quelque malintentionné puisse envisager qu'il était favorisé. Modeste jusqu'à l'oubli de soi. Un drôle de paroissien qui réussit à faire cacher le stock de montres à l'évêché ou dans des cures de montagne. Toute une vie dédiée à un idéal de partage et de solidarité.

La lutte des LIP accoucha en outre de la création de l'assurance garantie des salaires (AGS) qui garantit désormais le paiement des salaires et des indemnités de licenciement lorsque l'entreprise est placée en redressement judiciaire : il fallait couper l'herbe sous le pied aux ouvriers de ne pas remettre en route l'usine en leur versant leur dû de manière automatique.

Mourir après une telle vie de rectitude morale mérite le respect.

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