Japon, nucléaire et Tricastin
Alors que plusieurs centrales nucléaires japonaises sont en perdition, avec des risques majeurs d'un nouveau TCHERNOBYL, voir pire, je travaille sur le mémoire de l'Etat en défense du référé demandant la suspension du démantélement de l'usine ATPu à CADARACHE. Le référé sera examiné par le Conseil d'Etat ce mardi 15 mars.
La lecture du mémoire de l'Etat, écrit juste avant le séisme nippon, fait froid dans le dos quand on sait ce qui se joue au JAPON.
L'Etat reconnaît que le CEA et AREVA sont dans l'incapacité de déterminer la masse de matières fissiles qui restent dans les "boites à gants" qu'ils sont en train de nettoyer. Mais que cette méconnaissance des quantités à évacuer est sans aucun danger, même si l'étude de dangers qui a été conduite par la filière nucléaire française a évidemment été menée sur la base de quantités sous estimées... Malgré les interventions répétées sur le site de l'Autorité de sûreté nucléaire, on ne sait toujours pas quelle quantité de plutonium il y a sur le site. Bien entendu, tout est donc parfaitement en règle. Tout est donc parfaitement sous contrôle dans la zone sismique de CADARACHE.
Dormons en paix.
Et voici le dernier communiqué de SORTIR DU NUCLEAIRE :
Réseau "Sortir du nucléaire"
Fédération de 875 associations agréée pour la protection de l'environnement
http://www.sortirdunucleaire.org/
Communiqué de presse du 12 mars 2011
Séisme et catastrophe nucléaire : les réacteurs français sont vulnérables
!
Au Japon : un accident majeur de gravité comparable à Three Mile Island
L'agence de sûreté nucléaire japonaise a annoncé samedi qu'il y a une forte probabilité pour que la présence de césium radioactif autour du réacteur n°1 de la centrale de Fukushiwa Daiichi
provienne de la fusion de crayons de combustible (1), c'est à dire d'une fusion partielle du coeur nucléaire. Les autorités japonaises s'apprêtent à distribuer de l'iode aux populations vivant à
proximité des centrales nucléaires en détresse (2).
Une partie des barres de combustible du réacteur n°1 de la centrale Fukushima Daiichi est exposée à l'air libre selon l'agence japonaise de sûreté nucléaire (3). Selon Tepco, l'exploitant de la
centrale de Fukushima-Daiichi, un nouveau tremblement de terre a précédé l'explosion du réacteur n°1 (4).
Le versement de l'eau de mer destiné à refroidir le réacteur n°1 a dû être suspendu à cause d'un nouveau tremblement de terre et la peur d'un nouveau tsunami (5). C'est pourtant le seul moyen
restant pour empêcher une fusion totale du coeur, puisque l'opérateur n'a plus aucun moyen de contrôle sur le réacteur.
Les deux autres réacteurs arrêtés en urgence de la centrale de Fukushiwa Daiichi sont toujours confrontés à des problèmes de refroidissement du coeur nucléaire. Dans la centrale de Fukushima
Daini (située à 11 km de la centrale de Fukushiwa Daiichi), Tepco doit relâcher de la vapeur radioactive pour tenter de diminuer la température de 3 des 4 réacteurs arrêtés en urgence (6).
En France : des réacteurs nucléaires exposés à un risque sismique grave, construits en dépit des normes sismiques
Les réacteurs nucléaires français ne respectent pas les normes sismiques de référence. EDF est allé jusqu'à falsifier les données sismologiques pour éviter d'avoir à le reconnaître et d'investir
au moins 1,9 milliard d'euros afin de mettre les réacteurs aux normes (7). La justice a rejeté mercredi dernier la demande de fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Alsace), la plus
vieille centrale française, pourtant située dans une zone à risque sismique élevé.
Mais ni les normes sismiques draconiennes du Japon ni ses technologies parasismiques avancées n'ont pu empêcher la catastrophe nucléaire majeure qui s'y produit actuellement. Le Japon est
pourtant le pays le mieux équipé et le mieux préparé au monde pour faire face au risque sismique dans toutes ses dimensions. Le Japon est également une des premières économies de la planète et un
pays leader en matière de technologies de pointe.
Pour le Réseau « Sortir du nucléaire », le dramatique exemple japonais démontre qu'il est totalement impossible de construire des réacteurs nucléaires résistant à un séisme. La seule
solution véritable pour se prémunir de ce risque gravissime est d'engager le plus rapidement possible un plan de sortie du nucléaire.
La machine à étouffer l'information se met en marche
Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie, et Éric Besson, ministre de l’Industrie, ont décidé de réunir cet après midi l’ensemble des acteurs français du secteur du nucléaire... dont
les industriels EDF et Areva. Il apparaît d'ores et déjà évident que le secteur nucléaire français et ses soutiens au plus haut niveau de l'État se préparent à communiquer pour sauver la
crédibilité de la filière nucléaire.
Mais il ne sera pas possible cette fois de recourir au cliché usé jusqu'à la corde de l' « accident survenu sur une centrale soviétique vétuste », que l'industrie nucléaire a utilisé
abondamment pour laisser croire qu'un accident nucléaire grave ne pouvait pas se produire hors d'URSS.
Il faut aujourd'hui considérer avec prudence les informations provenant de Tepco, l'exploitant des réacteurs japonais en déroute. En effet, 15 réacteurs nucléaires ont été fermés au Japon pendant
des mois en 2002 et 2003, par décision administrative, après que Tepco avait falsifié des documents concernant la sécurité.
Notes :
(1) "The agency said there was a strong possibility that the radioactive cesium monitors detected was from the melting of a fuel rod at the plant, adding that
engineers were continuing to cool the fuel rods by pumping water around them."
http://edition.cnn.com/2011/WORLD/asiapcf/03/12/japan.nuclear/
(2) http://www.sankei.jp.msn.com/affairs/news/110312/dst11031216520245-n1.htm
(3) "L'Agence japonaise de sûreté nucléaire annonce que certaines des barres de combustible du réacteur numéro 1 de la centrale Fukushima No 1 ont émergé à la surface de la piscine du réacteur
samedi midi, parce que le niveau de l'eau a baissé." http://www3.nhk.or.jp/nhkworld/french/top/news08.html
(4) "a vertical earthquake hit the site and big explosion has happened near the Unit 1 and smoke breaks out around 3:36PM."
http://www.tepco.co.jp/en/press/corp-com/release/11031223-e.html
(5) NHK à 17h35 le12.03.11
(6) "we have decided to prepare implementing measures to reduce the pressure of the reactor containment vessel (partial discharge of air containing
radioactive materials) in order to fully secure safety. These measures are considered to be implemented in Units 1, 2 and 3
http://www.tepco.co.jp/en/press/corp-com/release/11031223-e.html
(7) Consulter les documents confidentiels d'EDF et l'analyse effectuée par le Réseau « Sortir du nucléaire » : http://www.sortirdunucleaire.org/index.php?menu=sinformer&sousmenu=themas&soussousmenu=seismes2&page=index