Arithmétique économique
30 Mars 2024 , Rédigé par Thierry BILLET
Pour augmenter un pourcentage, on a le choix entre augmenter le numérateur ou réduire le dénominateur. Pour augmenter un solde bancaire, on a le choix entre augmenter le chiffre des recettes ou diminuer le chiffre des dépenses. Quand on aborde le sujet du déficit du budget de l'Etat, il ne faut pas oublier ces équations simplismes. Le déficit exprimé en % du PIB est une fraction. Le déficit exprimé en valeur est une soustraction. Quand on parle d'un déficit de 5% du Produit intérieur brut (PIB), cela veut-il dire que le PIB a baissé ou que les dépenses ont augmenté sans que les recettes aient augmenté proportionnellement ? Poser simplement ces équations revient donc à s'interroger d'abord sur le déficit en valeur.
Or de ce point de vue, depuis 2017, Emmanuel Macron a fait baisser les recettes de l'Etat de 60 à 70 milliards d'euros. Il a donc baissé volontairement les recettes.
De l'autre côté de la soustraction, l'Etat a fait face au COVID-19 (le "quoi qu'il en coûte"); mais il a continué de réduire la voilure de l'Etat de manière significative et vient d'annoncer couper 10 milliards d'euros de crédits publics pour la seule année 2024.
Autrement dit, il y aura moins de rénovation énergétique des bâtiments, moins de recrutement d'infirmières, moins d'infrastructures de transports collectifs, etc. Réduire toujours plus les dépenses publiques au détriment des plus pauvres et des investissements dans la transition énergétique ? Est-ce cela que nous voulons ?
C'est la politique économique de MILEI en Argentine, de TRUMP aux USA ou celle que nous promettent les Républicains : haro sur les pauvres et tant pis pour la planète !
Les solutions existent pourtant pour sortir de l'impasse dans laquelle les baisses d'impôts successives pour les plus fortunés nous ont conduit. Selon ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES, les 1% les plus riches détiennent 1/4 du patrimoine total en FRANCE ( qui est de l'ordre de 7 fois le PIB soit 2 630 milliards d'euros multipliés par 7). En mettant en oeuvre une taxe progressive de 2% sur ce patrimoine, ALTER ECO estime que malgré les fraudes et les évasions fiscales, elle rapporterait de l'ordre de 55 à 60 milliards d'euros.
Nous sommes dans l'ordre de grandeur du déficit nécessaire pour préparer l'avenir soutenable que nous souhaitons tous.
Aujourd'hui des associations de millionnaires demandent le relèvement de leurs impôts qu'ils trouvent absurdement sous taxés.
Les profits "dingues" des entreprises du CAC 40 ces dernières années - par exemple en 2023 146,2 milliards d'euros de bénéfices - montrent que continuer de baisser les impôts de ces grands groupes n'a pas de raison objective de se poursuivre alors que la pauvreté augmente. La France compte 5,3 millions de pauvres si l’on fixe le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian et 9,1 millions si l’on utilise le seuil de 60 %, selon les données provisoires 2021 (dernière année disponible) de l’Insee. Dans le premier cas, le taux de pauvreté est de 8,3 % et, dans le second, de 14,5 %. Quel que soit le seuil utilisé, la pauvreté augmente en France depuis le milieu des années 2000, nous explique l'observatoire des inégalités.
Dés lors, la seule question qui vaille n'est pas mathématique, elle est politique. Un déficit qui prépare l'avenir en réduisant les inégalités est souhaitable. Exactement l'inverse de ce que décrit cet excellent dessin paru dans LE MONDE.
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