Quel est le "bon" prix de l'eau potable dans une logique de sobriété ?
4 Juin 2025 , Rédigé par Thierry BILLET
Alors que nous avons la chance de disposer d'une eau d'extraordinaire qualité avec le lac, et donc d'une ressource qui semble inépuisable puisque les anticipations de l'impact du nouveau régime climatique ne sont pas menaçantes (ici), il peut apparaître superflu de s'interroger sur la tarification de l'eau potable à ANNECY. Cela ne me semble pas être le cas pour au moins trois raisons.
D'une part, la population desservie par l'eau du lac n'a cessé d'augmenter à cause de la croissance démographique, mais aussi de la fermeture régulière de captages historiques du Grand Annecy qui ne remplissaient plus les critères de qualité ou de sécurité de l'approvisionnement.
D'autre part, de l'extension du périmètre de desserte vers d'autres collectivités comme la communauté de communes de CRUSEILLES ou de RUMILLY. Avec le nouveau régime climatique, il est probable que des captages desservant des collectivités limitrophes ne seront plus aussi productifs ou deviendront inutilisables et qu'elles devront solliciter du dépannage saisonnier ou même de l'alimentation permanente. Pour ne prendre que l'exemple des polluants éternels, l'avenir est plutôt sombre.
Les besoins ne sont donc pas près de moins solliciter notre lac.
La troisième raison est liée au vieillissement des réseaux. Si ma mémoire est bonne, le Grand Annecy remplace annuellement 1% de son réseau d'eau potable par an. Même si l'état du réseau est très acceptable, pourra t'on tolérer le principe même de tolérer des pertes sur le réseau dans les années à venir ? Est-ce acceptable alors que d'autres subissent des sécheresses dévastatrices ?
Certains ont cru trouver une solution en facturant plus à ceux qui consomment plus. Cette fausse bonne idée s'est heurtée à la question de la tarification des familles nombreuses directement frappées ou à celle des professionnels qui en sont exclus.
L'essentiel du prix de l'eau est lié à l'entretien du réseau et non à la production elle-même. Ce réseau qui s'est étendu avec le temps pour desservir tous les foyers qui bénéficient également de l'infrastructure quelle que soit leur usage de l'eau.
Deux pistes retiennent l'attention des spécialistes qui cherchent à mettre en avant la sobriété de la consommation.
La première, opportuniste, comme la tarification saisonnière pourrait envoyer un "signal prix" en présence de stress hydrique saisonnier pour inciter à la réduction de la consommation à destination de tous les usagers.
La seconde, plus stratégique, vise à augmenter la part fixe de l'abonnement et réduire la part variable de la consommation pour faire participer plus fortement les résidents secondaires et les logements vacants qui mobilisent les investissements dans le réseau sans apporter de recette en consommation.
Car le système ancestral "l'eau paie l'eau" est devenu obsolète puisqu'il incite à consommer plus d'eau pour financer le réseau au lieu de permettre une politique indispensable de sobriété pour protéger les écosystèmes.
Il faut décorréler le financement de l'eau potable et les volumes facturés pour inciter aux économies.
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