Téléphonie mobile & principe de précaution
5 Octobre 2008 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #Environnement
Alors que le Conseil d'Etat, par plusieurs arrêts de juillet 2008, dénie aux collectivités locales le pouvoir de s'opposer de quelque manière que ce soit à l'installation des antennes de téléphonie mobile, les études sur la toxicité des téléphones portables sont soumises à embargo.
Les Maires se trouvent donc démunis quant à la mise en oeuvre du principe de précaution lorsqu'ils reçoivent une déclaration d'intention de travaux de la part des opérateurs tant que ceux-ci ne sont pas soumis à l'obligation de déposer un permis de construire.
A ANNECY, comme ailleurs, malgré la volonté de la Ville d'obtenir des engagements formels de la part des opérateurs, nous sommes impuissants à imposer des mesures efficaces.
La décision du TGI de NANTERRE de ce mardi permet d'avoir quelques espoirs, mais rien ne dit que la Cour d'appel, à rebours de toute la jurisprudence administrative, confirmera la position des premiers juges...
A SUIVRE... car la politique d'opacité des opérateurs de téléphonie mobile est constante, malgré leurs belles déclarations.
Le Monde daté du 27 septembre en témoigne :
Quand connaîtra-t-on les résultats de la plus vaste étude internationale visant à évaluer les risques sanitaires auxquels s'exposent les personnes utilisant des téléphones portables ? Baptisée "Interphone", cette étude a été lancée en 2000 et achevée six ans plus tard. Elle a été menée dans treize pays auprès de 14 000 personnes. Après une longue série de reports et de contretemps inexpliqués, il semblait acquis que les résultats de ce travail seraient soumis pour publication durant le mois de septembre. Tel ne sera pas le cas.
Dans son édition datée du 27 septembre, l'hebdomadaire The Economist croit savoir que les responsables d'Interphone ne soumettront vraisemblablement pas le fruit de leurs travaux à un éditeur avant la fin de 2008. "Je ne sais pas d'où proviennent les informations de The Economist, indique Elisabeth Cardis (Centre de recherche en épidémiologie environnementale, Barcelone), coordonnatrice de cette étude. Une version que nous espérons consensuelle de l'article est en préparation et nous l'attendons sous peu. Il se pourrait donc que l'article soit soumis pour publication rapidement. Rien ne me laisse penser pour l'instant que la soumission ne puisse pas se faire cette année."
Pour le professeur Cardis, ce nouveau retard n'est pas la conséquence de désaccords des auteurs. "Il n'y a pas d'hypothétiques nouvelles difficultés, précise-t-elle. Il y a seulement les emplois du temps chargés des collaborateurs et les vacances qui ont fait que la nouvelle version de l'article est seulement sur le point d'être terminée."
INQUIÉTUDES AUX ETATS-UNIS
Ce nouveau contretemps survient alors que des scientifiques américains viennent, devant le Congrès, de tenir sur ce thème des propos inquiétants. "On ne doit pas rééditer ce que nous avons connu à propos de la cigarette et du cancer du poumon, où notre nation a pinaillé sur chaque détail d'information avant d'avertir le public", a ainsi déclaré, jeudi 25 septembre, David Carpenter, spécialiste de santé publique et professeur de santé environnementale à l'université d'Albany (New York). Selon lui, la prudence doit s'imposer.
"A la lumière des 70 ans que cela nous a pris pour retirer le plomb des peintures et des 50 ans qu'il a fallu pour établir de façon convaincante le lien entre la cigarette et le cancer du poumon, j'affirme qu'on ferait bien de tirer les leçons du passé pour mieux interpréter les signes de risques potentiels, a pour sa part fait valoir le docteur Ronald Herberman (université de Pittsburgh, Pennsylvanie), responsable de l'un des dix plus importants centres de recherche américains contre le cancer. Il y a dans le monde 3 milliards d'usagers réguliers de téléphones cellulaires. Nous avons besoin d'un message de précaution."
Le docteur Herberman a fait valoir que la majorité des études disponibles sont caduques, la méthodologie retenue ne correspondant pas à l'usage intensif qui est aujourd'hui fait de cet outil de communication. Il a notamment cité deux études, l'une suédoise, l'autre israélienne, concluant à une augmentation du risque de tumeur du nerf auditif ou de la glande salivaire chez les utilisateurs de téléphone portable.
"Il est vrai que les études souffrent d'un manque de recul et d'un nombre faible de gros utilisateurs de longue durée, reconnaît le professeur Cardis. Les études avec un plus grand nombre d'utilisateurs de longue durée semblent effectivement indiquer une augmentation possible du risque de gliomes et de neurinomes de l'acoustique du côté où le téléphone était généralement utilisé. La question demeure de savoir si ce résultat est ou non le reflet d'une association réelle. Dans l'attente, je pense que des précautions s'imposent, en particulier chez les enfants."
Jean-Yves Nau
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