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thierry billet

“ Être citoyen européen c'est être multiple ”

13 Octobre 2008 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #Environnement



“ Dany-le-Vert ” préside les 11es Rendez-Vous de l'histoire qui s'ouvrent à Blois sur le thème “ Les Européens ”.

Interview de l'eurodéputé.
 
La NR : Mai 68, mouvement européen, fut-il à l'origine de votre engagement pour l'Europe ?

Daniel Cohn-Bendit : « J'avais alors une vision européenne des mouvements. Je n'étais pas que le petit rouquin à Paris ! Mai 68 est un des premiers moments où ma perception de penser la politique au-delà de l'État-nation s'est forgée. »

Pourquoi a-t-on tant de difficulté à se sentir citoyens européens ?


« Parce qu'être citoyen européen, c'est être multiple. Nous sommes citoyen d'un village ou d'une ville, d'une région, d'un pays, de l'Europe. Si cette multiplicité d'identité citoyenne fait notre force, elle fait aussi notre difficulté. Se démultiplier nous force à nous ouvrir et à percevoir les choses de manière différente… or la complexité a toujours été difficile à assumer. »

Que révèlent les non français et néerlandais, puis irlandais au Traité européen ?


« Cela traduit une angoisse face à la rapidité du développement européen. Au début, les citoyens ont aimé qu'on leur donne la paix, qu'on les surprenne. Aujourd'hui, ils veulent reprendre en main le cours de cette histoire. Ils veulent s'approprier l'évolution européenne. »

Pourquoi défendez-vous le traité simplifié de Lisbonne, alors que l'Europe avance peu sur le social et que son plan climat-énergie est bien pauvre ?

« D'abord, l'Europe n'est pas mieux que les États qui la forment et en matière écologique ou sociale, elle est tributaire des politiques frileuses des États-nations. Ceci dit, j'estime que le traité simplifié est un pas en avant contre le leadership des États-Unis dans le monde. Il faut savoir que la campagne du non en Irlande a été financée par des fonds américains. »

Mais l'Europe n'est-elle pas coincée entre l'Est et l'Ouest, sans ou avec peu de pouvoir ?


« Non, l'Europe peut s'affirmer en tant que force politique. Dans la crise de la Géorgie avec la Russie, pour la première fois on a vu l'Europe avoir une position autonome. Les Américains ont du suivre les Européens, qui ont été des médiateurs actifs et efficaces. »

Selon vous, Nicolas Sarkozy est-il un bon ou un mauvais président de l'Union européenne ?

« Il mène une véritable présidence, très active. On sent une nette évolution dans la pratique française de la présidence. Je n'ai donc pas un jugement négatif sur le fait qu'il se soit mis au diapason de l'Europe. Après, sur les contenus, je ne partage pas tout ce qu'il fait ! »

Qu'est-ce qui peut donner envie aux peuples de se sentir européens ?


« Il faut que la politique européenne réponde à leurs angoisses, à leurs questionnements, à leurs envies. Qu'elle galvanise les citoyens, que le social comme l'écologie ne lui soient plus des mots étrangers. »

Pour les Européennes, vous êtes à l'origine d'une liste qui veut « ratisser » d'Eva Joly à José Bové. Est-ce viable ?


« J'essaye de rassembler l'écologie politique en France pour en faire quelque chose qui ait de la gueule lors des élections européennes de juin. La première phrase du traité constitutionnel est “ Unis dans la diversité ”, c'est aussi le mot de notre liste. L'intelligence de la politique est de mettre ensemble les différences, définir les socles communs et discuter sur ce qui nous sépare. »

Propos recueillis par Muriel Meignan
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