Taxe carbone : la braderie à 14 euros
26 Août 2009 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #Environnement
Comme devant les banquiers SARKOZY joue les gros bras en paroles et laisse filer ensuite.
Voici un entretien éclairant relevé sur MEDIAPART :
Selon le rapport Rocard, afin d'induire un changement de comportement des agents économiques, et diminuer par quatre les émissions de gaz à effet de serre en 2050, la taxe carbone devrait s'établir la première année à environ 32 euros la tonne (soit 160 euros par ménage en moyenne la première année), pour ensuite augmenter chaque année afin d'atteindre 100 euros en 2030.
Comprise entre 14 et 20 euros comme l'a évoqué Chantal Jouanno, la taxe carbone serait-elle efficace ?
Christian Gollier – C'est une catastrophe. C'est une catastrophe car l'Etat donne de très mauvais signaux et démontre une fois de plus son incapacité à tenir ses engagements. Il ne peut pas à la fois dire que nous allons diviser par quatre les émissions de CO2 et limiter la taxe à 15 ou 20 euros la tonne de CO2. Ces deux choses-là sont incompatibles. Montrer cette inconsistance dans le projet politique d'une écologie responsable, intelligente et solidaire des générations futures, montrer cette incapacité à avoir une politique consistante, c'est une catastrophe. Au moment où il faut prendre les décisions qui fâchent, les décisions difficiles, l'Etat recule.
Pourquoi est-ce un niveau insuffisant ?
Climatologues, océanographes, sciences dures, économistes, travaillent depuis un certain nombre d'années pour essayer d'affiner l'évaluation des impacts de la hausse de la température sur l'environnement et le bien-être des êtres humains qui vivront dans les décennies et les siècles à venir, ainsi que les liens entre la concentration de CO2 et les dommages sur la planète. Ils ont établi que l'objectif de division par quatre dans cinquante ans des émissions de CO2 était désirable. Comment l'atteindre ? Ce n'est pas avec une taxe carbone à 15 euros la tonne de CO2 que l'on va radicalement changer le comportement des individus. Déjà, les 32 euros proposés par le rapport Quinet il y a un an et demi, avalisés par la commission Rocard en juillet, est un moins disant par rapport à cet objectif.
Le risque à vos yeux, c'est qu'une taxe carbone trop faible devienne invisible?
Les ménages réagissent à des signaux prix. Si le prix de l'essence augmente, ils vont, sur le long terme, rouler un peu moins, prendre plus les transports en commun, acheter des voitures moins gourmandes... Tout cela fait que globalement la société va émettre moins de CO2. Commencer à 20 plutôt qu'à 32 euros la tonne, ça veut dire qu'il faudra terminer non pas à 200 mais peut-être à 300 euros. Car dans le scénario à 32 euros la tonne la première année, la taxe carbone doit atteindre 200 euros la tonne en 2050. Mais dans un scénario à 15 ou 20 euros la tonne au départ, la taxe pourrait atteindre 300 euros la tonne en 2050 si l'on ne veut pas dépasser une concentration de 550 parts par million (ppm) dans l'atmosphère, ce qui est déjà une extrême limite pour ne pas dépasser une augmentation moyenne de la température de la terre de 2 ou 3 degrés. Tous les efforts en moins aujourd'hui seront des efforts en plus à l'avenir.
Idéalement, à quel niveau établiriez-vous la taxe carbone?
Au vu des études menées aux Etats-Unis et en France, l'idéal c'est un prix mondial de départ autour de 45 euros la tonne de CO2, qui croisse par la suite à un taux de 5% par an dans les cinquante prochaines années. C'est ce que disent les modèles si on ne veut pas dépasser une concentration de 550 ppm. James Hansen, l'expert de la Nasa, défend même une taxe carbone à 100 euros la tonne. Il y a un débat international passionnant à ce sujet. Le consensus relativement solide aujourd'hui est de fixer un prix entre 30 et 50 euros la tonne de CO2. L'idée est que les agents économiques soient conscients que, s'ils investissent aujourd'hui dans l'achat d'une maison mal isolée ou une voiture qui consomme beaucoup ou dans la construction d'une centrale très émettrice, dans les décennies à venir ils devront payer pour les dommages qu'ils vont faire subir aux générations futures. Il faut qu'ils sachent qu'on est entré dans un nouveau système.
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