Le FIER pollué aux PCB et aux dioxines, interdit de pêche !
24 Février 2010 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #Environnement
La lecture du Dauphiné libéré ce matin laisse le lecteur stupéfait :
Le communiqué de presse relatif aux "PCB et poissons d'eau douce des rivières de Haute-Savoie", qui est tombé hier en fin d'après-midi, a aussitôt fait l'objet de remous dans le milieu halieutique. Il faut dire qu'il est sans concession pour les anguilles, carpes, vairons, blageons, silures, brèmes, truites et chevesnes pêchés dans le Fier et ses affluents. En effet, il interdit, par arrêté préfectoral, « la consommation, la commercialisation ou la cession à titre gracieux des espèces citées ». La pêche de loisirs reste, pour sa part, autorisée sur cette portion de rivière... mais évidemment sans consommation. Cette interdiction fait suite aux « recommandations de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) exprimées dans son avis du 13 mai 2009 relatif à la gestion du risque sanitaire ». Et qui base ses avis sur « les résultats des analyses récentes qui montrent que certaines espèces de poissons prélevées dans les eaux du Fier présentent un taux de contamination en PCB et dioxines supérieur aux teneurs maximales admissibles définies par les textes réglementaires (8 picogrammes par gramme) ».
Cette interdiction ne sera levée, précise le préfet, que si des analyses complémentaires lui apportent la preuve de l'absence de risque pour la santé publique.
« Dès mon arrivée (en septembre dernier, NDLR), j'avais entendu dire qu'il y avait des PCB dans les eaux des lacs d'Annecy et du Léman » rapporte Jean-Luc Videlaine, comme surpris par les vagues suscitées par l'arrêté préfectoral.
« On savait aussi qu'il n'y avait pas de cause unique, qu'il ne s'agissait pas d'une pollution ponctuelle. » D'où l'élargissement du champ d'investigation sur plusieurs rivières du département, en 2008 et 2009, destiné à établir le taux d'imprégnation en PCB et dioxines de la chair de plusieurs espèces de poissons. « La situation n'est pas apocalyptique. Il s'agit d'une mesure modérée de bon sens, un mode de signalement aux pêcheurs dans le cadre de la santé publique » termine le préfet.
Bien entendu, ce n'est pas "apocalyptique", mais quand même : le bassin versant du FIER interdit de
pêche comme l'a été le RHONE, dans un département comme la HAUTE SAVOIE qui utilise son image de marque environnementale dans le cadre d'une industrie touristique, voilà qui est d'une
particulière gravité. Elle dénote une dégradation massive des eaux de surface dans notre département qui avait déjà été pointée en 2007 lorsque j'avais publié les résultats des études sur les
différents cours d'eau sur mon site de campagne des législatives et rappelle l'urgence de la mise en oeuvre du contrat de rivière FIER qui devait débuter maintenant. Elle démontre aussi l'absence
de vision anticipatrice de l'Etat depuis tant et tant d'années sur ces questions des polluants organiques persistants (POP) alors que nous dénoncions le "tout incinération" et l'utilisation
abusive de la chimie du chlore.
Après tant d'années de laxisme qui continuent aujourd'hui comme le prouve l'absence de remise en état de la décharge du RAFFARAY à SEYSSEL malgré des alertes récurrentes des Amis de la Terre et une procédure devant le Tribunal administratif de GRENOBLE, tout à coup, l'Etat interdit la consommation de tous les poissons du bassin versant par un communiqué de presse laconique.
Regardez cette courte vidéo sur la décharge abandonnée du RAFFARAY à quelques centaines de mètres du RHONE : combien d'autres
décharges abandonnées en HAUTE SAVOIE non répertoriées par l'Etat ? En haut à gauche de la page d'accueil du blog, cliquez sur RAFFARAY dans les liens offerts. Impardonnable laxisme des
responsables d'hier et d'aujourd'hui qui ne veulent pas réhabiliter cette décharge en plein ciel et en pleines eaux depuis des années !
On pourrait se féliciter de cette soudaine prise en compte du problème si elle s'accompagnait d'une
démarche cohérente de contrôle des installations classées pour la protection de l'environnement alors que les moyens de la DRIRE -devenue DREAL- sont sans commune mesure avec la tâche à accomplir
et que l'on a habituée à ne pas trop ouvrir les yeux comme l'a montrée hier l'affaire de l'incinérateur de GILLY SUR ISERE, celui de CLUNY et combien d'autres en FRANCE
?
On prend donc des mesures d'interdiction sans stratégie de prévention. Une cautère sur une jambe de bois
en quelque sorte.
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