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thierry billet

Manifestations monstres et syndicalisme riquiqui...

13 Octobre 2010 , Rédigé par Thierry BILLET

Alors que le taux de syndicalisation en FRANCE doit être le plus bas de toute l'EUROPE (de l'ordre de 7% des salarisés, mais ce chiffre est sans soute sur estimé en l'absence de toute transparence réelle des adhésions syndicales), l'ampleur des manifestations que nous connaissons aujourd'hui apparaît comme un démenti à l'antienne selon laquelle les syndicats ne représentent plus rien...

En effet, si les syndicats français étaient aussi peu représentatifs que cela, ils ne devraient pas parvenir à mobiliser de façon aussi massive dans la rue.

En même temps, combien de manifestants de ce mardi étaient syndiqués ?

Cette contradiction entre le faible taux de syndicalisation dans l'entreprise et la capacité syndicale à mobiliser en dehors de l'entreprise sur des thématiques sociales fortes mérite qu'on essaie de l'analyser.


Historiquement le taux de syndicalisation en FRANCE n'a jamais été très important; mais l'individualisation du salariat (horaires individualisés depuis 1975, abandon des augmentations générales de salaire, individualisation des relations des travail, etc.) a contribué massivement à rendre plus difficile l'action collective. Or le syndicat c'est d'abord l'action collective dans l'entreprise.


A cela s'ajoute la répression feutrée ou violente qui frappe encore les candidats syndicalistes dans les PME, mais aussi dans de plus grandes entreprises. Celui qui se met en avant est certain que sa carrière ne sera pas accélérée par son engagement.


Les multiples accords sur le droit syndical conclus dans les années 2000 avaient pour objectif de procéder au "rattrapage" des carrières de centaines de délégués, à un moment où les grands groupes estimaient nécessaire de revaloriser la fonction syndicale pour avoir encore des interlocuteurs sociaux en face d'eux et éviter les explosions sociales sans direction établie.

Pour autant, rien n'a été réglé au fond.


P1150115.jpg

 

Cette frustation de l'action collective trouve néanmoins à s'exprimer dans les manifestations de rue, hors du cadre de l'entreprise, et ceci d'autant plus que l'unité syndicale est obtenue.

Car la mobilisation actuelle est aussi la résultante d'une unité syndicale CGT/CFDT que l'on n'avait pas vue en 2003 lors de la réforme FILLON, qui avait été suivie par une hémorragie de syndicalistes CFDT vers d'autres syndicats.

Cette fois, la CFDT est dans le mouvement et a su converger de manière stratégique avec la CGT de Bernard THIBAULT qui effectue également une conversion réussie à une démarche plus réformiste et pragmatique.

 

Cette unité d'action donne un cadre général mobilisateur pour une population salariée inquiète de l'avenir et écoeurée devant l'inéquité de la réforme WOERTH. Le gouvernement espérait pouvoir compter à nouveau sur la division syndicale et se trouve face à une unité d'action qu'il tente uniquement d'enrayer par la marche forcée législative.

 

Cette embellie syndicale ne doit pourtant pas empêcher les syndicats de réfléchir aux conditions dans lesquelles la syndicalisation pourrait (re)devenir un réflexe pour les salariés.

Personnellement, je plaide depuis longtemps pour que les accords négociés par les syndicats soient applicables aux seuls syndiqués.

Il est trop facile de laisser les autres salariés syndiqués se battre pour obtenir satisfaction et ensuite, quand on n'a perdu aucune journée de grève, ni pris aucun risque, bénéficier de ce que les autres ont obtenu.



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P
<br /> <br /> C'est vrai que dans le privé, s'engager dans une délégation (délégué du personnel ou délégué au comité d'entreprise), sur une liste syndicale, est un choix qui peut aboutir à une réelle<br /> répression; voir les textes que j'ai écrits sur http://psureau.canalblog.com/archives/textes_professionnels/index.html  (dernier texte : la<br /> limite); mais je suis fier d'avoir pris cet engagement, qui a fini par aboutir à mon licenciement, avec la complicité de l'inspection du travail, et malgré l'avis défavorable des élus au Comité<br /> d'entreprise (qui n'est que consultatif).   Rien à voir avec le syndicalisme dans le secteur public. Il n'y a pas d'égalité sur le droit syndical (et sur le droit de grève) entre les<br /> deux secteurs.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Mon cher Thierry,<br /> <br /> <br /> Pour une fois écoute ce qu'on t'explique : toutes les liquidités des "riches" en France ne pourront payer, à elles seules, les millions d'années de retraites qui s'amoncellent, tu le<br /> sais bien. Et tout le monde le sait bien aussi, mais on fait comme si on ne le savait pas. "On ne veut pas le savoir !" ... Alors on se défoule, on se défrustre devant les perspectives peu<br /> réjouissantes qui nous attendent - et pendant ce temps-là - avec les grèves - les déficits se creusent encore un peu plus - et nous empêchent de créer de nouveaux emplois, d'attirer des<br /> industries chez nous (c'est plutôt l'inverse qui se produit) - et nos "petits", les jeunes, qui devront payer tout ça, jubilent dans les rues, avec les adultes dont ils devront payer les<br /> retraites et qui leur enlèvent les dernières chances d'une économie concurrentielle qui leur permet de construire une activité. Pendant ce temps-là des pays fonctionnant avec un système de<br /> négociations permanentes et de compromis (qui ne sont pas des "compromissions" !!!) trouvent des solutions que des populations moins portées sur "les rapports de force" et les<br /> "défrustrations bruyantes" , et donc plus matures finissent par accepter comme normales et nécessaires.<br /> <br /> <br /> Si vous éliminez des manifs et grèves tous les propriétaires de résidences secondaires et d'autres signes de richesse, il y en aurait déjà bien moins. Car tout le monde se cache derrière le<br /> smicard, le chômeur, l'ouvrier travaillant dur, les femmes élevant seules des enfants (où sont les pères de ces enfants ? dans la rue en train de manifester ? en refusant de payer les pensions<br /> alimentaires ? .... ) , même les cadres nous font pleurer une larme sur la pénibilité de leur situation ....<br /> <br /> <br /> Oui, d'accord, une meilleure justice sociale, d'accord, mais cela se négocie (et on accepte d'en payer le prix !!!) !!! Mais on faisant ce qu'on est en train de faire, on noie le poisson de<br /> manière irresponsable, on détruit l'avenir économique de la France de demain, et les plus mal lotis ne seront jamais aidés. Et chacun de crier que "c'est les autres qui doivent payer !" ....<br /> <br /> <br /> J'ai honte devant la jeune génération ( très inconsciente, hélas, de la situation où elle se trouve) pour l'avenir que nous leur préparons par égoïsme. En attendant, tous les<br /> jours qui passent, nous perdons des milliards d'euros et des milliers d'emplois du même coup. Comme si nous étions les seuls sur cette terre à devoir voir la réalité avec pragmatisme,<br /> et la nécessité de se serrer la ceinture pour ceux qui ont plus ou moins de "rondeurs" en trop. Une petite cure d'amaigrissement nous fera sans doute du bien. Quand je vois toutes les dépenses<br /> non vitales, inutiles qu'on trouve "normales" ....!!! Comme le chauffage déjà en Septembre ou au mois de Mai/Juin, les nouvelles bagnoles rutilantes dans les rues, les portables pour tout et<br /> chacun, utiles ou pas, - à chacun de voir où il pourra rogner un peu pour assurer un avenir pour tous. C'est cela avoir un "esprit politique", être responsable, "penser à la nouvelle<br /> génération qui monte" !  M.D.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
T
<br /> <br /> Je crois qu'il n'y avait pas beaucoup de possesseurs de résidences secondaires ce mardi...<br /> <br /> <br /> <br />