Jean Louis Molié
6 Novembre 2009 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #C'est personnel

Jean-Louis Molié vient de décéder accidentellement.
Il avait pris une année sans solde juste avant sa retraite pour pouvoir se consacrer entièrement à son mandat de maire adjoint à l'environnement à CRAN GEVRIER car sa rigueur et son engagement ne toléraient pas de demie mesure. Il était conseiller d'agglomération et représentait la ville de CRAN au bureau du SILA.
Jean-Louis avait quitté le parti communiste à partir d'une critique du productivisme qu'il soit stalinien ou libéral. C'était pour lui la pierre angulaire de l'engagement écologiste. Il se battait quotidiennement pour que la gauche entende cela et rompe avec les schémas de la croissance du PIB comme seul viatique économique. Il avait alors rejoint un petit groupe d'anciens responsables communistes qui avait rejoint les VERTS en même temps que Noël MAMERE.
Depuis une quinzaine d'années, il avait mis son expérience politique au service des VERTS, assurant la fonction de membre du Conseil d'administration régional et de secrétaire régional.
Sous une expression courtoise et un calme déterminé, Jean Louis affirmait fermement ses convictions.
Nous avons depuis lors milité ensemble dans le même courant des VERTS et avons participé avec enthousiasme à la gauche plurielle et soutenu les efforts de Dominique VOYNET pour faire entendre à Lionel JOSPIN la petite voix des écologistes, ce qui fut largement peine perdue. Jean-Louis avait le souci de l'efficacité et de la responsabilité politiques. Il était pour lui établi que les écologistes devaient participer aux exécutifs sur un programme où ils ne renient rien de leurs engagements. Il était acteur de compromis. La simple critique catastrophiste ou les débats internes stériles n'étaient pas sa tasse de thé.
Il s'était investi dans EUROPE ECOLOGIE avec enthousiasme, y voyant la concrétisation de son engagement constant dans le courant de Dominique VOYNET et il souhaitait que cela entraîne un aggiornamento de la gauche dans son ensemble sur la question de l'urgence écologiste.
Les résultats d'EUROPE ECOLOGIE à CRAN GEVRIER doivent à son implantation locale et sa notoriété locale et au réseau de militants qu'il avait regroupés autour de lui dans le précédent mandat et dont plusieurs rejoignirent les VERTS.
Il avait été le seul membre du groupe local des VERTS, lors de la réunion collective qui devait trancher ce point, à se prononcer contre l'accord que nous envisagions de passer pour les municipales avec Jean-Luc RIGAUT. Pour lui, c'était une mauvaise décision car son objectif primordial était de changer la gauche. Nous avions ce désaccord tactique; cela n'entachait pas notre estime mutuelle. Nous avons continué de travailler ensemble à l'agglo et au SILA, unis par le même souci d'une écologie politique mature. Mais je sais qu'il m'en voulait d'avoir fait ce choix qu'il ne partageait pas. Il nous l'avait dit avec amitié lors d'une réunion d'EUROPE ECOLOGIE avec Philippe MEIRIEU où nous le vîmes pour la dernière fois, tout en se félicitant de poursuivre ensemble le chemin commun pour les élections régionales de mars 2010.
Il ne voulait pas être candidat : il s'était investi à CRAN et voulait aller au bout de cet engagement municipal qui lui convenait bien dans une commune dont il aimait les engagements, la vitalité, la convivialité. Il revenait de ses voyages à PIOSASCO, la ville jumelle italienne, avec entrain et tant de plaisir. Sa culture d'homme de gauche se sentait à l'aise dans l'équipe municipale de Jean BOUTRY, et il avait su regrouper autour de lui un groupe d'élus écologistes venus de la société civile dont l'implication municipale était à son image.
Jean-Louis, conseiller d'orientation, si investi dans l'égalité des chances pour les élèves et la rénovation pédagogique, faisant la campagne régionale de MEIRIEU, prof de sciences de l'éducation... je sais qu'il se réjouissait de ce nouveau combat électoral, que nous allions mener ensemble une nouvelle fois, et qui synthétisait ses engagements de syndicaliste dans l'Education nationale et de militant écolo.
Sa dernière intervention au SILA était pour demander une limitation de la puissance des bateaux sur le lac, estimant en écologiste qu'il ne servait à rien d'édicter des règles de vitesse limitée sur le plan d'eau si les hors bords avaient la puissance de la dépasser.
Investi dans la solidarité avec le tiers monde et en particulier le Burkina Faso, son engagement politique ne souffrait aucun temps mort. Il était sa vie, celle qu'il avait choisie par pur idéal militant et dont il ne déviait pas. Jean Louis était l'archétype du militant dévoué, pour lequel la fidélité était une valeur cardinale et le souci de la pérennité de l'organisation à laquelle il appartenait une véritable référence morale.
La peine qui m'étreint en écrivant cet hommage à un ami disparu si brutalement fait écho à celle de son épouse Anne Marie, et de ses enfants Claire et Arnaud auxquels vont mes pensées.
Jean-Louis nous avait fait découvrir le Briançonnais et ses merveilles. Le pré de Madame Carle et le Val Clarée, mais aussi Dormillouse et tant d'autres randonnées autour des ECRINS qui resteront désormais attachées indéfectiblement à sa mémoire. De sa maison là-bas, la vue sur la citadelle de Briançon est imprenable. La montagne qu'il aimait tant ne le verra plus.
Jean-Louis, je ne sais pas te dire au revoir.
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