TRICASTIN, le procès d'AREVA du 17 juin
19 Juin 2010 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #Environnement
Bref compte-rendu de l'audience du 17 juin, le procès de la SOCATRI, filiale d'AREVA, poursuivie pour avoir rejeté dans la nature au moins 72 kilos d'uranium.
Les débats ont permis de se rendre compte de l'écart entre les discours théoriques entre la politique de sécurité développée par AREVA, en la personne d'un amiral en retraite, et la réalité du travail quotidien sur le site. Les ergonomes appellent cela le travail prescrit (celui qui est écrit dans les procédures qualité) et le travail réel (celui que les salariés mettent en oeuvre au quotidien pour que l'usine fonctionne).
Et bien l'analyse de l'accident (je tiens un arbre des causes sommaires de l'accident à votre disposition) est révélatrice d'un écart stupéfiant.
Donnons un exemple. Lorsque l'accident est enfin détecté, le directeur d'exploitation fait chercher des pelles pour déterminer si l'eau s'est infiltrée sur une grande profondeur. Ces pelles sont des pelles à neige (à TRICASTIN !) enfermée dans un bureau fermé et on va perdre une heure à trouver la clé vers 1 heure du matin, plutôt que de lancer l'alerte aux autorités, ce qui fit dire à un avocat des parties civiles que l'on cherchait en réalité à déterminer si cette fuite se verrait pour éviter de donner l'alerte.
Un autre exemple : les opérateurs interrogés disent presque tous qu'il y avait en permanence des alarmes sans objet, qu'ils avaient alerté la hiérarchie qui n'avait rien fait, et que lors de cette nuit du 7 au 8 juillet 2008, l'ordinateur qui avait signalé le débordement était daté au 12 avril 2006, ce qui les avait confirmé dans l'idée que c'était une alerte. L'un d'eux indique qu'il y avait eu, après l'accident, une alerte sur un stocker qui n'existait plus ! Imaginez la perte de vigilance qu'entraîne une telle persuasion qu'il n'y a pas de danger réel quand une alarme se déclenche !
C'est la réalité du nucléaire aujourd'hui en France. L'accident nucléaire aura lieu un jour ou un autre parce que cet écart entre les règles théoriques des entreprises et leur fonctionnement quotidien est une réalité qu'AREVA refuse de reconnaître, ouvrant la voie à la dissimulation par les travailleurs et leur hiérarchie des incidents qui surviennent pour qu'ils ne soient pas l'objet de sanctions, de reproches ou de mise à l'écart professionnelle.
Voilà qui n'a rien de rassurant.
Encore moins rassurant quand AREVA fait citer comme témoin un médecin militaire qui vient expliquer que les règles en matière de
radioprotection sont surdimensionnées et comparent les doses utilisées en radiothérapie pour tuer des cellules cancéreuses et celles qui sont acceptables pour les salariés...
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