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thierry billet

Conseil local de développement, territoire en transition énergétique

9 Janvier 2012 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #Environnement

Intéressante réunion le 5 janvier 2012 du Conseil local de développement (CLD) du Bassin annécien, autour de Michel VIGNOUD, dirigeant d'ALPES CONTROLE, afin d'étudier comment et pourquoi développer la thématique du "territoire en transition"...

Michel a présenté, avec Charles MAGNIER, de PRIORITERRE, les enjeux de ces "territoires en transition" autour de la thématique de la réduction de notre dépendance aux énergies fossiles et de la capacité de résilience d'un territoire pour faire face aux changements climatiques et au renchérissement du coût de l'énergie.

Le débat a permis de mesure l'intérêt d'une mobilisation territoriale en faveur d'un développement plus autocentré, ayant pour objectif d'être capable d'assurer une croissance décarbonée...
La question de la transition énergétique est au coeur du Plan climat de la Ville d'ANNECY que vous pouvez télécharger sur le site de la Ville si vous ne l'avez pas encore fait.

Ce plan climat est soumis à la consultation de la population : je vous invite à exprimer vos remarques, propositions, amendements, etc. à cette occasion. Nous sommes ouverts à toutes les contributions qui permettront d'étoffer encore ce travail collaboratif.

En tous cas, le CLD va continuer d'impulser la réflexion et l'action pour valoriser les initiatives qui existent déjà sur le bassin annécien, et pour innover encore et toujours.
Par exemple, nos restaurateurs ne pourraient ils pas offrir à la clientèle des menus "Moins de 80 kilomètres"; c'est à dire composés exclusivement de produits récoltés à moins de 80 kilomètres d'ANNECY ? C'est par ce genre d'initiatives que nous serions en capacité de mettre en synergie des producteurs locaux, des agriculteurs et des commerçants en sensibilisant nos visiteurs à l'empreinte écologique.

 

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EUROPE ECOLOGIE, l'enterrement est de 1° classe.

6 Janvier 2012 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #C'est personnel

J'ai beaucoup cru en EUROPE ECOLOGIE. Lorque Jean Paul BESSET est venu parrainer la création du groupe d'ANNECY à mon initiative le 12 décembre 2008, nous avons cru que le moment de l'affirmation de l'autonomie politique de l'écologie politique était arrivé.Vous le relirez ici et là :

http://www.thierry-billet.org/article-25232701.html


http://www.thierry-billet.org/article-25871012.html

 

Mon article sur "l'enterrement" d'EUROPE ECOLOGIE en 2011 a créé le "buzz" si j'en crois le nombre de connexions sur le blog pour lire spécifiquement cet article :

http://www.thierry-billet.org/article-2011-l-enterrement-d-europe-ecologie-95234098.html

Chaque jour qui passe apporte sa pierre à mon analyse. De quelque côté que l'on se tourne, le constat est le même.

 

RUE 89 et LE MONDE pointent les mêmes problèmes : départ des adhérents, gestion opaque, etc.

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/12/30/les-verts-en-voie-de-banalisation_1624351_3232.html 

ou

http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/01/04/comptes-deelv-est-pauvres-alors-certains-pensent-quon-truande-228034

 

Une lettre ouverte de Gilles LEMAIRE, qui fut secrétaire national des VERTS, alimente la discussion en appelant les VERTS à un grand sursaut contre le binôme DUFLOT-PLACé... dont il rappelle qu'ils gagnèrent le parti en se présentant à son aile gauche, selon la meilleure tradition de l'ancienne SFIO : gagner les élections internes à gauche, pour mener ensuite une politique opportuniste sous un langage radical. Par exemple, rappelez vous : "cette main ne signera pas un accord qui ne renonce pas au nucléaire" disait en substance Cécile DUFLOT... avant de faire le contraire...

Je n'ai rencontré qu'une fois Monsieur PLACE, c'était à ANNECY et il daignait venir me rencontrer à ma demande. Pour cela, il avait pris une chambre pour le week end dans un 3 étoiles annécien. Pour un militant historique des VERTS comme moi, il y avait déjà un problème. Nous avions hébergé à la maison Dominique VOYNET, Noël MAMERE, Yves COCHET, Dany COHN BENDIT,... Mais PLACE descendait dans un 3 étoiles et n'allait pas chez un militant... C'était un symbole : on changeait d'époque déjà.

"Il y a deux sortes d'homme politique, celui qui est là pour servir et celui qui vient pour se servir", aime à dire Bernard BOSSON.

Et bien devinez où je place M. Placé ?

Si je ne partage pas la perspective politique de Gilles LEMAIRE ni de son courant, son courriel est une preuve de plus du désarroi militant qui se traduit par le départ des adhérents qui ne sont pas entrés dans la logique DUFLOT -PLACE et regardent médusés la perte de crédibilité croissante de la candidature d'Eva JOLY.

Triste début de l'année 2012, incroyable doux comme le rappelle LE MONDE du 4 janvier 2012...

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La TVA sociale est elle de droite ? Alain LIPIETZ

5 Janvier 2012 , Rédigé par Thierry BILLET

Jean ARTHUIS, soutien de François BAYROU, a publié il y a quelques semaines un plaidoyer en faveur de la TVA sociale pour financer la protection sociale, en lieu et place des charges sociales sur les salaires. C'était avant que SARKOZY ne sorte ce lapin de son chapeau à quelques mois de la présidentielle comme un de ses idées brillantissimes comme les jurés en correctionnelle ou la suppression de la taxe professionnelle...

L'idée m'avait séduite car elle me rappelait l'argumentaire d'Alain LIPIETZ, économiste des VERTS, duquel je me sens très proche.

Voilà ce qu'écrivait Alain dans ALTERNATIVES ECONOMIQUES en 1996 n° 138. Le parallèle fait par LIPIETZ avec les "éco taxes" me paraît toujours d'actualité quand on voit le sort réservé à la pourtant nécessaire "contribution climat" ou "taxe carbone", portée par Nicolas HULOT.

Alain écrit :

"Déductible, la TVA l’est aussi à l’exportation (et les produits importés sont chargés de la TVA correspondante). De ce fait, la TVA fonctionne comme une sociotaxe. Si elle est utilisée pour financer la Sécurité sociale , elle égalise fictivement, pour le consommateur de France, le niveau d’Etat-providence entre la production en France et la production dans le tiers monde [6]. Elle dispense aussi les consommateurs du Sud de financer la Sécurité sociale des travailleurs français. Elle incite donc le consommateur hexagonal à refuser les produits de la surexploitation du tiers monde , tout en abaissant les coûts, pour les populations du Sud, des produits français. Monsieur Sylvestre, de la World Company [7], ne sera pas bien d’accord. Et vous ?"

Je ne sais pas si il pense encore cela aujourd'hui.

 

La TVA est-elle de droite ?

Au moment où l’Etat ne sait plus comment financer ses dépenses, et notamment la protection sociale, Alain Lipietz éclaire de manière originale le débat sur la contribution de la TVA au financement+ des dépenses publiques.

 

Pour ne plus faire reposer le financement de la protection sociale sur les seuls salaires, on propose parfois d’en reporter une partie sur la TVA . Cette solution, moins radicale que le transfert vers l’impôt sur le revenu, s’attire parfois la critique comme quoi cela " pèsera sur les consommateurs, y compris les démunis ". Cet argument serait également valable pour l’ensemble des écotaxes et des sociotaxes (taxes à l’importation visant à compenser les distorsions de concurrence dues à la surexploitation des travailleurs dans certains pays). Très logiquement, les adversaires de la TVA sont aussi adversaires des écotaxes (" augmenter le prix de l’essence, c’est frapper les pauvres ") et des sociotaxes, dont la TVA est d’ailleurs une variante, parce qu’elle est déductible à la frontière. En réalité, ces taxes dites " à la consommation " ne sont pas spécialement des taxes sur les consommateurs. Tel est le point essentiel à élucider d’abord. Restera ensuite à discuter de ce que l’on peut et veut obtenir par une modulation des prix via la fiscalité .

L’idée que la TVA est un impôt sur le consommateur est très répandue dans l’opinion, chez les agents du fisc et même chez certains comptables. Dans ce cas, elle serait en effet comme un impôt injuste. Car si on cherche à mesurer l’effet " social " des impôts à partir du contenu en impôts de la dépense des revenus, on dira le RMIste dépense tout ce qu’il gagne : il dépense donc 20 % de son revenu en impôts, si 20 % est le taux moyen de TVA dans le prix des biens et services qu’il consomme. En revanche, le riche qui épargne une partie de son revenu ne paie aucun impôt à la consommation sur cette part. Démonstration séduisante, mais totalement fausse, comme l’on montré les économistes spécialistes de la question, par exemple Bruno Théret [1].

D’abord, dire que le riche ne paie pas de taxe à la consommation sur la part de son revenu qu’il épargne est une remarque sans intérêt. Car il consommera un jour cette épargne, augmentée d’intérêts et de dividendes (en yacht, caviar...), et on peut faire en sorte que la TVA soit plus forte sur ces produits-là. Ou bien il s’interdit à jamais de consommer ce pouvoir d’achat indéfiniment virtuel, lui, ses enfants et jusqu’à la septième génération : écologiquement parlant, ce n’est alors pas plus mal et, socialement parlant, cela revient à un resserrement de la hiérarchie des niveaux de vie [2]. Quand à l’accumulation de capital que permet cette épargne, elle ne peut être corrigée que par un impôt sur le capital.

Ensuite, si l’on tient à évaluer l’effet social d’un impôt à partir de son poids dans la consommation des différentes classes sociales, on rencontre vite d’étranges paradoxes. Prenons un exemple. Un RMIste achète une tranche de jambon Poluda sous cellophane au Centre Lepaclerc de sa ville. Il paie en effet la TVA , l’éventuelle écotaxe-emballage sur la cellophane et celle sur la pollution des nappes phréatiques par l’éleveur de porcs. On peut trouver cela scandaleux, mais ce n’est pas fini. Il paie aussi le travail du paysan, celui des ouvriers de Poluda et des caissières de Lepaclerc et, bien entendu, les charges sociales (employeurs et salariés) de tout ce monde. Il paie évidemment les marges commerciales de Poluda et de Lepaclerc et donc l’impôt sur les bénéfices des sociétés Poluda et Lepaclerc. En revanche, les infâmes rentiers qui placent leur argent en Sicav , au lieu d’acheter du jambon sous cellophane, ne paient rien de tout cela. Faut-il en déduire le théorème selon lequel " un RMIste paie l’impôt sur le bénéfice des sociétés, mais pas le grand capital " ? La vraie moralité, c’est qu’une taxe à la consommation n’est pas plus un impôt sur le consommateur que n’importe quel autre, car le consommateur finit toujours par tout payer. Avec des revenus qui auront été préalablement ponctionnés par divers impôts. Et c’est là que se situe le problème.

Pour le savoir, imaginons une principauté capitaliste, Monandore, avec un Etat minimum qui ne prélève aucun impôt. Cet Etat paie ses fonctionnaires en vendant des timbres de collection et des photos de ses princesses. Il n’y a ni Sécurité sociale ni indemnité de chômage et les exclus vivent de la charité privée. Dans les entreprises, le partage du revenu national se fait à 40 % pour le profit et à 60 % pour les salaires. La répartition du revenu national est donc la suivante : 40 % pour le capital, 60 % pour le travail et 0 % pour les chômeurs.

Les écologistes de Monandore gagnent les élections et décident de prélever une TVA de 10 % pour financer un RMI . Le système des prix relatifs ne change pas. Les entreprises versent 10 % de leur valeur ajoutée à l’Etat et partagent toujours le reste à 40 % pour le profit et 60 % pour les salaires. Va-t-on dire : " C’est un scandale ! on fait payer les allocations de chômage aux chômeurs qui consomment ! " ? Non bien sûr. On fait les comptes à partir de la distribution du revenu national qui est maintenant 36 % pour le capital (40 % de 100-10 %), 54 % pour le travail (60 % de 100-10 %) et de 10 % pour les chômeurs.

Comme on le voit sur cet exemple simplifié, toute taxe dite à la consommation pèse en réalité d’un poids proportionnel indifférencié sur les revenus distribués par les entreprises qui produisent les marchandises consommées. La TVA et les écotaxes sont des impôts sur la production socialement neutres, en ce sens qu’ils ne modifient pas le résultat des conflits du travail. Et c’est d’ailleurs ce qu’on peut leur reprocher. Nos écologistes de Monandore sont des modérés : ils auraient mieux fait de financer le RMI avec un impôt sur la fortune. Mais le mieux est parfois l’ennemi du bien : on a prélevé un impôt sur le système productif, avant la distribution entre capital et travail, et on l’a attribué aux exclus (qui, du coup, deviennent des consommateurs avec des effets positifs pour tout le monde, mais c’est une autre histoire). Jusqu’ici nous n’avons pas parlé des mécanismes de diffusion des taxes nouvelles à travers le système des prix et des revenus. Nous avons supposé qu’elles se diffusaient aussi facilement dans tous les sens, salaires, prix et profits retrouvant le même niveau relatif à travers l’inflation. Ce n’est pas toujours le cas, et cela dépend de la conjoncture.

Si l’Etat augmente, par exemple, l’impôt sur les bénéfices ou les cotisations employeurs, les entreprises auront tendance à le répercuter dans leurs prix. Si elles y parviennent, et si les salaires n’augmentent pas, ce sont en définitive les salariés qui paient l’impôt sur les bénéfices. Si elles n’y arrivent pas, et même si les salaires ne bougent pas, c’est bien la part du profit qui diminue. Même chose pour la TVA . Il y a donc aussi une lutte des classes au niveau du système des prix et des impôts, dont les résultats ne sont nullement prédéterminés.

Pendant le second semestre 1995, la hausse des prix a été très inférieure à la hausse de 2 % de la TVA (qui, d’ailleurs, ne touchait pas les produits de première nécessité, taxés à 5 %). On peut donc affirmer que cette hausse de la TVA a été payée par les profits. Demandez à votre restaurateur favori, celui qui se lamente d’habitude sur le poids des charges sociales , il crie tout aussi fort (et avec raison) contre le poids de la TVA qu’il n’a pas pu répercuter sur les prix à la consommation. Bref, pour éviter les effets sociaux pervers des taxes à la consommation, il faut renforcer l’indexation des salaires (et des allocations) sur les prix. N’y a-t-il donc aucune différence entre une TVA ou une écotaxe de 10 % et un impôt uniforme sur le revenu de 10 % ? Si, il y en a une. Comme son nom l’indique, une taxe à la consommation a beau être prélevée sur la production, elle n’est payée qu’au moment de la consommation, si elle a lieu.

C’est d’ailleurs l’intérêt des écotaxes [3] : elle fait payer le pollueur, c’est-à-dire en fait l’entreprise qui propose un produit polluant (et son complice, conscient ou non, le client). Si elle est suffisamment forte, elle va faire reculer la production-consommation de ce produit. La TVA aura les mêmes propriétés si elle est fortement différenciée [4]. Mais c’est aussi un danger des taxes à la consommation : les rentrées fiscales qu’elles procurent reculent de façon non maîtrisée avec la consommation ; on ne peut donc pas trop compter sur elles pour financer des dépenses. C’est la mésaventure qui vient d’arriver à la majorité RPR-UDF de la Région Ile-de-France : rechignant à augmenter les impôts directs, elle comptait surtout sur les taxes d’enregistrement des bureaux... qui se sont effondrées. Même déconvenue pour les élus régionaux Verts qui avaient gagé des dépenses sociales et environnementales sur une hausse des cartes grises.

Soyons lucides. L’intérêt de la TVA comme des cotisations sociales dans un pays où l’impôt sur le revenu n’est pas prélevé à la source, c’est d’abord d’être " invisible ". Il serait imprudent de transférer tous les prélèvements obligatoires (en gros, un peu moins de la moitié du revenu national ) vers un impôt direct sur le revenu. Imaginez l’enseignant recevant chaque mois un salaire de 24 000 francs par mois pour en reverser aussitôt 12 000 à l’Etat ! Et si l’impôt sur le revenu était prélevé à la source, sans même figurer sur le bulletin de salaire ? Cela n’enlèverait pas l’intérêt des taxes à la consommation, car elles restent un moyen d’orienter la consommation en tordant le système des prix relatifs . Ce raisonnement est parfois critiqué dans le cas des pollutaxes : " Si le prix de certaines consommations devient dissuasif, le RMIste sera le premier à y renoncer (sauf les cigarettes ?), tandis que le riche aura toujours les moyens d’acquitter ces droits à polluer ".

Même un écologiste au coeur tendre doit rester de marbre vis-à-vis de ces arguments. La richesse permet de tout acheter, ce n’est pas une découverte, et il est suspect de faire mine de s’en effaroucher justement au moment où l’on parle de pollutaxe. C’est reconnaître que, implicitement, la société accordait aux pauvres (comme aux riches d’ailleurs) un droit à polluer gratuitement, pour ne pas avoir à leur assurer un revenu décent leur permettant de consommer proprement ! Un peu comme les élites brésiliennes qui invitent les exclus à défricher l’Amazonie pour ne pas avoir à faire la réforme agraire dans le reste du pays. Alors, vive les pollutaxes, mais diminuons " vers le haut " la hiérarchie des revenus (par exemple, en augmentant de façon différenciée le salaire horaire au fur et à mesure que diminue le temps de travail).

Et dans le cas de la TVA ? Cette taxe est hélas de moins en moins peu sélective. Elle peut le redevenir, à la fois socialement et écologiquement, si l’on renforce la différenciation des taux (de 0 % pour les produits sains et fondamentaux à 40 %, par exemple, pour les produits superflus et polluants). Mais, même à taux uniforme, la TVA pèse utilement sur les prix relatifs , notamment parce qu’elle est déductible.

Déductible, la TVA l’est sur l’investissement et les consommations intermédiaires. Cela facilite la division du travail interfirmes (c’était l’un des buts recherchés lors de sa création en 1957) et cela favorise la substitution de la peine humaine par des machines. Trop, peut-être. On pourrait remédier à ce défaut en déduisant la TVA sur les amortissements (et non sur les investissements initiaux). En tout cas, la transformation des cotisations employeur (assises sur le seul travail) en TVA diminue le coût du travail pour les industries de main-d’oeuvre [5] et reporte ce coût vers les industries plus automatisées. Elle réalise ainsi une vieille revendication : faire cotiser les robots.

Déductible, la TVA l’est aussi à l’exportation (et les produits importés sont chargés de la TVA correspondante). De ce fait, la TVA fonctionne comme une sociotaxe. Si elle est utilisée pour financer la Sécurité sociale , elle égalise fictivement, pour le consommateur de France, le niveau d’Etat-providence entre la production en France et la production dans le tiers monde [6]. Elle dispense aussi les consommateurs du Sud de financer la Sécurité sociale des travailleurs français. Elle incite donc le consommateur hexagonal à refuser les produits de la surexploitation du tiers monde , tout en abaissant les coûts, pour les populations du Sud, des produits français. Monsieur Sylvestre, de la World Company [7], ne sera pas bien d’accord. Et vous ?

On vient de le voir, les taxes à la consommation présentent bien des avantages, sauf un : elles ne modifient pas le partage salaire-profit. Mais il peut être bon de ne pas tout demander d’un coup à une seule réforme. Prenons un schéma où seule les caisses retraites et chômage resteraient financées par des cotisations employeurs et salariés. Les cotisations employeurs famille-santé représentent 440 milliards de francs. L’écotaxe anti-effet de serre (que la Commission européenne propose de substituer aux cotisations-employeurs) rapporterait 110 milliards. Resteraient 330 milliards à transformer en TVA . Celle-ci représentant 536 milliards de francs, elle serait donc augmentée de quelque 60 % (mais, évidemment, le niveau des prix resterait en moyenne inchangé, avec les variations de prix relatifs indiquées plus haut).

Les cotisations versées par les salariés leur seraient restituées et remplacées par un impôt progressif sur le revenu Elles représentent aujourd’hui 161 milliards de francs. Le total actuel de l’impôt sur le revenu, de la CSG et du RDS (Remboursement de la dette sociale ) est de 343 milliards de francs. Ce total serait donc augmenté de quelque 47 %. Quel parti osera proposer aux classes moyennes une augmentation de 47 % des impôts directs ?




NOTES

[1] " Un point de vue macro-économique sur le traitement de la TVA dans le système élargi de la Compatibilité nationale française ", Public Finance, Vol. XXXVI n° 4, 1981.
[2] En réalité, l’impôt (même sur le revenu) intervient trop en aval des rapports de production pour toucher à l’essentiel. Supposons une entreprise appartenant à des actionnaires capitalistes idéaux, qui ne se distribueraient que des dividendes égaux à un salaire d’ouvrier et investiraient tout le reste. Ces actionnaires " calvinistes " dépenseraient tout leur revenu, paieraient les mêmes impôts et TVA que leurs salariés. Pourtant ils seraient de plus en plus riches et puissants.
[3] Ou plutôt les " pollutaxes ". Suite à quelques déconvenues, les écologistes belges ont proposé ce néologisme : il s’agit en effet de faire payer les pollueurs et non de faire payer l’environnement.
[4] Cependant, il faut maintenir des pollutaxes qui ne sont pas des TVA , car le remboursement de la TVA sur les consommations intermédiaires en annule l’effet quant au choix des techniques de production.
[5] C’est très utile quand on souhaite réduire le temps de travail sans diminuer les salaires ouvriers.
[6] Rappelons que, bien que l’Acte unique ait prévu l’unification des taux de TVA en Europe, cette unification n’a toujours pas eu lieu. L’idéal serait évidemment de converger vers un taux de TVA assez fort pour couvrir une part substantielle de la protection sociale , comme au Danemark. L’Allemagne, partie d’un taux de TVA un peu plus bas que la France, semble se rallier progressivement à cette position.
[7] Personnage bien connu des Guignols de l’info.
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François HOLLANDE dans Libé hier matin...

4 Janvier 2012 , Rédigé par Thierry BILLET

Je suis abonné à LIBERATION. J'ai donc lu la tribune de deux pages de François HOLLANDE.

Il y parle en trois mots de la question écologique : "la transition énergétique et écologique", cite t'il après "l'éducation, la recherche, la culture"...

La question écologique n'est plus évoquée nulle part.

Ah, si ! François HOLLANDE en reparle à propos de l'un de ses principes : "la volonté". "Il en faudra (de la volonté) pour réussir la transition énergétique".

On aurait aimé que HOLLANDE donne quelques indications sur le sujet : quels sont ses objectifs en ce domaine ? quels sont les moyens qu'il veut se donner ?

Bref, c'est plus que léger.

Cela montre surtout que ni la question centrale de la raréfaction des ressources naturelles n'est pas du tout intégré dans la réflexion politique de François HOLLANDE, ni celle du réchauffement climatique.

Ennuyeux pour un prochain Président de la République, non ? En tous cas, pour moi c'est très ennuyeux.

Et puis, cette faute de rédaction qui m'agace quand on se présente pour être le Président de la République : "La FRANCE est un grand peuple..."  Et bien non, les français sont un peuple, et la FRANCE est un pays et une nation.

Combien d'énarques et d'agrégés de lettres sont ils à avoir relu ce texte et ils n'ont pas vu cela ? Ou pensent-ils que les Français se moquent du français ?

Trouver le moyen de ne pas parler d'écologie l'année où la température moyenne du pays a été la plus forte, voilà qui est bien décevant.

Mais on sait qu'on n'élira pas HOLLANDE pour son projet mobilisateur et sa vision stratégique du XXI° siècle.

il sera élu parce qu'il peut battre SARKOZY, et en croisant les doigts pour qu'il fasse le mieux possible une fois élu après nous avoir débarrassé d'un personnage malfaisant.

31 ans après François MITTERRAND, plus personne ne croit que le PS changera la vie. Il n'aspire d'ailleurs qu'à la rendre moins difficile. Cette ambition est-elle suffisante ?

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"L'invention de la violence" par Laurent MUCCHIELLI

3 Janvier 2012 , Rédigé par Thierry BILLET

Depuis des années que l'on nous rebât les oreilles avec l'insécurité grandissante qu'il conviendrait de distinguer du "sentiment d'insécurité" diffus que chacun d'entre nous constaterait, voilà que Laurent MUCCHIELLI remet les pendules à l'heure dans un ouvrage remarquablement étayé : "L'invention de la violence".

Il est impossible de résumer cet ouvrage fourmillant d'informations sociologiques de premier ordre sur la réalité des violences exercées en FRANCE depuis les années 1960.

Mais globalement, MUCCHIELLI montre : 1/ il n'y a pas d'augmentation de la violence et 2/ notre seuil d'acceptation sociale de comportements déviants a largement diminué.

En lisant MUCCHIELLI, je repensais à la bande annonce du film de POLANSKI "Carnage" à propos d'une bagarre entre deux enfants de dix ans. C'est l'un des aspects du livre de montrer combien est devenue pernicieuse le signalement systématique de toute bagarre à l'école au Parquet et aux services de police... Ou l'irresponsabilité des adultes de confier à la police le soin de régler un conflit familial.

MUCCHIELLI va plus loin en regroupant, type d'infraction par type d'infraction, non seulement les statistiques du Ministère de l'Intérieur qui dispose de tous les moyens d'orienter la collecte des statistiques dans le sens voulu par le Ministre, mais les enquêtes de "victimation", c'est à dire des enquêtes sur une population donnée où on l'interroge sur les infractions qu'elle a subies au cours de la dernière période (qu'elles aient été déclarées ou pas) et de comparer ces résultats sur longue période.

Et bien, toutes ces statistiques montrent une stabilité des faits évoqués.

"Insistons donc sur cette proposition centrale : si un processus de pacification des moeurs tend à réduire le recours à la violence, c'est parce qu'il a pour conséquence première de la stigmatiser, de la délégitimer. D'où un paradoxe qui n'est qu'apparent : le sentiment général d'une aygmentation des comportements violents accompagne l'accélération de leur déconciation, mais aussi la stagnation, voire le recul, de leur fréquence réelle. Notre société ne supporte plus la violence, ne lui accorde plus de légitimité, ne lui reconnaît plus de sens. D'où la banalisation de l'expression "violence gratuite", qui est pourtant sociologiquement absurde : en effet, les agressions ont toujours des mobiles, si incompréhensibles, dérisoires ou disproportionnés qu'ils puissent paraître aux yeux de la plupart d'entre nous. Notre seuil de tolérance à l'égard de comportements violents jadis admis continue de s'affaisser. Du coup, ces comportements changent de statut." (Page 216).

Citant l'explosion des condamnations liées à la "violence routière" qui ne sont pour la plupart que des excès de vitesse que l'on ne tolère plus (et tant mieux), MUCCHIELLI montre le détournement du terme "violence" qui ne recouvre nullement le comportement des personnes verbalisées à tour de bras et qui n'ont aucun comportement violent. Mais l'acception sociale du mot "violent" a profondément changé.

Il faudrait rendre obligatoire la lecture de MUCCHIELLI à l'Ecole nationale de la Magistrature, à l'Ecole des commissaires de police, et partout où des décisions doivent être prises en matière de libertés publiques.

En tous les cas, courez acheter ce bouquin,

MUCCHIELLI a un blog:

www.laurent-mucchielli.org

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Emmanuel Le Roy Ladurie: vers un désastre climatique ?

2 Janvier 2012 , Rédigé par Thierry BILLET

J'ai involontairement passé sous silence l'article de Emmanuel LE ROY LADURIE intitulé "Vers un désastre climatique ?" dans LE MONDE daté du 4 décembre 2011.

LE ROY LADURIE que l'on ne présente plus depuis "Montaillou, village occitan" et auteur d'une "Histoire humaine et comparée du climat".

LE ROY LADURIE déclare : "le réchauffement va s'accompagner en diverses régions de la planète, de guerres, de troubles sociaux, éventuellement graves, voire révolutionnaires".

Utilisant les ressources de l'historien, il alerte sur les risques pour demain; s'agissant d'un réchauffement d'une toute autre ampleur que celui connu jusque là.

"Les différences thermiques moyennes d'un siècle à l'autre d'après le climatologue allemand Franz Mauelshagen, du XVI° au XIX° siècle, n'étaient en général que de deux dixièmes de dégrés Celsius en plus ou en moins." (...) "Or le GIEC, pour le XXI° siècle, envisage (...) une hausse probable ou possible des températures de 1 à 3°C pour les années 2050 (...)".

Ma crainte est que le sentiment commun lié à notre perception immédiate du climat, telle que "Il neige abondamment ce début d'hiver, donc il n'y a pas vraiment de réchauffement", ne nous cache l'évolution tendancielle du climat, qui n'a que peu à voir avec la canicule isolée de 2003 ou les abondantes chutes de neige de cette quinzaine.

C'est une tendance lourde que le GIEC a identifiée,et c'est contre cette tendance lourde qu'il faut agir ici et maintenant.

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2012, bonne année ?!

1 Janvier 2012 , Rédigé par Thierry BILLET

2012 commence comme finit 2011.


Je vous recommande les images de la bataille de chiffonniers entre des catholiques arméniens et grecs dans la Ville de la nativité BETHLEEM en train de nettoyer leur église commune pour commencer l'année en vous demandant dans quel monde vous vivez... C'est plus tragicomique que les images qui nous viennent en temps réel du NIGERIA, de SYRIE, du MEXIQUE, ou de MARSEILLE où les morts s'accumulent inexorablement.

C'est aussi plus terrifiant de constater à quel point l'extrêmisme religieux fait perdre de vue l'essentiel du message des prophètes.


On peut avoir deux lectures de la situation que nous traversons :

1. la crise qui nous frappe nécessite une action déterminée en vue de relancer la consommation de toute la planète ;

ou bien,

2. la crise qui nous frappe est le signe de la fin d'un mode de croissance qui a épuisé la planète, détruit la solidarité entre les hommes et donné une nouvelle ampleur à la barbarie... et il faut nous adapter à un mode de développement plus frugal dans les pays du Nord et plus solidaire partout...

Si vous lisez habituellement ce blog, et vous êtes nombreux à le faire et je vous en remercie, vous savez de quel côté mon coeur balance.

L'année électorale déterminante que nous allons vivre cette année ne permettra sans doute pas de trancher ce débat, ni même certainement de l'aborder... Et c'est bien dommage, car c'est là le vrai clivage politique d'aujourd'hui.

Les écologistes auraient dû porter ce débat haut et fort, seuls contre tous si besoin. Les VERTS ont préféré le plat de lentilles pré électoral pour quelques un(e)s.

Reste que les faits sont têtus.

L'année 2012 sera celle du crédit cher, des finances publiques réduites drastiquement.

Cela obligera à des choix : continuer les dépenses en investissements écologiquement irresponsables comme la construction d'un grand tunnel routier sous le SEMNOZ (400 millions d'euros !) ou cibler les dépenses créatrices d'emplois non délocalisables et contribuant à réduire notre dépendance énergétique et nos émissions de gaz à effet de serre.

Pour ne pas se dédire, certains préféreront reporter à plus tard de tels aggiornamentos... Mais il faudra bien à un moment donné affirmer que nous avons changé d'époque. C'est le rôle des écologistes de porter ce message partout où nous sommes. C'est modestement, mais de manière déterminée que je le fais au quotidien dans mon mandat municipal.

 


Et je vous invite pour commencer l'année en s'inscrivant à un site de covoiturage, voilà qui pourrait être votre première bonne décision de l'année 2012.

Une action concrète et pratique pour réduire son empreinte énergétique.

Voilà le site français le plus développé :

http://www.covoiturage.fr/

Mais il y a aussi le site du Conseil général sur le même sujet avec la possibilité de créer des "événements" adaptés en vue de faciliter la mise en relation au sein d'une même collectivité

http://www.covoiturage.cg74.fr/

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