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thierry billet

Conférence Lac...

27 Juin 2008 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #Environnement


A l'occasion de la conférence de presse du Préfet concernant la reprise de la pêche de l'omble chevalier, Pierre BRUYERE, président du SILA, a confirmé la relance de la "Conférence Lac", c'est à dire la réunion en une seule instance des collectivités territoriales concernées par la gestion durable du Lac : communes pieds dans l'eau, intercommunalités, SILA et l'Etat qui est propriétaire du plan d'eau.

Pierre BRUYERE a précisé que la structure serait organisée en trois pôles :

Un collège des élus et des décideurs publics, lieu de la prise de décisions

Un collège des usagers et associations du Lac , lieu du débat citoyen et des échanges de points de vue

Un collège des scientifiques, en charge de fournir aux deux premiers collèges les éléments de compréhension du fonctionnement de l'éco système permettant d'éclairer soit les conflits d'usage, soit les décisions politiques à prendre, soit les interrogations sur l'état du milieu naturel

Le SILA se dotera ainsi des moyens d'un pilotage à moyen terme du lac de manière à tenter d'anticiper sur les enjeux écologiques de la gestion durable du plan d'eau et de ses rives.

Cela devrait permettre d'aborder de manière efficace la question de la réhabilitation des roselières et tous les autres problèmes auxquels le lac sera confronté.





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Reprise de la pêche de l'omble chevalier

24 Juin 2008 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #Environnement


Si vous allez chez votre poissonnier, il est inutile de demander de l'omble chevalier "pas trop gras"...

C'est la phrase que le Préfet M. BILAU vous évite de prononcer en interdisant la commercialisation et la consommation d'ombles chevaliers de plus de 39 centimètres pêchés dans le lac d'ANNECY.

Cette décision est logique : le PCB est hydrophobe = il ne reste pas dans l'eau et se fixe sur des particules de matière  (poussière, feuille, etc.) pour venir se déposer au fond du lac.

Au fond, il est avalé par des poissons qui descendent au profond pour se nourrir.

Le PCB se fixe alors dans les graisses = plus le poisson est gras ,plus il a pu fixer de PCB.

En interdisant les poissons de plus de 39 centimètres, on élimine les poissons potentiellement les plus contaminés, et on évite la consommation par l'homme.

Ces poissons peuvent continuer de vivre leur vie de reproducteur.

L'AFFSA a conclu en ce sens.
J'avais suggéré cette sortie de crise dans ce blog après l'interdiction de toute pêche, elle est utile et sensée.

Reste que loin de considérer que le problème était résolu, il nous faut maintenant anticiper sur les éventuels problèmes à venir et disposer d'une information scientifique de premier plan sur le fonctionnement de l'éco-système du lac.

En attendant, l'eau du lac est sans reproches lorsqu'elle sort de votre robinet.

La Ville d'ANNECY pour illustrer cela va renoncer à l'achat de bouteilles d'eau minérale pour ses réceptions : de l'eau du lac et exclusivement de l'eau du lac.

La pédagogie passe par l'exemple.
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GPL pour les bateaux du lac

23 Juin 2008 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #Environnement


La question du lac est essentielle pour toute la population de la cluse du Lac.

On doit donc tout mettre en oeuvre pour trouver des solutions pragmatiques et efficaces aux problèmes qui se posent.

Dans ce sens, la volonté de Jean Luc RIGAUT de relancer la "conférence lac", c'est à dire la réunion de toutes les communes "pieds dans l'eau" et de tous les utilisateurs du lac pour décider ensemble de la gestion durable du plan d'eau et de ses aménagements est-elle une nécessité qui devrait se concrétiser prochainement.

Mais on n'a pas besoin d'attendre pour lancer des initiatives de court terme et utiles.

Par exemple, l'association des utilisateurs de bateaux à moteur (AULA) n'est pas opposée à l'installation d'une pompe au GPL qui aurait l'avantage de permettre de ravitailler les bateaux avec une source d'énergie non polluante.

Cela permettrait à des touristes par exemple hollandais qui utilisent déjà le GPL de naviguer sur le lac.

Et cela serait apprécié des loueurs de bateaux comme j'ai pu le vérifier en discutant avec certains d'entre eux ce week-end. D'autant qu'il coûte moins cher que le gazole !

C'est donc une solution d'avenir dans le sens d'une reconversion progressive de tous les bateaux du lac sur des modes de propulsion excluant les hydrocarbures.

Mais il n'y a pas de pompe GPL sur le lac...

Nous allons vite y remédier.



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Coupe d'europe d'athlétisme...

22 Juin 2008 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #C'est personnel


Le sport m'intéresse peu, voir il m'irrite.

Je trouve la plupart des sportifs, et notamment les footballeurs désespérement incapables d'expliquer autre chose que : "il aurait mieux valu gagner que perdre ou que pour le prochain match, ils feront tout ce qu'ils peuvent pour gagner, mais que si ils perdent ce sera à l'insu de leur plein gré"...

Et je trouve insupportables les salaires versés aux footballeurs ou aux tennismen...

Heureusement, les deux jours de compétition de la coupe du monde d'athlétisme m'ont donné à voir une autre facette du sport dans des conditions de fair play, de convivialité et d'enthousiasme populaire  que les dérives racistes et xénophobes des stades de foot font oublier, malheureusement.

Pendant deux jours, un public nombreux a participé à une fête où toutes les nations ont été applaudies et les champions, en pleine préparation des Jeux Olympliques, ont donné tout ce qu'ils pouvaient pour leur équipe.

Je garderai le souvenir de cette équipière française perdue en dernière place du 5.000 mètres et applaudie longuement par le public pour l'aider à aller jusqu'à la ligne d'arrivée.

Avec la Fête de la Musique en plus le samedi soir, et le plaisir d'écouter Christophe CHENU et son dernier concert en famille avec ses enfants pour un adieu de leur groupe "Secret de famille", quel week end !

Ne manquez pas leur disque "Childhood Memory" chez tous les bons disquaires pour apprécier la virtuosité des compositions de Simon CHENU.



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Pestition contre les pesticides

21 Juin 2008 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #Environnement


L'association AGIR POUR l'ENVIRONNEMENT a lancé depuis quelques semaines une campagne contre l'usage immodéré des pesticides.

Vous pouvez la soutenir à l'adresse suivante :


www.agirpourlenvironnement.org

Cette question de la maîtrise de l'utilisation des produits phytosanitaires est devenue un véritable enjeu de santé publique.

Aujourd'hui, plus personne ne peut ignorer la contamination diffuse des polluants organiques persistants y compris dans des secteurs géogarphiques situés en dehors de toute industrie.

Ces "micro doses" dont on a longtemps nié la menace qu'elles représentent sont aujourd'hui identifiées comme de véritables bombes à retardement.

C'est la raison pour laquelle le service espaces verts de la Ville d'ANNECY a engagé, notamment dans le cadre de l'agenda 21 conduit par André MUGNIER, une politique résolue de réduction de l'utilisation de ces produits de l'ordre de 60% en quelques années.

Cette politique sera encore renforcée dans les mois qui viennent après l'avis unanime de la commission environnement en ce sens.

Cela se traduit par exemple par la décision de laisser pousser l'herbe au pied des arbres au lieu de les traiter à l'herbicide, puis de la faucher régulièrement.

Ou de renoncer purement et simplement à "traiter" certains espaces publics.

Cela suscite quelques lettres d'annéciens qui s'en étonnent.

Mais notre santé est en jeu et la Ville doit être exemplaire, notamment pour protéger le personnel municipal qui est le premier exposé à ces substances toxiques, et doit revêtir des équipements de protection individuelle contraignants pour les épandre.

Nous irons plus loin encore en collaboration avec la Ligue pour la protection des oiseaux dans la recherche de plantations d'espèces méllifères pour lutter contre la décimation des abeilles.



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Contrat local de développement Rhone Alpes

19 Juin 2008 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #Politique locale


Réunion intéressante de lancement du Forum du CLD sur le développement durable, animé par Patrick LANDECY.

Les présentations ont permis de discuter des notions d'étalement urbain et de périurbanisation, et de les appliquer à l'évolution de l'aire urbaine d'ANNECY depuis 15 ans.

Malgré sa faible part en termes de logements, la maison individuelle se taille la part du lion dans la consommation d'espace.

Les 5% de maisons individuelles construites
 ont consommé 800 hectares.


Les 70% des collectifs ont consommé 250 hectares...

Cette situation est stable depuis 15 ans; c'est à dire que 500 maisons individuelles sont construites chaque année.

Ce qui signifie que les politiques conduites jusque là n'ont pas été efficaces pour limiter cette course folle au "mitage" de l'espace agricole.

Il faut dire que l'on n'a pas fait grand chose en ce sens, et notamment Bernard ACCOYER qui a volontairement laissé stagner la mise en oeuvre du Schéma de cohérence territoriale... et vient d'annoncer au conseil municipal d'ANNECY LE VIEUX qu'il ne serait pas adopté avant 6 ans !!!

Le directeur de l'OPAC devait rappeler à cette occasion que le collectif coûte plus cher au mètre créé à construire qu'une maison individuelle...

Ce qui s'explique aisément puisque le coût d'équipement collectif de la maison individuelle est largement socialisé (réseaux, route,etc.) tandis que le prix du foncier y est plus faible.

Nous marchons donc bien sur la tête, et François BLANCHUT, ancien maire d'EPAGNY, devait rappeler que le maintien de 36.700 communes en FRANCE était une situation insupportable eu égard à la nécessaire coordination des politiques d'aménagement du territoire.

Mais surtout, l'éloignement géographique croissant de familles peu fortunées venant ensuite travailler sur ANNECY ne prend pas en considération le "coût d'usage" de cette décision imposée et notamment les déplacements qui seront nécessaires.

Ce coût d'usage, alors que le pétrole flambe, va rendre la vie impossible à court terme à une partie croissante de nos concitoyens.

Le chiffrage de cette dépense à venir devrait être intégré dans le choix d'investissement : il est aujourd'hui encore ignoré.


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Premier bilan

16 Juin 2008 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #Politique locale


Trois mois après le 16 mars 2008, est il temps de faire un premier bilan de l'élection municipale ?

Sans doute est-ce utile pour ne pas tomber dans l'activisme tant l'agenda se remplit rapidement de réunions multiples et de sollicitations, et regarder où l'on est de l'objectif que nous nous étions fixé collectivement.

  • D'abord, il y avait l'ardente obligation de ne pas voir appliquée la modification de la loi littoral.
Mission accomplie de ce point de vue : la nouvelle majorité municipale annécienne a enterré le dossier porté par Pierre HERISSON.

  • Ensuite, il y avait l'agglomération et le nécessaire maintien d'un dialogue démocratique sur les orientations que doit prendre l'agglo, notamment en matière de transports collectifs.
Un consensus est en train de naître sur ce dossier et notamment l'aménagement d'un transport en commun en site propre jusque SAINT JORIOZ. Les VERTS ont porté ce dossier depuis dix ans au moins. Il est maintenant mûr dans les esprits. Ne boudons pas notre plaisir, même si il va falloir le financer, et que d'aucuns nous mettront des bâtons dans les roues. Mais c'est la seule solution crédible aujourd'hui. Que les bus de la SIBRA demain et le tram train après-demain assurent un transfert modal efficace.

  • Enfin, il y avait l'urgence écologique
Avec le baril de pétrole à plus de 135 $, la conviction est plus facile à obtenir. On peut mettre toutes les cautères sur toutes les jambes de bois, subventionner les utilisateurs de gazole, et lancer des invocations, cette donnée économique est indépassable. Il va falloir faire avec le réchauffement climatique et des énergies fossiles chères. Ce qui est une chance car si le pétrole était bon marché, on laisserait filer la question du réchauffement... Or, il nous faut freiner d'ici 2015 de manière significative nos émissions.

Cela passe par une remise à niveau des politiques publiques y compris au niveau local. L'efficacité énergétique doit être le maître mot de cet aggiornamento écologique.

C'est à cette aulne que l'on pourra dire que nous avons bien travaillé.

La prochaine étape en ce sens sera le plan CLIMAT de la Ville sur lequel nous travaillons désormais.

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Alain LIPIETZ : la "cata" irlandaise.

16 Juin 2008 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #C'est personnel

Je pique à Alain LIPIETZ, eurodéputé vert, cet article de son blog.


Quelques 500 personnes, venues de la « société civile organisée » (représentants des syndicats, des associations écologistes, droit-de-l’hommistes, consommateurs, dont beaucoup sont regroupées dans la Plateforme sociale), se réunissaient vendredi après-midi pour la séance finale de l’Agora citoyenne, où devaient être présentés les exigences et propositions des ateliers à l’issue de 2 jours de débats sur le climat. Exigences à l’égard des institutions européennes d’une action assez radicale pour sauver le climat, nous y reviendrons.

Le Vice président du Parlement, le Vert Gérard Onesta, « inventeur » de l’Agora, qui présidait la séance, commence par annoncer la victoire du Non en Irlande. Aussitôt, un monsieur bien mis applaudit, provoquant les huées de la totalité du reste de la salle. C’est dire le désarroi dans lequel le Non irlandais et la perspective de voir clouer définitivement l’Europe dans les traité de Maastricht-Nice (ces traités que les mêmes Irlandais avaient approuvé par référendum) désespérait ce qu’il est dorénavant convenu d’appeler « société civile organisée ». Car en Europe comme en Irlande, l’écrasante majorité des associations, conscientes du rôle indispensable que peut jouer l’Europe dans la résolution des problèmes mondiaux, était consciente du handicap que représentent les traités actuels, et du progrès que représentait le TCE, puis le traité de Lisbonne.

J’insiste que par « société civile organisée », j’entends ici toutes celles et ceux qui sont dans les associations et syndicats, représentées ou non en tant que telles au Comité économique et social européen (les associations et la Confédération Européenne des Syndicats, présentes à l’Agora, étant d’ailleurs assez critiques sur le mode de désignation du CESE). L’Agora avait justement pour but d’élargir aux citoyens le processus de construction d’une Europe politique. Un tel processus d’association implique un certain niveau d’organisation, avec des débats suivis, menés de bonne foi et informés, de cette société civile.

La plupart de ces organisations (de la Confédération européenne des syndicats au WWF, à Greenpeace et aux Amis de la Terre en passant par la Ligue Européenne des Droits de l’Homme) avaient ainsi, selon des arguments mûrement pesés et selon de multiples critères, appelé à voter Oui au TCE, et , tout en regrettant les reculs du traité de Lisbnne par rapport au TCE, appelaient encore une fois à voter Oui, mesurant ses nettes avancées par rapport à Maastricht-Nice.

En choisissant au contraire d’en rester à Maastricht-Nice, le Non irlandais marque donc une rupture, non plus entre « une société politique coupée de la société civile » (comme aujourd’hui le rabâche en boucle cette classe politique, prenant la posture d’une auto-critique tartuffesque), mais une rupture entre « société civile organisée » et « société civile atomisée » (les gens). Entre 53% des Irlandais et les organisations mêmes censées les représenter au niveau social, et qui toutes appelaient à voter Oui .

On a beaucoup glosé sur le fait que le TCE, et encore plus le traité de Lisbonne, par le caractère principalement institutionnel, procédural, des réformes introduites (pour démocratiques qu’elles soient), ne « donnaient pas envie de voter Oui », faute d’avancée substantielle dans les domaines écologique et social.

On va beaucoup gloser sur le paradoxe des traité européens en vigueur, qui permettent à 53% de 45% de votant de 1% de la population européenne ( 840 000 personnes, mais c’est déjà beaucoup : plein de pays européens sont beaucoup plus petits que l’Irlande !) d’imposer leur vote à un demi-milliard d’Européens. Les Verts s’évertuent à répéter depuis 5 ans que seul un referendum européen serait véritablement légitime, mais les Verts,comme les assureurs, ne sont crus qu’après la cata.

Reste pour moi le plus grave de tout : ce divorce entre la société civile organisée (les assoc et syndicats) et la masse des individus.

Ainsi privées des formes d’organisation leur donnant conscience de soi, les masses irlandaises se sont ainsi retrouvées dans la situation qualifiée par Durkheim de « solidarité mécanique et non organique », par JP Sartre de « série », ou par Karl Marx (dans Le 18 brumaire de Louis-Napoléon Bonaparte) de « coexistence dans un sac de pommes de terre ». Dans une telle situation, le bombardement infernal des nationalistes du Sinn Fein, de la presse Murdoch et des fondations, commeLibertas, financées par le magnat Declan Ganley et par les néo-conservateurs américains, qui avaient recouvert d’affiches chaque mur ou autobus de l’Irlande, ne pouvait aboutir qu’au Non, dès lors que les associations porteuses d’une réflexion collective ne parvenaient plus à se faire entendre. Prenons deux exemples.

Beaucoup d’entre vous ont sans doute vu à la télévision cette séquence terrible d’une jeune et jolie femme tout à fait moderne, arborant la chemise rouge du Non, et expliquant que le Oui permettrait à la Cour de Justice Européenne d’autoriser l’avortement en Irlande. Vous avez bien vu et bien lu : elle pensait ça, donc elle votait Non ! Un peu comme si un « déporté noir américain » appelait à voter contre Lincoln parce qu’il abolirait l’esclavage. Les féministes d’ATTAC, en France, appelaient aussi au non au TCE, mais en argumentant que le TCE interdirait l’avortement !! Selon des rumeurs que je n’accepte pas de croire, elles seraient allées en Irlande soutenir ce discours anti-avortement. Bien sûr, rien de tout cela n’existe dans le traité de Lisbonne, mais pour les très catholiques Irlandais, souvent liés familialement aux États-unis, ce mensonge résonnait juste : c’est bien par un décret de la Cour suprême américaine (Roe vs Wade) que l’avortement a été autorisé aux États-unis, contre la volonté, parfois majoritaire au niveau des élections locales, des lobbies fondamentalistes chrétiens (« pro-life »). Avec la crainte (hélas tout aussi peu fondée d’ailleurs) d’une « harmonisation fiscale » qui aurait enfin obligé l’Irlande à taxer les profits de ses entreprises, c’était l’un des principaux arguments du Non.

Le scénario de libéralisation de l’avortement aurait-il pu se réaliser au niveau européen grâce à Lisbonne ? À la rigueur. Peut-être. Avec le traité de Lisbonne, il aurait en effet été concevable qu’un jour, une « initiative législative citoyenne » (1 million de signatures), puis une majorité du Parlement et du Conseil, intègrent la « santé reproductrice », c’est-à-dire le droit à la contraception et à l’avortement, dans la politique de santé européenne. Devenue « politique de l’Union » et donc « justiciable » selon la Charte des droits fondamentaux, ce droit des femmes aurait pu faire l’objet d’une plainte d’une femme irlandaise devant la Cour de justice contre son propre gouvernement lui interdisant d’avorter en Irlande...

L’Église catholique irlandaise n’ignorait certes pas cette possibilité nouvelle (qui restait quand même bien semée d’embûches), mais appelait quand même à voter Oui au nom des multiples avancées que le traité de Lisbonne permettait en matière de démocratisation, de législation sociale, de lutte contre le changement climatique etc. Et pourtant ses ouailles ont probablement voté majoritairement Non.

De la même façon, sur le terrain syndical, la semaine avait été marquée par une illustration extrêmement concrète de la différence entre le traité de Nice et le traité de Lisbonne.

Schématiquement, alors que le traité de Nice, c’est « tout le pouvoir au Conseil des gouvernements », le traité de Lisbonne, c’est « beaucoup plus de pouvoir pour le Parlement européen élu ». Or, le 9 juin, le Conseil européen, entérinant le virage à droite de la France et de l’Italie et le « travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy, s’était rallié à la position initiale de la Commission européenne, proposant de limiter à 60 ou 65 heures l’opt-out (dérogation) obtenue par la Grande-Bretagne en matière de durée hebdomadaire du travail. On se souvient peut-être que le Parlement européen, en première lecture (rapport Cercas), avait voté la suppression de cet opt-out et avait fermement limité la durée maximum du travail à 48h, sans annualisation, sur l’ensemble de l’Europe.

Anecdote significative : Roselyne Bachelot (que j’aime bien), alors députée européenne, trépignait de joie en séance à chaque avancée du rapport Cercas, puis en tant que ministre de Sarkozy a dû voter en Conseil exactement le contraire…

Comme je l’expliquais mercredi dans un communiqué, la position du Conseil clarifiait parfaitement la situation « socialo-européenne ». Ou on était avec le Parlement (et donc du côté du traité de Lisbonne) pour la limitation de la durée du travail, ou on était pour le traité de Nice, pour le pouvoir aux gouvernements, et on était alors pour le droit des gouvernements nationaux de s’exempter de cette limite : « travailler jusqu’à l’épuisement pour financer son enterrement. »

Ayant parfaitement compris l’enjeu, les syndicats irlandais appelaient à voter Oui au traité de Lisbonne. Les premières analyses des résultats montrent pourtant qu’une majorité d’ouvriers a voté Non, c’est-à-dire pour le maintien du traité de Nice, et donc pour la position du Conseil sur le temps de travail.

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Semaine alpine à l'ARGENTIERE,

15 Juin 2008 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #Environnement

Une Semaine Alpine à L'ARGENTIERE, au Pays des ECRINS, pour débattre de l'INNOVATION dans les ALPES, à l'initiative de réseaux de l'Arc Alpin, porteurs de la Convention Alpine, comme la Convention internationale pour la protection des Alpes (CIPRA), ou de l'Alliance pour les Alpes, un réseau de communes de l'arc alpin engagées dans une vision soutenable du développement de l'arc alpin.

Il est toujours intéressant de voir comment d'autres pays, dans un même espace naturel et culturel, prennent en compte les problématiques d'aménagement du territoire : suisses, allemands, italiens, autrichiens, slovénes...et français.

Confrontés aux mêmes problèmes de saturation du trafic des camions dans les tunnels alpins, et à la question lancinante du réchauffement climatique qui va profondément modifier l'écologie montagnarde avec la fonte du permafrost et des phénomènes aggravés de dégâts météorologiques, ces journées ont permis de mesurer la mobilisation internationale pour une inflexion des politiques d'urbanisme et de transports et la prise en compte du moyen et du long terme.

Cette semaine montre l'utilité de la diffusion de "bonnes pratiques" au niveau de l'arc alpin dans son ensemble pour répondre à  des questions comme  la densification de l'urbanisation, ou la construction de maisons "passives" en énergie, dans le cadre de politiques d'innovation qui sont soutenues par l'Union Européenne dans le cadre des politiques INTERREG.

On rentre de ce genre de rencontres avec le plaisir d'avoir partagé des valeurs et l'envie de mettre en application au plus vite certains projets réussis ailleurs.

Post scriptum:
Et on retombe plus bas que terre en lisant l'entretien de Pierre HERISSON dans un hebdomadaire départemental... Je ne comprends pas bien l'utilité d'utiliser un langage de charretier pour expliquer une position politique ou critiquer un adversaire. D'autant que je ne l'ai jamais fait à son égard et que nos échanges au SILA ont pu être vifs, mais jamais discourtois.

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EUROPE, le "non" irlandais ?

8 Juin 2008 , Rédigé par Thierry BILLET Publié dans #C'est personnel

Daniel COHN BENDIT analyse dans LE MONDE, la montée du NON au reférendum en IRLANDE sur le traité de Lisbonne...

Comment expliquez-vous la montée du non en Irlande ?

Par la folie de ce genre de référendum. On est dans des sociétés à logique égoïste. Les Irlandais qui disent non à l'Europe, c'est comme la Ligue lombarde qui rassemble 40 % des électeurs dans le nord de l'Italie pour ne pas payer pour le sud du pays. Pourquoi dire oui à quelque chose qui oblige à partager ce qu'on reçoit avec les nouveaux membres de l'Union que sont les pays de l'Est ?

La réaction basique est de protéger ses propres acquis. Dans le processus qui existe aujourd'hui avec la réforme de la PAC (politique agricole commune), les Irlandais savent, comme les Français, qu'ils ne seront plus protégés comme avant, qu'ils devront faire un effort pour renflouer les caisses de l'UE, qu'ils devront payer et non plus recevoir. Il faudrait qu'un référendum ait des conséquences : si on dit non, on sort de l'Europe.

La ratification du traité dans les autres pays est-elle compromise ?


Si les Irlandais disent non, Gordon Brown (le premier ministre britannique) rentrera dans la niche. Politiquement, il n'est pas en position assez forte pour imposer de mener à terme le processus de ratification du texte actuellement examiné à la Chambre des lords. Les conservateurs diront : "Voyez, quand le peuple parle, il est contre."

En République tchèque, c'est plus compliqué. Le président Vaclav Klaus et son parti ODS (droite ultralibérale) font un chantage sur les Verts dans la coalition gouvernementale : s'ils ne se prononcent pas pour le radar de défense américain, l'ODS dira non à la ratification. Il faut espérer que les Tchèques ne jouent pas le jeu de la politicaillerie, mais celui de la responsabilité par rapport à l'Europe.

L'Europe n'a-t-elle pas une part de responsabilité ?

Les Irlandais ont tout obtenu de l'Europe et ils n'en ont pas conscience. C'est donc qu'il y a un problème. Visiblement, nous, Européens, n'arrivons pas à expliquer aux peuples ce que nous sommes en train de faire. Les Irlandais du non font se coaguler toute une série de problèmes qui n'ont rien à voir avec l'Europe, et l'un de leurs arguments récurrents est qu'ils ne voient pas pourquoi voter pour un traité qu'ils ne comprennent pas. C'est une question à mettre sur la table : on a cru malin de faire un texte incompréhensible sans penser qu'on pouvait s'étrangler dans un goulot, comme par exemple le référendum irlandais. La réaction des peuples devant un tel texte est de se demander : "Qu'est-ce que vous nous cachez ?" Le pire, c'est qu'on ne leur cache rien et qu'ils ont tout obtenu.

Quelles leçons la présidence française de l'Union européenne devrait-elle tirer d'un non irlandais ?

Si le non irlandais arrivait, elle serait obligée de reposer la question du fonctionnement de l'Europe et la question du droit de veto d'un pays dans la ratification des politiques comme des traités de l'Union européenne. Les Verts avaient proposé un référendum européen à double majorité pour mettre fin à ce processus suicidaire. La démocratie, c'est surmonter les droits de veto.

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