LARDET vs HUOT de SAINT-ALBIN
Décidément Mme LARDET ne nous épargnera rien. La voici maintenant qui attaque publiquement sur les réseaux sociaux le directeur général des services de la Ville d'ANNECY, Dominique HUOT de SAINT ALBIN. Il a publié sur Linkedin un mot d'humeur et reçoit une volée de bois vert de la part de la maire-adjoint au commerce à propos d'un prétendu devoir de réserve qui ne concerne évidemment que son activité professionnelle local. Certainement pas des considérations générales sur la qualité de la campagne présidentielle.
Jamais je n'ai vu cela : une élue de la majorité qui attaque publiquement et nominativement un fonctionnaire municipal. C'est insensé. ANNECY est devenue une municipalité sans pilote, sans morale, sans respect humain. Bien entendu, le maire devrait monter au créneau pour défendre son plus proche collaborateur et démettre Mme LARDET de son mandat de maire-adjoint qu'il peut lui retirer à discrétion.
Mais Mme LARDET le tient au portefeuille de son mandat de maire et de VP de l'agglomération. Sans elle il n'a pas de majorité au conseil municipal. Je parie qu'il n'a jamais gagné autant d'argent de sa vie et avec lui toute une palette d'élus de sa liste RÉVEILLONS ANNECY; ce qui explique qu'ils acceptent d'avaler toutes ces couleuvres.
En attendant, imaginez l'impact d'une telle sortie médiatique sur les agents municipaux et communautaires ! Comment garder le coeur à l'ouvrage quand votre patron se fait tancer sur Facebook comme un gamin qu'on corrige ? Comment travailler sereinement quand vous pouvez vous trouver dénoncé publiquement par la Présidente du GRAND ANNECY ? Manager par la peur, c'est ce que Mme LARDET a dû apprendre chez ACCOR.
Remarquez il y a au moins un sujet sur lequel LARDET/ASTORG s'accordent, c'est d'accepter de boire ensemble un coup avec le condamné Frank SUPPLISSON comme le prouve la terrible photo publiée par l'ESSOR ce jour. Et une petite coupe, toute honte bue, à la santé des 85 emplois perdus d'ALPINE ALUMINIUM et de la liquidation d'une entreprise industrielle patrimoniale ! Qu'en pensent les élus de CRAN GEVRIER qui participaient à notre association de soutien à la SCOP ALPINE ALUMINIUM ?
Les agriculteurs et les pesticides
LE MONDE vient de consacrer une série d'articles passionnants à l'impact des pesticides sur la santé des agriculteurs qui les utilisent. Tout y est. Des conflits d'intérêts au sein de la Mutualité sociale agricole qui assure les risques professionnels au refus de prendre en compte le travail réel des agriculteurs pour estimer la toxicité des produits, de la surestimation de l'efficacité des tenues de travail pour protéger les professionnels (la "permutation" de ces combinaisons de travail qui peuvent aggraver de manière significative l'exposition au lieu de la restreindre), LE MONDE passe en revue de manière détaillée comment les industriels des pesticides ont corrompu les guides méthodologiques qui ne sont pas écrits par des organismes indépendants, mais directement par des employés de l'agro-industrie. Pour ne donner que cet exemple du "travail réel" bien connu des ergonomes qui consiste à observer la réalité du travail des opérateurs, les difficultés qu'ils rencontrent (le vent, les buses de la sulfateuse qui se bouchent, la nécessité de souffler dedans pour les déboucher car les pesticides s'accumulent et colmatent, le vidage des cuves en fin de traitement, etc.), il faut ensuite le comparer au "travail prescrit". c'est à dire mesurer l'écart avec les protocoles artificiels des bureaux d'études des industriels qui ont servi de base à l'étude de la toxicité de ces produits. La sous-estimation du risque est de l'ordre de 90% puisqu'aucun dysfonctionnement n'est pris en compte dans les modèles de l'agro-industrie. Ils veulent faire croire que les agriculteurs travaillent sur le terrain comme leurs éprouvettes dans leurs laboratoires. Et si il y a un problème, c'est que l'agriculteur n'a pas respecté les consignes. On masque ainsi la toxicité réelle du produit pour l'homme, autant qu'on l'a masquée pour l'environnement.
La perversité du système est accrue par le fait que l'agriculteur qui utilise ces produits est aujourd'hui informé des polémiques scientifiques que suscite leur impact sur l'environnement, à commencer par les abeilles. Et malgré cela, la consommation des pesticides ne faiblit pas. Dès lors comment se plaindre quand on tombe malade d'un produit qu'on voulait ne pas croire toxique pour le vivant ? La sous-évaluation des maladies professionnelles agricoles trouve ici une de ses raisons, et le syndicat professionnel majoritaire qui revendique l'usage des pesticides, la FNSEA, joue son rôle au sein des instances de la Mutualité sociale agricole pour freiner tout le processus de reconnaissance qui prend des années et se révèle un parcours du combattant pour les agriculteurs malades.
LE MONDE rappelle d'ailleurs (mais c'est vrai pour tous les tableaux de maladies professionnelles) que rien n'est scientifique dans la publication de nouveaux tableaux : tout est négocié entre les partenaires sociaux, les industriels et les ministères. Dans le régime général, un certain équilibre existe entre syndicats employeurs et salariés. Dans le régime agricole, c'est un seul syndicat pro-pesticides qui représente les agriculteurs : ça avance encore moins vite. Et l'externalisation des risques avance vite : désormais, ce sont des entreprises spécialisées qui effectuent certains travaux exposant à des risques particuliers; une façon de noyer ceux-ci dans une masse d'intervenants qui ne pourront jamais prouver leur exposition à un produit toxique.
des centres plus verts, des banlieues plus grises
Je découvre seulement maintenant l'étude de 2021 de l'Institut des politiques publiques sur l'impact de la fermeture des 3,3 kilomètres de voies sur berges à PARIS en 2016. L'étude montre le transfert pérenne du trafic sur le périphérique sud dans ses axes ouest-est entraînant ainsi l'exposition à la pollution du double de personnes que si l'on avait maintenu les voies sur berges. Mais ce ne sont pas les mêmes personnes, pas les mêmes communes et donc pas les mêmes électeurs.
Ce qui est mis en oeuvre au niveau de la commune centre pour protéger ses habitants impacte les habitants des communes extérieures. La question sociale doit être prise en compte : celle de l'exposition accrue d'habitants qui n'ont pas les moyens d'habiter dans l'hyper centre mais auxquels on fait subir le transfert du trafic. Cette question sociale était au coeur du travail engagé autour de la Zone de faible émission que nous avions lancée.
Il serait intéressant de mesurer l'impact de la fermeture partielle du Pont Albert LEBRUN sur la qualité de l'air du Crêt du Maure, du Boulevard du Rhône et de la Rocade pour illustrer cela et pointer l'enjeu de la spatialisation de la pollution. Le projet VIZIONNAIR devait nous permettre de le faire. Je ne sais pas si il a été mobilisé. Ce qui est certain, c'est que l'écolo-égoïsme actuel, en bloquant les permis de construire dans la ville centre, contribue à l'étalement urbain qui sature les voies de circulation et renforce la pollution de l'air.
(Note IPP n°65) Des centres plus verts, des banlieues plus grises ?
12 mai 2021 - L'Institut des politiques publiques (PSE/GENES) publie ce jour une Note (n°65) relative aux effets de la fermeture à Paris des voies sur berges sur les conditions de circulation sur le
https://www.ipp.eu/actualites/note-ipp-n65-des-centres-plus-verts-des-banlieues-plus-grises/
Une ronde sur un cimetière industriel
"La ronde" c'est cette association qui négocie avec le fossoyeur d'ALPINE ALUMINIUM pour s'installer dans les locaux des Forges de CRAN et lui louer des locaux alors que les 85 salariés licenciés tardent à retrouver du travail ou ont perdu du salaire dans leurs reclassements. Il faut vraiment être d'un parfait cynisme pour blanchir ainsi les agissements d'un ancien président de communauté d'agglomération condamné par un tribunal correctionnel tout récemment pour prise illégale d'intérêts.
De surcroît, il s'agit d'entreprises de l'économie sociale et solidaire et l'animatrice de "la ronde" est la compagne d'un élu "astorgien" influent.
J'apprends par ailleurs tout récemment que le duo LARDET/ASTORG accepte de fréquenter ce personnage qui n'a tenu aucun de ses engagements lors de la reprise de la SCOP ALPINE ALUMINIUM devant le tribunal de commerce d'ANNECY en décembre 2019. Mépris de ses engagements que le dit tribunal de commerce a sanctionné en refusant de clôturer le dossier de reprise cet automne et en demandant au liquidateur judiciaire un rapport exhaustif sur les engagements non tenus.
De tout cela "la ronde", et ASTORG/LARDET ont été parfaitement informés. Cela n'empêche pas "la ronde" de continuer de vouloir danser sur le cimetière de 85 emplois industriels et de redorer le blason d'un repreneur à propos duquel le Parquet d'ANNECY a ouvert une information judiciaire alors qu'il est déjà mis en examen dans le dossier ASCOMÉTAL.
Tout ceci est d'autant plus choquant que la société SAMFI qui mandate SUPPLISSON vient de tenter de couler définitivement le projet de reprise de l'usine papetière de LA CHAPELLE D'ARBLAY lâchée par son propriétaire finlandais et pour lequel un plan de reprise ambitieux a été proposé par VÉOLIA. SMAFI avait accepté de racheter le terrain au finlandais pour empêcher ce projet industriel. Heureusement la métropole de ROUEN vient de préempter le terrain pour permettre le redémarrage industriel. GREENPEACE s'en félicite tout comme la CGT du site qui n'a jamais baissé les bras.
C'était exactement le projet du GRAND ANNECY présidé par JLR qui avait décidé en bureau de racheter le terrain pour le louer à la SCOP et lui permettre ainsi d'investir avant qu'elle ne soit contrainte au dépôt de bilan. Mais pas du tout ce que nous prépare l'actuelle majorité municipale.
Nota : ne croyez pas les bons apôtres qui vont vous expliquer que la location d'une partie du site était prévue dans le plan de reprise et qu'il n'y a donc pas de problème dans l'entrée de "la ronde" sur le site. Il n'en est rien. Jamais SAMFI n'a annoncé vouloir louer des locaux à qui que ce soi et cela n'aurait pas été admis par le tribunal de commerce. SAMFI devait investir 15 millions d'euros pour relancer l'activité aluminium : il n'en a rien été; et il devait développer d'autres activités industrielles. Le "polytechnicien, énarque et conseiller politique" comme il est présenté dans le rapport de 2019 au Tribunal de commerce a donc bien trompé son monde.
Il ne faudrait pas que cela continue grâce à la complaisance de la majorité municipale.
Connemara
"Connemara"; bien sûr d'abord la chanson de Michel SARDOU, mais aujourd'hui le nouveau livre de Nicolas MATHIEU, dont j'ai eu le plus grand mal à me libérer pour ne pas le dévorer d'un trait. "Leurs enfants après eux", prix Goncourt 2018. (tiens, un an plus tard que VEILLARD dont je vous parlais avant-hier) marquait une inscription sociale chez les modestes gens. MATHIEU reste ici dans l'Est de la FRANCE pour faire se retrouver à leur quarantaine deux adolescents aux itinéraires scolaires et professionnels disjoints.
C'est l'occasion de descriptions ciselées de notre époque. Celle des cabinets de consultants qui se gavent de conseils stéréotypés en ces périodes de restructuration post fusion des Régions, ce gadget Hollande-Valls que MATHIEU critique vertement. Les pages concernant le fonctionnement de ces cabinets appelés à la rescousse pour faire passer la pilule du manque de moyens publics au nom de pseudo efficacités managériales méritent le détour.
Mais aussi celles concernant le club de hockey sur glace d'EPINAL dans lequel MATHIEU s'est immergé... Ou ces descriptions de l'ennui qui suinte de vies rabougries sans espérance d'un mieux crédible.
La tendresse n'est jamais loin pour autant car ces personnages malmenés sont terriblement attachants. Et Nicolas MATHIEU parvient à nous entraîner dans leurs pensées intimes grâce à une écriture travaillée au millimètre, au coeur de leurs différents vocabulaires personnels et professionnels. Courez chez votre libraire acheter "CONNEMARA" et "Une sortie honorable" !
ANDREYS, LARDET et leur directeur de conscience
Denis DUPERTHUY devrait lire mon blog plus souvent, il aurait pu ne pas attendre une année pour remarquer le magnifique conflit d'intérêt de Monsieur ANDREYS entre ses activités professionnelles et son mandat de vice-président au GRAND ANNECY. ( cf. ci-dessous).
DD pointe cette fois l'évidence avec le SEMNOZ où M. ANDREYS mélange allègrement ses activités commerciales et son mandat d'élu. Il invente pour les journalistes qui le questionnent un nouveau sésame, le "déport".
Le déport s'applique quand une personne qui a une autorité quelconque estime en conscience qu'elle ne doit pas s'occuper d'un dossier que ses fonctions devraient le conduire à traiter. Il s'agit pour un magistrat de ne pas juger sur le fond un dossier pour lequel il a été juge d'instruction par exemple. Ou pour un élu de ne pas participer au vote d'une délibération ou de ne pas instruire un dossier auquel d'une manière ou d'une autre on a partie liée ou intéressée. Je me souviens ainsi de Bernard BOSSON annonçant en conseil municipal qu'il se déportait sur un dossier de permis de démolir concernant un immeuble où il était propriétaire.
Voilà donc l'excuse dérisoire de M. ANDREYS, il se "déportera"... Mais le déport se produit lorsque le risque de conflit d'intérêts survient au détour d'un mandat sans qu'on ne puisse anticiper celui-ci lorsque l'on prend des responsabilités. Il s'agit d'une démarche ponctuelle et rare. Alors que M. ANDREYS est directement impliqué dans des activités touristiques sur le SEMNOZ depuis des années. Il sait donc que le seul moyen de prévenir le conflit d'intérêts était de ne pas se faire élire dans une fonction qui traite de la gestion du SEMNOZ, que ce conflit d'intérêts soit direct ou indirect. Mais il s'est fait désigner et donc il a choisi de mélanger ses affaires professionnelles et politiques pour nécessairement en tirer profit; sinon pourquoi aller prêter le flanc à la critique du conflit d'intérêts.
Et Mme LARDET annonce qu'elle saisit le malheureux DGS de l'agglomération qui n'en demandait pas tant et qui n'est certainement pas le directeur de conscience des élus de la majorité ASTORG/LARDET. Il aurait d'ailleurs beaucoup à faire, entre Mme LAFARIE et M. OSTERNAUD qui se font payer leurs lettres recommandées par nos impôts, M. TATU qui pige dans un journal sans mentionner son appartenance politique, etc.
Cette manière de botter en touche pour ne pas respecter la charte de déontologie qu'ils ont tous voté en début de mandat ne trompe personne... Le mélange des genres et le copinage sont au coeur de la gestion ASTORG/LARDET. Il faut bien qu'ils soient au moins d'accord sur quelque chose.
Etienne ANDREYS, et un conflit d'intérêts de plus ! - thierry billet
Et un conflit d'intérêt de plus au bureau du GRAND ANNECY que j'ignorais avant d'être alerté par des professionnels du tourisme. Monsieur Etienne ANDREYS est vice-président au tourisme durable...
https://www.thierry-billet.org/2021/02/etienne-andreys-et-un-conflit-d-interets-de-plus.html
Une sortie honorable
Le prix GONCOURT 2017, Eric VUILLARD, publie "Une sortie honorable". Dans la même veine historique que "L'ordre du jour" qui relatait le soutien des grands industriels allemands à HITLER, le nouveau VUILLARD est introduit par un rapport de l'inspection du travail dans une plantation de MICHELIN en Indochine dans les années 50.
Le rapport évoque une "épidémie de suicides" chez ces travailleurs martyrisés. Le même terme que chez ORANGE il y a quelques années... Le système d'exploitation éhontée de la main d'oeuvre annamite est relaté factuellement dans toute sa cruauté et son cynisme.
Et c'est ensuite depuis PARIS, dans une confrontation des débats politiques de l'époque sur la fin de la Guerre, et la nécessité d'en provoquer une sortie honorable que le livre expose magnifiquement, et à partir d'un discours dissonant de Pierre MENDES FRANCE, le consensus politique terrible qui empêcha qu'on y mette fin plus vite et de façon moins tragique que par la capitulation de DIEN BIEN PHU.
Il faut lire VUILLARD parce que la même volonté consensuelle d'en sortir par le haut fut appliquée (avec plus de succès grâce à MASSU, BIGEARD et la torture) en ALGÉRIE. Et qu'elle est aujourd'hui au coeur des hésitations pour sortir de l'échec de la force BARKHANE au SAHEL que Libération vient de documenter avec précision dans son édition d'hier. Sans oublier la fuite si récente des américains d'AFGHANISTAN, ce contre-exemple majeur ...
Le grand enfumage
Le démographe Hervé LE BRAS présente dans LE MONDE du 2 février son analyse du vote d'extrême droite dans 7 pays de l'union européenne sous le titre "le grand enfumage", en réplique à l'antienne du "grand remplacement" chère à l'extrême droite. Ce qu'il démontre est précieux : il n'y a aucune corrélation géographique entre la présence d'immigrés et le vote raciste.
4,4% d'immigrés dans l'AISNE et 35,7% de vote pour le F-HAINE alors que dans le 93, 30,6% d'immigrés et 13,6% de votants pour les fascistes. Partout en EUROPE, le vote d'extrême droite est un vote des petites communes et des zones rurales. Ce paradoxe qui fait que ce n'est pas la fréquentation de nombreux immigrés qui induit le vote raciste nécessite de donner une autre explication à cette perversion démocratique. LE BRAS pense qu'elle se trouve dans le mécontentement de certains territoires à l'égard du pouvoir central. D'autres études pointent la crainte du déclassement quand les difficultés économiques s'amoncellent et qu'on craint de "tomber encore plus bas", certains peuvent croire s'en protéger en accablant plus pauvre que soi, celui-là même que l'on ne veut pas devenir.
A propos du "grand remplacement", LE BRAS rappelle qu'aucune projection statistique, même la plus favorable à la thèse fasciste, ne valide un tel scénario. "On est dans un fantasme entretenu par le mépris des statistiques qui est inséparable du populisme pour qui, systématiquement, le cas particulier devient le cas général." Ajoutez-y le biais de confirmation qui fait croire plus volontiers aux informations qui confirment notre idéologie personnelle, et on arrive à admettre un raisonnement chose qui est faux. "Mais pas si faux puisque j'ai vu une femme voilée hier au marché" répondra la petite voix intérieure de celui qui ne lira pas cet article et ne voudra pas remettre en cause sa conviction infondée.
Exterminez toutes ces brutes
Le cinéaste d'origine haïtienne Raoul PECK propose sur arte.tv une fresque historique implacable sur les génocides perpétrés aux Etats-Unis sur les indiens ou en Afrique par les colonisateurs notamment belges et allemands et sur la manière dont leur justification idéologique commune a fondé l'idée d'une suprématie de l'homme blanc qui pouvait de ce fait s'arroger le droit de vie et de mort sur les autres couleurs de peau. L'appropriation de cette vision de la supériorité d'une "race blanche" par les nazis à l'égard des juifs, des tziganes, des handicapés, ne révèle pas pour PECK d'une nature différente. Ce sont les mêmes mécanismes justificatifs de l'autorisation que se donne une élite autoproclamée de disposer de la vie d'autres humains qu'il s'agisse des Sioux désarmés massacrés à Wounded Knee, des Herrero exterminés par l'armée allemande en Afrique au début du 20° siècle, ou de la Shoah. A chaque fois, il faut faire disparaître ceux que l'on ne veut plus voir au nom d'une différence insupportable. Mais cette différence est à chaque fois inventée, montée en épingle, et vise prosaïquement à profiter des ressources détenues par ces autres humains : leur terre, leurs mines, leurs forces de travail. Quelle "différence" dites-moi entre un Hutu et un Tutsie ? Et à SREBRENICA quelle différence inacceptable entre des voisins qui vivaient dans le même village peut expliquer le massacre ?
Ce que montre PECH, c'est ce qu'Hannah Arendt a appelé "la banalité du mal"; la transformation insidieuse d'hommes "normaux" en bourreaux grâce à la manipulation des peurs d'un groupe transformée en crainte des étrangers, puis en extermination de ceux-ci; ce qui assurera immédiatement un monde meilleur. On vit, avec la théorie imbécile du "Grand Remplacement", la même manipulation terrible. Rien ne vient la confirmer sur le plan statistique; mais elle entretient habilement la peur du déclassement que vivent de nombreux français confrontés à une mondialisation qui leur échappe. Et plutôt que de demander une meilleure répartition des richesses aux puissants, il est plus facile de se retourner contre plus fragile que soi. La solidarité demande un effort, celui d'aller vers l'autre et de chercher à le comprendre. L'exécration demande juste de la lâcheté. C'est pour cela que la "bête immonde" ne meurt jamais.
Comment ne pas être écologiste ?
Je me demande régulièrement pour quelle(s) raison(s) l'écologie m'a attiré au point d'en faire l'engagement de toute ma vie. Je ne suis pas un naturaliste, je ne suis pas un biologiste. Les arbres ne me parlent pas. Je ne connais pas les noms des animaux ni leur mode de vie. Je ne trouve pas les champignons et je n'ai pas envie de les chercher. Je mange de la viande avec plaisir. Pour autant le sort des écosystèmes est mon moteur politique.
J'enrage devant les marées noires d'hier et d'aujourd'hui, les accidents nucléaires à répétition, le massacre des zones humides. Je me réjouis à chaque nouvelle passe à poissons réouverte, à chaque nouvelle éolienne, au moratoire sur la pêche de la baleine, ... Pour autant, mon émotion, celle qui fonde l'engagement, est globale, sans doute fondée sur l'idée que je suis redevable à cet écosystème-là.
Que ma qualité d'être humain, tout en haut de la chaîne de l'évolution, me donne (nous donne...) une responsabilité première, incontournable, imprescriptible de le sauvegarder en suivant Hans JONAS et "le principe responsabilité" : Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre.
Dès lors, si l'on accepte cette responsabilité, comment ne pas être écologiste ? Et quelle vie frappée du sceau de l'égoïsme ou du cynisme pourrait être fondée sur un principe d'irresponsabilité à l'égard de l'avenir de la planète ?
L'ami Yves PACCALET, en forme de provocation de la part d'un humaniste, avait publié "L'humanité disparaîtra, bon débarras" mais toute sa vie aura été consacrée à protéger la planète. Le principe d'irresponsabilité nécessite au contraire d'Yves de se cacher derrière les boites d'allumettes que sont l'incompétence, la mauvaise foi, le double langage, les vains refuges des hymnes au progrès... petit exercice : écoutez les candidats aux Présidentielles et classez les entre les deux catégories... L'irresponsabilité a encore de beaux jours devant elle.